Lutte contre le sida au Bénin : Encore des défis à relever dans le public pour l’Élimination de la transmission Mère/Enfant
Le Bénin est en tête sur les indicateurs de la Prévention de la Transmission Mère/Enfant du VIH (PTME) d’après les enquêtes. Cependant, des faiblesses et défis restent à relever sur le terrain pour l’atteinte de l’objectif de réduction à 5% de la transmission du VIH de la Mère à l’Enfant, voire de son élimination que notre pays s’est fixé à l’international et à travers le Plan stratégique national de lutte contre les IST/VIH/Sida 2012-2016. Dans plusieurs centres de santé publique, les difficultés observées dans la mise en œuvre de ce protocole dans les départements de l’Atlantique et du Littoral sont énormes. Une situation qui entrave l’efficacité du Fonds Mondial qui finance à plus de 75%, la PTME au Bénin.
Plusieurs aspects de la gestion de la Prévention de la Transmission du VIH de la Mère à l’Enfant (PTME) dans les centres de santé publique des départements de l’Atlantique et du Littoral méritent des améliorations. La PTME qui se fait au Bénin est parsemée d’embûches. D’après les médiateurs et les personnes vivant avec le VIH Sida écoutés, bien que le Bénin occupe la première place dans la sous-région en matière de prise en charge de la mère séropositive et de son enfant, quelques tares sont observées au regard des exigences du financement du Fonds mondial. La liste des difficultés est très longue et varie d’un centre de santé publique à un autre. La rupture prolongée et inquiétante des ARV et des Kits de dépistage constituent le problème commun des centres de santé publique de Cotonou, Tori et d’Abomey-Calavi dans les départements de l’Atlantique et du Littoral. La PTME, l’une des priorités du Cadre Stratégique National de lutte contre le Sida de 2012-2016, prend en compte les 4 composantes telles que définies par les Nations Unies : la prévention primaire, la prévention des grossesses non désirées chez les femmes vivant avec le VIH, la prévention de l’infection des mères infectées à leurs enfants et les soins, le traitement et soutien aux femmes vivant avec le VIH, leurs enfants et leur famille. L’accompagnement matériel qui, en principe, devrait suivre toutes les étapes de cette prévention dans les centres de santé fait toujours défaut, se plaignent les sages-femmes et les médiateurs. Dans les centres de référence, qui sont censés avoir tout pour la mise en œuvre du protocole, d’énormes faiblesses s’observent. A l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant (Homel) par exemple, il n’y a plus de test rapide pour le dépistage des femmes en travail référées dans ce centre depuis plus d’un an. La solution Chlorhexidine utilisée pour badigeonner les enfants nés des mères séropositives est en rupture depuis deux ans environs. En lieu et place de cette solution, une autre appelée « Cytéal » est prescrite aux parents. « Parfois les parents disparaissent avec l’ordonnance. Et bienvenue au danger », ont laissé entendre certains agents. A la Clinique Universitaire de Gynécologie et d’obstétrique (Cugo) du CNHU, depuis septembre 2014, il n’y a plus de réactifs sur le site pour dépister les femmes enceintes qui sont obligées d’aller au Laboratoire. Or si le stock de réactif est disponible sur les sites, cela facilite le travail, ont expliqué les médiateurs. A la Pédiatrie du CNHU, c’est un véritable casse-tête pour les mamans séropositives de faire consulter leurs enfants par semestre. Car il faut d’abord débourser 5000 F CFA par consultation. Ce qui fait que bon nombre de mères séropositives démunies abandonne le suivi régulier des enfants jusqu’à un certain âge.
L’inconscience des femmes !
Outres ces difficultés essentiellement matérielles, bon nombre de femmes enceintes vivant avec le Vih/Sida n’aiment pas faire savoir leur état sérologique une fois admise à la maternité. Ce qui porte entorse au protocole. Pour les médiatrices des centres de santé publique d’Abomey-Calavi, de Sô-Ava, de Tori et même du Cnhu, plusieurs enfants naissent infectés par le Vih Sida par inconscience de leurs mamans qui choisissent de ne pas déclarer leur état sérologique. Or si elles le faisaient, elles seraient automatiquement mises sous le protocole. Pour les acteurs intervenants dans la mise en œuvre du protocole comme les agents de santé et les médiateurs, il est temps que les femmes prennent conscience et aient le courage de déclarer leur état sérologique
Insuffisance des agents formés !
D’après les agents de santé formés dans la mise en œuvre du protocole, les sages-femmes contactées dans les zones sanitaires de l’Atlantique/Littoral, l’autre difficulté qui constitue un handicap à l’efficacité du Fonds Mondial dans la PTME au Bénin est l’effectif insuffisant des agents formés. Les femmes infectées estiment que le nombre d’agents formés doit accroitre pour le bien de la population béninoise afin que l’atteinte de l’objectif de réduction à 5% de la transmission du VIH de la Mère à l’Enfant, voire de son élimination que le Bénin s’est fixé soit réalité.
Victorin Fassinou (avec la Collaboration de Ceradis-Ong)
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