Tigri : un tigre en grille

Publié le lundi 4 janvier 2016

L’opinion a assisté, stupéfaite, à un communiqué lu à la télévision du service public portant la signature du secrétaire général du gouvernement, M. Alassane Tigri.   Il s’agit ni plus, ni moins d’une humeur gouvernementale suite à la déclaration du député Rachidi Gbadamassi démontrant le « risque que court le Bénin en balançant à la tête de l’Etat le franco-béninois, Lionel Zinsou ». Le gouvernement a utilisé des mots qu’on n’enseigne pas à l’école mais dans la rue pour répondre au parlementaire Rachidi Gbadamassi, élu Fcbe et président du Dur Barka. Le communiqué du gouvernement tout aussi injurieux que cousu de charabia interpelle la conscience du commis de l’Etat Alassane Tigri (1) et prouve que le gouvernement panique (2).

 1- La conscience du commis Alassane Tigri

Si Alassane Tigri est un récidiviste, il n’en demeure pas moins qu’il est spécialiste du domaine de la science administrative. Dans quel cours de technique administrative, il lui a été enseigné de rédiger un communiqué public en qualifiant un élu du peuple de « bassesse d’esprit », et de « bêtise humaine » ? C’est plutôt le gouvernement qui n’éduque pas notre jeunesse et notre peuple. On se souviendra avec émoi de ce communiqué tribaliste qualifiant des présumés coupables de délits divers par leur origine ethnique. Ce qui est en cause, ce sont les mots employés par le haut fonctionnaire de l’Etat, Alassane Tigri, pour faire plaisir au chef du gouvernement. C’est une faute professionnelle. De mémoire d’Administrateur Civil, jamais on n’a eu un communiqué de si triste facture aussi bien sur le style que sur la forme. Gloire immortelle à Ambroise Lalèyè (2004-2006), Lambert Idjidina (1990-2004), Godfried Johnson (1985-1990), Cyrille Adissoda (1983-1985), Valère Houéto (1976-1983) , Pierre Amoussou (1973-1976), Germain Adjanonhoun (1970-1973), Léon Bokpè (1966-1970), Spéro Stanilas Adotévi (1965-1966), Maurice Ahanhanzo-Glèlè (1963-1965), Bertrand Dagnon (1961-1963), Robert Conso (1959-1961). Tout se passe comme si M. Alassane Tigri n’a pas consulté les archives des communiqués de crise de ses prédécesseurs. Là encore, c’est une double faute.

2-  Une humeur de panique

Le gouvernement panique. En effet, la perte de ce lieutenant nommé « Gbada » est un problème. En relayant les inquiétudes du bas peuple, Rachidi Gbadamassi a donné une nouvelle dimension pour la campagne électorale. Il vient de lui donner une allure référendaire. C’est-à-dire il invite le Général de Gaulle dans un débat purement dahoméen. Faut-il que le peuple opte pour l’indépendance ou la dépendance vis-à-vis de la France ? Venant d’un élu de la majorité, on imagine l’embarras du Président de la République face aux interrogations des chancelleries. La crédibilité du gouvernement est mise aussi en berne. En effet, à Tchaourou, village natal du Président de la République, l’ex député Fcbe Chabi Sika boude. Son courant est majoritaire au conseil communal. Symboliquement, le Président Boni Yayi est peiné de ne pas pouvoir rallier tout le conseil à la cause du franco-béninois. En conséquence, l’injure refait surface. C’est un signe de faiblesse et d’usure.

Herbert-Tauyé Houngnibo


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