Scrutin présidentiel du 28 février 2016 : La réalité qui rattrape Yayi (Zinsou derrière Tchané, Koupaki, Talon et Ajavon)

Publié le lundi 4 janvier 2016

La nouvelle année semble mal débuter pour Yayi et certains de ses proches qui ne voient plus les choses comme prévu. Le «après nous, c’est nous» d’il y a quelques mois, se trouve être plus porteur de désespoir et de malheur que de bonheur. Ceci, depuis qu’il est question de faire de Lionel Zinsou le porte-étendard des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe). Plus que jamais, Yayi est certain que le jeu restera très serré entre les potentiels candidats à savoir, Abdoulaye Bio Tchané, Pascal Irénée Koupaki, Patrice Talon, Sébastien Ajavon et Lionel Zinsou. Une liste sur laquelle son cheval semble occuper la dernière place.

Des moments d’insomnie pour le camp Yayi. Telle est aujourd’hui la réalité au sein de la famille «cauris» plus divisée que jamais. On commence sérieusement à douter. C’est évident qu’après la désignation de Lionel Zinsou, certains ont dit «oui, c’est bon» à Yayi, pour finalement faire le contraire en sourdine. Yayi a été informé le samedi dernier déjà qu’il y a des mains «cauris» invisibles dans la décision prise par Gbadamassi. Vrai ou faux ? Cela reste à prouver. Toujours est-il que les gens donnent effectivement l’impression d’être avec Lionel Zinsou sans véritablement l’être. On comprend pourquoi cette inquiétude subite qui gagne les cœurs. La conséquence est que le tableau politique aujourd’hui rattrape Yayi, même en tant que premier supporteur du candidat Lionel Zinsou. Cette même réalité l’oblige dorénavant à avoir un autre regard sur les quatre autres candidats.

A commencer par Patrice Talon. Pour Yayi, c’est tout sauf celui-là. Mais il y a qu’au finish, c’est Dieu qui donne le pouvoir. Yayi même l’a dit et redit. Patrice Talon, malgré tout le harcèlement et toute la campagne de dénigrement dont il fait l’objet, garde toutes ses chances. Si non, il a plus de chance que Lionel Zinsou dans cette aventure. C’est pourquoi beaucoup se demandent si l’homme ne dispose pas encore d’autres tours dans son sac. Ses sorties presque mesurées laissent croire qu’il n’a pas encore déployé le turbo. En tout cas, il est celui qui connait le mieux la classe politique béninoise. Raison pour laquelle Yayi le craint fortement. Patrice Talon au second tour ne sera donc pas une surprise.

Idem pour Pascal Irénée Koupaki qui risque d’être la surprise du rendez-vous du 28 février 2016. Certains ne cachent plus qu’il est le plus indiqué si l’on veut réellement du développement de notre pays. Son silence, son calme lui ont fait gagner beaucoup d’admirateurs qui pensent qu’avec lui, on peut espérer du bon. Plus intéressant, qu’il ne soit pas le candidat de Yayi le crédibilise davantage et constitue la preuve de ce qu’il n’est ni de loin, ni de près concerné par les scandales de l’ère Yayi. Pascal Irénée Koupaki au second tour, c’est aussi une évidence.

Qu’en est-il de Abdoulaye Bio Tchané ? Depuis qu’il est question de Lionel Zinsou comme candidat des Fcbe, Bio Tchané ne cesse de gagner du terrain, surtout dans le nord du Bénin. Certains le voient même déjà au second tour, encore que les agissements de Yayi sont en train de lui baliser le boulevard. Toujours est-il que Tchané dispose de chances énormes de rester désormais le leader politique au nord du pays. Une percée au sud et le second tour sera possible.

Sébastien Ajavon. Il semble être aujourd’hui celui qui a le vent en poupe, surtout avec la dernière adhésion qui a fait paniquer le gouvernement. Pour les observateurs avertis, il ne s’agit là que de la force de l’argent qui peut du jour au lendemain le faire changer. Et puisque nous n’en sommes pas encore là, pour le moment, Ajavon manage bien. Ce qui suscite d’ailleurs inquiétude du côté de Yayi. Pris au départ comme le candidat de ce dernier, Yayi a compris aujourd’hui que l’homme lui a totalement échappé. Au contraire, il a réussi à ramener dans son camp et dans l’ombre, beaucoup de leaders «cauris». Ajavon au second tour, plus personne n’en doute.

Enfin, Lionel Zinsou. C’est le candidat de l’incertitude. Si Yayi l’avait amené il y a deux ans au gouvernement, le temps aurait peut-être permis de corriger certaines choses. Malheureusement pour lui, Lionel Zinsou apparait aujourd’hui comme un candidat importé et imposé. Les Béninois dans leur majorité semblent ne pas vouloir du tout de lui. D’où les commentaires désobligeants à son égard. On annonce qu’il aura le soutien du Parti du renouveau démocratique (Prd) et de la Renaissance du Bénin (Rb). Là encore, le ver est dans le fruit. Pour le premier (le Prd), ce choix fera voler en éclats le parti et, Houngbédji en est conscient. Pour ce qui est du second, c’est-à-dire de la Rb, nonobstant les crises internes qui secouent le parti, il s’agira de chanter le requiem d’une Rb qui a longuement résisté à un quelconque arrimage. L’obstacle de Lionel Zinsou pour le second tour reste donc Yayi. Très peu de chance alors. Toutes ces réalités compliquent à n’en point douter la situation du candidat de Yayi. Au point où il est de plus en plus question que ce dernier revoie sa copie, au risque de voir les choses lui échapper définitivement.

Grégoire Amangbégnon


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