Fin des travaux de la 4e édition des Journées Béninoises de l’Evaluation : Des propositions qui ouvrent la voie à des changements de qualités
La quatrième édition des Journées Béninoises de l’Evaluation (JBE) a pris fin hier, mercredi 07 septembre 2016. Au terme des travaux, plusieurs recommandations et propositions ont été formulées à l’endroit de l’exécutif et du législatif béninois. Au cours de la cérémonie de clôture de cette 4e édition, le représentant résident du PNUD a salué à juste titre le sérieux qui a caractérisé les travaux en plénière. Aussi, a-t-il invité le gouvernement à mettre à disposition des communes les fonds nécessaires pour la planification des évaluations. Selon le représentant du ministre d’Etat, le directeur général de l’Evaluation, Abdoulaye Gounou, cette quatrième édition qui a réuni au Bénin, la crème de l’évaluation, constitue un message certain et montre l’immensité des défis à relever et l’importance de la mobilisation autour de la fonction évaluative. Pour lui, l’utilité probable d’une évaluation peut être améliorée en prévoyant dès le début la manière dont elle sera utilisée. Ainsi, a-t-il ajouté, la planification des liens entre les processus de prise de décision et le processus évaluatif devra être bien établie tout en sachant pourquoi elle est faite et qui en seront les bénéficiaires. Aux participants, il a fait savoir que l’utilisation de leurs contributions à la présente édition des JBE permettra de mieux affiner les choix du Bénin fondés sur les résultats des évaluations. Ceci dans le but d’asseoir une gouvernance de qualité favorable au développement durable. Pour finir, il a indiqué que les propositions issues des travaux ouvrent la voie à des changements qualitatifs positifs pour l’efficacité de l’action publique au Bénin afin d’espérer changer les conditions de vie des populations.
Communiqué final
La quatrième édition des Journées Béninoises de l’Evaluation s’est déroulée du 05 au 07 septembre 2016, au Palais des Congrès de Cotonou, sous le haut patronage du Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République du Bénin, monsieur Pascal Irénée KOUPAKI.
Cette rencontre à portée internationale s’inscrit désormais dans une tradition car depuis 2010, les Journées Béninoises de l’Evaluation se tiennent de façon biennale et régulière. La communauté évaluative nationale et celle des pays représentés à la présente édition saluent la volonté politique affirmée des autorités béninoises. Elle remercie également tous les Partenaires Techniques et Financiers qui soutiennent le Bénin dans le développement du processus évaluatif. Notamment le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD),TWENDE MBELE, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), la Coopération Allemande (GIZ), l’Initiative Internationale pour l’Evaluation d’Impact (3IE) et le Centre Régional pour l’Apprentissage en Evaluation (CLEAR).
La quatrième édition des JBE a réuni environ 350 participants du Bénin, de l’Afrique et du monde, notamment des praticiens, chercheurs, spécialistes et professionnels de l’évaluation provenant de l’Administration publique, des institutions de la République, des collectivités locales, des universités, des organisations professionnels et des organisations de la société civile. Les participants se réjouissent de la présente effective des experts internationaux venus de l’Afrique du Sud, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Togo, de la France et du Canada.
Comme ce fut le cas des trois dernières éditions, les présentes journées ont démarré par des modules de formations en lien avec le thème central intitulé » utilisation des résultats des évaluations pour changer les conditions de vie des populations ». Ces formations structurées en sept modules ont porté sur :
- La démarche globale de planification d’une évaluation au Bénin structurée en sept modules ;
- L’évaluation des programmes de gouvernance, de démocratie et des droits de l’homme ;
- La théorie du changement en tant que conception de programme et outil d’évaluation : quelques leçons pratiques ;
- L’utilisation de l’évaluation pour la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques ;
- L’évaluation d’impact : généralités et quelques approches innovantes.
Les participants ont apprécié la richesse des informations techniques véhiculées et les perspectives qu’offrent ces dernières en termes de changement à induire dans la pratique évaluative.
La cérémonie d’ouverture a été rehaussée par la présence du ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République, Monsieur Pascal Irénée KOUPAKI, des ministres chargés de la défense, de l’agriculture et de l’enseignement supérieur, du Représentant Résident du PNUD au Bénin et des représentants du corps diplomatique. L’ouverture officielle de la quatrième édition a été précédée d’une communication inaugurale qui a abordé les fondements théoriques voire spirituelles de l’utilisation des résultats de l’évaluation. A partir des exemples de la France et du Bénin, cette communication a montré l’importance et l’apprentissage que revêtent l’utilisation des résultats de l’évaluation pour améliorer les conditions de vie des populations.
Les travaux de la conférence ont consacrés à la présentation des communications suivie de débats. Ces travaux ont été structurés autour de trois tables rondes à savoir :
- Table ronde n°1 : » Planification de l’évaluation » ;
- Table ronde n°2 : » La dissémination et la communication des résultats d’évaluation pour une meilleure utilisation des résultats d’évaluation » ;
- Table ronde n°3 : » Demande et utilisation de l’évaluation pour la prise de décision et l’influence des politiques « .
L’amélioration continue des conditions de vie des populations basée sur l’utilisation des résultats des évaluations dépend en grande partie de la réussite de la planification du processus évaluatif. Dans cette veine, les travaux de la table ronde n°1 ont permis de rappeler deux facteurs déterminants de l’utilisation des résultats issus d’un processus évaluatif à savoir : le leadership du décideur et la bonne gouvernance. De même, pour une meilleure prise en charge des objectifs du Développement Durable (ODD) dans la planification des politiques publiques que de leurs évaluations, il s’avère nécessaire de renforcer quantitativement et qualitativement le système d’information statistique national en vie d’assurer une accessibilité des donnés et une désagrégation de ces dernières au niveau local.
Au niveau des panels de riches et fructueux débats ont été effectués sur les nouveaux paradigmes dans le développement de l’évaluation et l’expérience des pays et organisations dans la planification de l’évaluation. Au sujet des nouveau paradigmes les participants ont été entretenues sur comment prendre en compte l’éthique, l’équité, le genre, les droits de l’homme, l’environnement ainsi que la culture dans un processus évaluatif.
Ainsi les expériences du Bénin, du Niger ainsi que celle des collectivités locales du Bénin, du Burkina-Faso et celle de la Côte-d’Ivoire ont-elles été partagées. Si ces progrès ont été enregistré au niveau des structures nationales du Bénin dans ce domaine il n’en demeure pas moins que la problématique reste encore entière au niveau déconcentré, même si des efforts ont étés déployés par endroit. Au niveau des collectivités locales des autres pays tels que la Côte-d’Ivoire et le Burkina-Faso, le développement de la pratique évaluative est encore au stade embryonnaire. Seuls certains projets financés par les PTF au niveau local sont évalués
La deuxième table ronde a été l’occasion pour les participants d’enrichir les connaissances sur plusieurs innovante de dissémination des résultats d’évaluation. Le choix de ses méthodes multiples et variés en fonction du contexte, du public, visé et des réalités sociales participe à l’atténuation de l’anxiété des acteurs et favorise de ce fait une meilleure utilisation des résultats issus du processus. Les bonnes pratiques en la matière ont étés également partagés notamment les expériences du Bénin, du Togo, de la Côte-d’Ivoire et de l’Afrique du sud.
Par ailleurs les échanges de cette table Ronde ont permis d’identifier des conditions garantissant une meilleur dissémination et communication des résultats. Au nombre de ses conditions il importe de citer:
» l’identification le plus tôt possible de toutes les parties prenantes concernées par le processus évaluatif;
» la présentation réelle des personnes défendant les intérêts desdites parties prenantes ;
» l’obligation de documenter les impacts potentiels de leur participation, d’identifier une bonne stratégie de gestion et de la mettre en œuvre de manière intelligente ;
» la mise en place d’une instance d’évaluation impliquant toutes les parties prenantes et les niveaux politiques, administratifs et technique ;
» le respect par anticipation tout au long du processus évaluatif des critères utilisés lors de méta évaluation
Quand à la table ronde n°3, elle a abordé le rôle des acteurs étatiques et non étatiques dans la demande et l’utilisation des résultats de l’évaluation. Le rôle des acteurs non étatiques peut prendre la forme de plaidoyer, de lobbying ou de reddition de comptes. L’exécutif a pour rôles d’inscrire et de réaliser en fonction du niveau de maturité des actions menées et/ou envisagés. Le législatif, dans sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, peut exiger la réalisation des évaluations pour mieux appréhender ce qui s’est passé afin de mieux circonscrire la matière sur laquelle il doit légiférer.
Toutefois, les résultats desdites évaluations doivent être basés sur des données probantes qui doivent être fiables et avoir une validité interne et externe. Aussi, ces données doivent-elles être vérifiables, indépendantes et objectives.
Les échanges au niveau des panels basés sur les expériences du Bénin, de l’Afrique du Sud, de la Banque africaine de Développement, de 3IE ont permis de s’approprier des forces et faiblesses des pratiques partagées.
Au terme des trois jours d’échanges et de discussions, les participants de la quatrième édition des Journées Béninoises de l’Evaluation saluent les avancés enregistrées sur le continent africain en général et au Bénin en particulier en termes d’enracinement progressif de la pratique et de la culture évaluative. De façon spécifique le Bénin a été félicité pour la mise à disposition d’un guide méthodologique nationale d’évaluation. Le contexte actuel est favorable à l’utilisation de l’évaluation au niveau constitutionnel. Cependant, la conférence déplore que l’élaboration et l’adoption de la loi sur l’évaluation recommandée deux plus tôt lors de la troisième édition n’est pas connue une avancée notable. Cette loi, aux yeux des participants de la quatrième édition doit comporter des dispositions contraignantes pour la réalisation des évaluations notamment au niveau local.
Par ailleurs, les participants ont recommandé de :
- Envisager dans le Fonds d’appui au Développement des Communes (FADEC), une ligne spécifiquement dédiée à l’évaluation ;
- Assurer la formation et la dissémination des acteurs sur le guide méthodologique national d’évaluation ;
- Renforcer le système statistique national et l’articuler au dispositif d’évaluation ;
- Mettre en place un dispositif de dissémination des résultats des évaluations qui prend en compte les méthodes endogènes ;
- Promouvoir l’éthique dans la pratique de l’évaluation.
Fait à Cotonou, le 07 septembre 2016
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