Présidentielle du 6 mars 2016 : Le festival des affiches bat son plein : des mairies démissionnaires

Publié le dimanche 21 février 2016

Aussitôt lancée le vendredi 19 février 2016 à zéro heure, la campagne pour la présidentielle du 6 mars 2016 a pris sa vitesse de croisière. Tous les 34 candidats en lice et pas un seul n’a raté l’occasion ainsi offerte par le législateur pour aller à l’assaut des électeurs. Ceci, de diverses manières.

Tout se côtoie. Couleurs, messages, arrogance matérielle, modestie…et que sais-je encore sont au rendez-vous. Dans les rues et au niveau de certains grands carrefours de Cotonou, de Parakou, de Lokossa, de Natitingou, de Porto-Novo, de Parakou comme d’Abomey, c’est le festival des affiches à l’effigie des protagonistes à la course au Palais de la Marina dont le 1er tour aura lieu le 6 mars 2016. Les grosses sociétés de publicité et de marketing qui ont pion sur rue à Cotonou dans certaines grandes villes du Bénin sont mises à contribution. Pour ces sociétés, c’est la période de vache grasse. Des candidats ne s’en plaignent pas. Chacun y va selon ses moyens. Mais pas toujours dans le respect de la loi. A Cotonou, Abdoulaye Bio Tchané, Patrice Talon, Pascal Koupaki, Sébastien Ajavon, Aké Natondé et dans une certaine mesure Lionel Zinsou ont sorti la grosse artillerie. Leurs affiches et autres bâches déployés un peu partout n’échappent à aucun regard. Ce déploiement d’arrogance matérielle ne laisse malheureusement aucune chance aux petits poucets de la course qui sont bien obligés de se contenter des espaces encore disponibles pour poser quelques affichettes dont la survie dépend souvent du sort que leur réservent des badauds dressés pour saccager. Dans ce grand festival des affiches où les plus forts dominent les plus faibles, la loi n’a aucun sens. Sur notre parcours hier de Porto-Novo à Cotonou, plusieurs affiches de candidats à la présidentielle du 6 mars 2016 ont été vandalisées. A Porto-Novo, des badauds s’en sont pris aux affiches du candidat Natondé. A Cotonou, c’est l’impressionnante bâche déployée à Vèdoko par la Direction de campagne de Patrice Talon qui a été la cible des hors-la-loi. Tous ces actes déplorables ont un seul point commun : la démission des maires. En effet, il est à remarquer que les prérogatives conférées aux maires par la loi ont malheureusement foutu le camp. Selon les dispositions de l’article 50 de la loi 2013-06 du 25 novembre 2013 portant Code électoral en République du Bénin, il est clairement dit ceci : «  Pendant la période électorale, dans chaque commune, le maire en accord avec la Commission électorale nationale autonome (CENA), indique par arrêté : les lieux exclusivement destinés à recevoir les affiches et les lois se rapportant aux élections ; les emplacements spéciaux réservés pour l’apposition des affiches électorales.

Tout affichage relatif à l’élection, est interdit en dehors de ces emplacements spéciaux.

Il est également interdit à chaque candidat de procéder à un affichage dans l’emplacement attribué aux autres candidats ». Comme pour renforcer le pouvoir des maires en période électorale, l’article 51 dispose à son tour que «  Dans chacun de ses emplacements, une surface égale est attribuée à chaque candidat ou liste de candidats dans l’ordre d’arrivée des demandes. Les demandes doivent être adressées par les candidats, les partis politiques ou alliances de partis politiques aux maires de la commune au plus tard soixante douze (72) heures avant l’ouverture de la campagne électorale ». Combien de maires ont mis en œuvre ces dispositions de la loi ? Il n’y en a pas. Cela ne devrait pas nous étonner. Chaque maire a son candidat. C’est la triche en toute conscience.

Affissou Anonrin


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