Tentative d’arrestation arbitraire de Azannaï : «Yayi joue avec le feu, il est paniqué» selon Nicéphore Soglo
Nicéphore Dieudonné Soglo a été l’une des premières personnalités politiques à se rendre, hier lundi 04 avril 2015, au domicile de l’honorable Candide Azannaï encerclé par les forces de l’ordre. Il décrit ici ce qu’il a personnellement vécu et retient que finalement, le Chef de l’Etat, Boni Yayi, joue avec le feu et la démocratie béninoise.
C’est un président Nicéphore Dieudonné Soglo complètement déçu du chef de l’Etat que nous avons eu dans la soirée d’hier au téléphone. Lui, le Président-maire qui a vécu personnellement les premières tentatives des forces de l’ordre d’intégrer le domicile de l’honorable Candide Azannaï. En effet, en sa qualité de maire de la ville de Cotonou, nous a-t-il confié, l’ancien président de la République s’est rendu au domicile de l’honorable Azannaï lorsqu’il a appris ce qui arrivait à ce dernier. «Quelle idée d’aller arrêter un élu de la Nation ? Ça n’a aucun sens ! Heureusement que je suis descendu sur les lieux. Les forces de l’ordre voulaient donner l’assaut. Je crois que Boni Yayi joue son va-tout. Il est aux abois. Il a voulu intimider la classe politique. Yayi joue avec le feu. Il est paniqué. On ne peut pas prendre tout un pays en otage…», nous a déclaré le président Nicéphore Dieudonné Soglo qui pense maintenant que le Chef de l’Etat a le choix entre trois portes de sortie.
Décrivant la situation extrêmement grave, le président Soglo trouve que Yayi a le choix entre partir à la fin de son mandat dans la paix comme son ami Jonathan Goodluck battu aux dernières élections présidentielles au Nigéria ; ou bien partir comme Blaise Compaoré chassé du pouvoir par son peuple ou alors décider de combattre et perdre la bataille comme Mouammar Kadhafi. Il faut souligner que selon nos informations, ce sont les avocats du chef de l’Etat qui ont porté plainte contre l’honorable Candide Azannaï pour injures au premier magistrat. Il est attendu ce jour devant le Procureur de la République.
Bohicon en ébullition hier pour soutenir Azannaï
Comme une traînée de poudre et de bouche à oreille la nouvelle relative à la tentative d’arrestation de l’honorable Candide Azannaï est parvenue aux militants et autres sympathisants du député dans la ville de Bohicon. Aussitôt, une très grande mobilisation a été faite par le coordonnateur départemental du parti « Restaurer l’Espoir », Thierry Quenum et les membres de son bureau.
Comme à Cotonou et de façon spontanée ils étaient nombreux les militants et autres amis et sympathisants de l’honorable Azannaï à répondre à l’appel du coordonnateur. Regroupés au centre des jeunes et loisirs de la ville avec des branchages en mains, les militants ont démarré leur marche avec des slogans hostiles au gouvernement. « Yayi héélouéé ! Laisse-nous notre Candide ! Yayi héélouéé ! Laisse-nous notre Candide », scandaient les marcheurs en fon la langue du milieu .Très déterminée et enthousiasmée, la foule composée de toutes les couches socioprofessionnelles grossissait et prenait surtout du volume avec les femmes du marché au fur et à mesure qu’elle avançait vers l’hôtel de ville ou attendait un détachement de forces de l’ordre. Les militants disent ne pas comprendre la fougue du président Boni Yayi en fin de mandat et dont les jours sont désormais comptés de s’en prendre à celui par qui la démocratie béninoise tient encore débout. « Ce vaillant homme qui a lutté lors des législatives dernières à Cotonou et qui a battu K.O. les candidats Fcbe est en train d’être pourchassé par Yayi qui avait pourtant dit qu’il ne ferait du mal, même pas à une mouche avant son départ du pouvoir. Seulement, il doit supporter et savoir que son K.O était nul « , a laissé entendre Jean V. un conducteur de taxi moto. La foule en ébullition au portail de la mairie a été finalement reçue par le maire Luc Atrokpo et son deuxième adjoint, Isidore Agnou-Basso, tous accompagnés du secrétaire général Josué Mèhou. Dans la cour de la mairie, les manifestants ont dénoncé les velléités du chef de l’Etat qui, à la fin de son mandat, lance des tentatives d’arrestation tous azimuts de certaines personnalités ciblées : les cas Dakpè Sossou, maire de Lokossa , de Mme Aholou Kèkè, ont été mis en exergue par Thierry Quenum qui, à chaque fois était fortement applaudi par la foule mécontente des actes que pose le chef de l’Etat ces derniers moments .C’est un régime agonisant et nous devons rester vigilants, a laissé entendre Siméon A. un enseignant qui au passage a loué le courage de l’honorable qui affronte de façon frontale le régime depuis plusieurs mois. Les autorités communales ont écouté attentivement le message des responsables du parti » Restaurer l’Espoir » et ont promis rendre compte fidèlement à qui de droit. Elles ont surtout loué le pacifisme des militants. Après la lecture de la motion, la foule s’est dispersée dans le calme.
Claudine Prudencio condamne la « provocation » du gouvernement
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Informée depuis ce matin de la tentative d’arrestation de l’honorable Candide Azannaï par les éléments de la Garde républicaine, je viens ici condamner avec la plus grande énergie cette nouvelle provocation du gouvernement du président Boni Yayi. N’ayant pu me rendre sur les lieux en personne, je voudrais apporter tout de même un soutien sans faille et sans équivoque à mon collègue et allié, ainsi qu’à toutes les personnalités et personnes qui ont démontré par leur prompte présence sur les lieux, leur attachement à notre démocratie.
Il nous appartient à tous, quel que soit notre position, notre rang, notre statut de nous opposer à l’absurde dont voici encore une des pires manifestations. Cette aventure malheureuse à laquelle le pouvoir utilise les forces de défense et de sécurité n’honore pas notre pays et risque même de nous coûter cher.
J’appelle néanmoins chacun à éviter les accès de violence. C’est par une résistance pacifique que nous l’emporterons sur l’arbitraire que l’on veut instaurer dans notre pays.
Liberté pour Candide Azannaï !
Vive la l’Union fait la Nation.
Vive le Bénin.
Hon. Claudine Afiavi Prudencio.
Adrien Houngbédji condamne l’attitude des forces de l’ordre
La tentative d’arrestation arbitraire dont a été victime l’honorable Candide Azannaï a suscité de vives réactions auprès des citoyens et de certaines autorités. Ils qualifient cette arrestation d’illégale et d’arbitraire. Me Adrien Houngbédji condamne vivement cet acte.
« Il semblerait que les forces de l’ordre se seraient rendues au domicile de Azannaï pour lui notifier une convocation suite aux plaintes qui aurait été déposées par les avocats du Chef de l’Etat, pour injure publique ou offense. J’avoue que lorsque j’ai obtenu ces précisions, j’ai été encore plus écœuré. Car si les propos de campagnes devraient être pris en compte pour appréhender un adversaire, je crois qu’il y aurait beaucoup de personnes qui seraient appréhendées. Moi je condamne fermement ce qui s’est passé. On ne peut violer de cette façon l’immunité d’un parlementaire. Je souhaite que la paix et le calme soient rétablis. Nous sommes encore dans une situation de tension. Nous sommes à peine sortis des élections législatives avec des résultats qui ont été donnés il y a 24 heures par la Cour constitutionnelle. Qu’on le veuille ou non, ces élections engendrent la joie dans certains foyers mais également la frustration dans d’autres. Nous sommes aussi à mi-chemin des élections municipales, communales et locales, et donc dans une période de tension dans tous le pays. Ces situations donc interpellent nos autorités et également les populations afin que le Bénin continue dans sa voie de la démocratie et d’Etat de droit. Quant à mon collègue Candide Azannaï, je pense qu’il en a vu d’autres dans son existence. J’en appelle donc à la sérénité »
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