Recrutement de 502 agents des douanes / Voici comment le Sydob a été floué
Le dernier concours de recrutement organisé par le ministère de la fonction publique au profit de l’administration douanière continue de susciter des réactions. Hier jeudi 15 octobre 2015, le Syndicat des douanes du Bénin (Sydob) par l’intermédiaire de son Secrétaire général Marcellin Laourou est monté au créneau pour dénoncer le caractère illégal de ce recrutement.
Entouré pour la circonstance de Fawaz Deen Baboni, Chargé de la communication du Sydob et de l’Inspecteur des douanes Gabriel Kpatènon, Trésorier général du Sydob, M. Marcellin Laourou a, dans un long développement démontré comment le gouvernement a abusé de la confiance de son syndicat. Pour lui, ce concours grâce auquel 30 inspecteurs des douanes, 35 contrôleurs des douanes et 437 préposés des douanes ont été recrutés viole plusieurs dispositions de la nouvelle loi portant statut des forces de sécurités publiques et assimilées du Bénin votée en avril 2015. Il s’agit entre autres, des articles 167, 171, 174 et suivants de ladite loi.
« L’objectif de notre sortie médiatique n’est pas de demander l’annulation du concours qui a permis de recruter illégalement 502 agents au profit de l’administration douanière. Si nous avons choisi de vous rencontrer, c’est à juste titre. Dans le processus qui a conduit à l’organisation de ce conduit, il est à noter que le gouvernement du Dr Boni Yayi n’a pas joué un jeu franc avec le Sydob », a dit Marcellin Laourou qui a rappelé les nombreuses démarches qui ont été menées par son syndicat pour faire toucher du doigt le danger qui guette ceux qui seront recrutés si la nouvelle loi portant statut des forces de sécurité et assimilées est violée comme l’a fait le ministre en charge de la fonction publique. Au nombre de ces démarches, il y a eu en effet la rencontre entre le Sydob et la Direction des douanes et droits indirects et le Ministre d’Etat chargé de l’économie, des finances et des programmes de dénationalisation. A l’issue de cette réunion, il a été décidé de mettre sur pied un comité dirigé par le Directeur des ressources humaines dudit ministère et composé d’un membre du Sydob et de la Dgdi afin de rencontrer les cadres du ministère en charge de la fonction publique pour revoir les nouvelles dimensions du recrutement à cause des réformes engagées par le gouvernement et le vote imminent de la loi portant statut particulier des forces de sécurité et assimilées du Bénin.
« Malgré les instructions du ministre, le comité n’a pu jusqu’à ce jour produire un rapport », a révélé M. Laourou qui ne s’explique pas comment dans un contexte où on parle de dématérialisation, le gouvernement s’engage à recruter autant d’agents au profit de la douane. Selon les révélations qui ont été faites par le Secrétaire général du Sydob, ce recrutement de 502 agents de la douane intervient au moment où il n’y a aucun départ à la retraite alors que les principes arrêtés par le Fmi et la Banque Mondiale veulent que pour un recrutement à la fonction publique il y ait trois départs à la retraite. « Au-delà du non respect de ce principe, le recrutement des 502 nouveaux agents des douanes pèche par le fait que le Sydob n’a pas été associé au processus comme cela est prescrit par la loi », a dit Marcellin Laourou qui plaint déjà le cas des 437 préposés qui seront enrôlés et formés au rabais pour être licenciés in fine comme ce fut le cas en 1988 où les Institutions de Bretton Woods ont poussé le régime Kérékou à faire des licenciements forcés ou ciblés.
Une question s’impose aujourd’hui. Où est-ce que ces 502 agents seront formés ? A l’école nationale des douanes de Porto-Novo qui éprouve déjà des difficultés à accueillir au-delà de 100 stagiaires et où le nombre d’instructeur est limité ? C’est en tout cas la question que s’est posée Marcellin Laourou qui se demande l’objectif visé par un concours qui ne tient pas compte des besoins réels de l’administration douanière.
La mauvaise foi de Yayi dénoncée
Le 21 juin 2015 lors de la mise en service de la structure chargée du pré-dédouanement au Port autonome de Cotonou, le Président Boni Yayi avait salué les lumineuses observations faites par le Sydob au sujet de ce fameux concours. Il a donné raison à Marcellin Laourou et ses syndiqués. Après avoir écouté le Chef de l’Etat sur ses propos, les responsables du Sydob avaient cru en la bonne foi du Chef de l’Etat qui s’est engagé à faire organiser le concours du recrutement des agents de la douane en fonction des besoins réels de l’administration de la douane dans un contexte où il est question de la dématérialisation des documents des opérations de dédouanement et de profondes réformes engagées avec à la clé la fusion de la douane avec l’administration fiscal conformément aux Accords de coopération économique Acp-UE qui rentreront en vigueur sous peu. Mais hélas ! Aujourd’hui, ils ont été mis devant le fait accompli malgré la rencontre avec le ministre de la fonction publique le 6 juillet 2015. Le concours de recrutement des 502 nouveaux agents de la douane a été fait sans que les recommandations issues du comité technique mis en place pour harmoniser les points aient été prises en compte. C’est la conclusion qu’on peut tirer. Le vin est tiré. Il faut bien le boire. Le Sydob réuni en Assemblée générale le 14 octobre 2015 pour analyser la situation a pris acte du marché de dupe du gouvernement. Il a aussi pris l’opinion publique nationale et internationale à témoin du tel marché de dupe. Profitant de l’occasion qui lui a été offerte, il appelle le gouvernement à assumer la conséquence fâcheuse de cette duperie. Le dialogue n’est pas rompu. Le Sydob affirme d’ailleurs sa disponibilité à dialoguer avec le gouvernement pour trouver une issue favorable à cette situation d’enlisement créée de toute pièce. Pour l’heure, le Syndicat des douanes du Bénin dirigé par M. Marcellin Laourou se réserve le droit d’user de tous les moyens pour la satisfaction de ses doléances et rend le gouvernement responsable des déconvenues qui découleraient de cette situation.
Affissou Anonrin
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