L’être humain au soir de sa vie au Bénin : Entre solitude et regret de vivre longtemps

Publié le jeudi 27 octobre 2016

Bien que l’espérance de vie au Bénin soit de 50 ans, il n’est pas rare de voir des personnes de troisième âge dans les maisons surtout à l’intérieur du pays. Ils vivent pour la plupart entre une solitude qui ne dit pas son nom et un regret de vivre longtemps.

« Les moments les plus durs dans la vie d’un être humain sont ceux de la vieillesse » confesse un octogénaire résidant dans la commune de Cotonou. Avec un regret de vivre longtemps, il fait savoir que l’état de vieillesse est caractérisé par la fatigue permanente, la dégénérescence de quelques organes vitaux, la rigidité de la peau. M. Jean, un sage qui n’a pas voulu décliné son nom de famille, explique comment lui vit son état de vieillesse. « J’ai commencé à sentir mon état de vieillesse à l’approche de ma retraite vers l’âge de 50 ans ; je l’ai un peu supporté jusqu’à ce que j’ai eu 60ans et plus », s’est-il confié en poursuivant en ces termes : « bien vrai qu’actuellement j’ai déjà 65 ans mais sans vous mentir difficilement j’arrive à supporter mon état ; mise à part ma santé qui se dégrade de jour en jour ». M. Jean a peur de mourir mais déplore sa solitude. « Je suis très souvent seul chez moi sans aucune compagnie, c’est une solitude que j’avoue peut me tuer », fait-il savoir avec un air de pitié. Mais il se rassure d’une chose : «  je ne mourrai pas sans la volonté de Dieu ». Il se plaint d’être toujours seul dans ses quatre murs qu’il qualifie de cage. Aussi, déplore-t-il, le comportement des jeunes qui se refusent de suivre ses conseils qu’il enseigne à la base de ses expériences.

Solitude ou regret de vivre longtemps

« Tous mes enfants travaillent déjà ; je n’ai plus que mon poste téléviseur comme distraction », confie madame Sèdo Reine, une septuagénaire résidant dans la commune d’Abomey-Calavi en expliquant comment elle se retrouve dans sa solitude peu enviée. Elle reconnaît en train de vivre sa croix de vieillesse. « Quand j’ai la nostalgie de mes moments de jeunesse, je m’attriste de ne pouvoir pas revivre le bon temps avec cette nouvelle génération », dévoile-t- elle en clair son regret de se retrouver réduite à ses nouvelles dimensions de vie. Et de compléter : « je vis une solitude qui ne dit pas son nom». Chacun vit sa solitude selon le sort qui lui est réservé ou selon sa volonté. M. Cossi G., aussi septuagénaire, se croit en train de vivre un calvaire sans précédent. « Ma chère épouse est décédée, mes enfants sont à l’étranger et la domestique fait à sa tête » fait-t-il savoir en avouant que sa domestique est plus qu’invivable. Pour lui, cette dernière ne vient pas dîner avec lui. Mieux, se confesse-t-il, sa domestique ne s’assied pas pour faire débat avec lui sur des questions d’actualités. Quant au sage Donatien résidant dans le 13e arrondissement de la commune de Cotonou, la vieillesse est le pire des moments de vie d’un homme sur terre. Pour lui, parfois, le prisonnier est mieux à l’aise qu’un vieillard. Et d’expliquer : « je me retrouve seul dans ma chambre sans trouver qui me parler bien que mes enfants mettent tout à ma disposition ». Sa solitude est plus qu’un calvaire. Il  préfère ne pas avoir le minimum et être bien entouré à la maison. Si ces personnes du troisième âge vivent un calvaire sans précédent, il y en a d’autres qui vivent mieux leur vie de vieillesse. C’est le cas du Sieur Philipe, agent permanent de l’Etat à la retraite. « Même n’étant plus en fonction et toujours chez moi, mes enfants viennent me rendre visite, très souvent, et passe du bon temps avec moi et leur mère », avoue-t-il en ajoutant que ces moments le réconfortent dans son état de vieillesse.

Serge Vissoh (stag)


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