Affaire de détournement des fonds du Programme pluriannuel d’appui au secteur eau et assainissement : Des Béninois se prononcent sur les milliards détournés

Publié le lundi 25 mai 2015

Au sujet du désormais fumant dossier des quatre (4) millions d’euros des Pays-Bas destinés à l’exécution du Programme pluriannuel d’appui au secteur eau et assainissement (Ppea-ll), les populations ont grogné dans ce 1er numéro de La rubrique «Opinion du peuple». Une rubrique hebdomadaire qui donnera la parole au peuple sur un sujet d’actualité.

Goudali Brice, Comptable : « Est-ce la conversion des quatre (4) millions d’euros qui devient quatre (4) milliards en franc Cfa ? Je n’en sais rien. Moi, je m’en tiens en termes de notre unité monétaire. Ces fonds sont destinés à l’accès à l’eau et à l’assainissement dans notre pays, aux populations les plus démunies, les personnes qui résident dans nos villages et campagnes. Alors dans ce sens, je me dis que ce serait un crime, un crime parce que le Bénin, notre pays, nul n’ignore que c’est un pays pauvre, et comme nous avons la chance de bénéficier de cet appui pour améliorer notre condition de santé, améliorer les conditions de vie de nos populations, et des dirigeants mal intentionnés, des cadres qui sont avides de l’argent, empêchent l’évolution de ces populations. Moi, je dis que c’est un crime, et il faut sanctionner avec la dernière rigueur. Mais dans ce dossier, nous avons des noms. Il y a des autorités qui aujourd’hui se cachent sous l’immunité parlementaire. Selon les informations qui nous parviennent aujourd’hui, ce sont les innocents qui sont en train d’être prises dans la maille de la police. Moi, je propose que l’affaire aille jusqu’au bout, et que la justice fasse véritablement son travail, qu’elle s’intéresse aux différentes autorités mises en cause pour le triomphe de la vérité. Le peuple béninois grugé, doit rentrer en possession de ses droits. Egalement nous avons besoin de reprendre nos relations avec la Hollande. Parce qu’un pays qui donne quatre milliards, c’est un grand partenaire et nous devons vite rétablir notre crédibilité auprès de ces partenaires pour renforcer la confiance des Pays-Bas. Il va falloir que le Président de la République, Boni Yayi, organise rapidement un audit et qu’il nous donne une suite dans les meilleurs délais».

 Mme Adognibo Accrombessi Corine, Infirmière d’Etat:« Il y a trop de détournement dans ce pays. Le président Boni Yayi était inconnu de l’environnement politique. Il n’appartenait même pas à un parti politique. Lors de la Conférence des forces vivent de la Nation, il était où ? Vous ne voyez pas qu’aujourd’hui Mme Rosine Vieyra Soglo a raison ? Le peuple souffre trop.  En 2006 et 2013, pourquoi  il n’a pas parlé de la révision de la constitution ? Déjà en 2005 on disait «touche pas à ma constitution». Et voilà qu’il y a des détournements par-ci et par-là. Que cette affaire des quatre (4) millions d’euros soit poursuivie et que les coupables soient arrêtés ».

 Franck Kpotchémey, Journaliste : «Les Pays-Bas ont émis quelques réserves par rapport à la manière dont l’aide a été gérée. Mais précisément, les Pays-Bas ont posé des conditions. Lesquelles conditions seront nécessairement particulières avant toute poursuite de la coopération bilatérale, sans oublier que le départ des Hollandais pourrait mettre en équité la coopération Suisse-Bénin et l’Union européenne. Les conditions, sont entre autres            : le Bénin doit prendre des sanctions politiques ; le Bénin doit pouvoir mettre un cabinet d’audit international en place à ces propres frais pour pouvoir faire la contre expertise ; il est également demandé des poursuites judiciaires contre tous les auteurs de la gabegie. Ce sont des conditions que le Bénin doit pouvoir remplir. Et le Bénin a jusqu’à la date du 1er août, qui correspond à la date de la fête nationale, pour satisfaire à ces quatre conditions au risque de voir partir un des grands partenaires. En matière de l’eau et d’assainissement, ils sont des premiers partenaires pour le Bénin, et en matière de coopération bilatérale, ils sont en quatrième  position. Donc il est important que l’Etat béninois donne la preuve, montre sa bonne foi. Je crois savoir aussi que le Bénin a commencé par donner une bonne suite aux conditions posées par la coopération Hollandaise, et c’est ça qui a justifier déjà le départ du Ministre de tutelle en charge de l’énergie, Barthélémy Kassa, qui a été contraint de déposer sa démission. Ça c’est déjà la sanction réclamée par les Néerlandais. Il faut que le Bénin se mette également sur l’autre position qui est très important à savoir,  la poursuite devant la justice des coupables et que le cabinet puisse d’abord donner les résultats avant que le Bénin ne s’engage. En attendant les résultats de cet audit international, il y a déjà certains responsables du projet qui ont été déjà interpellés par la Brigade économique et financière (Bef). Je dois aussi préciser que ce n’est pas pour la première fois que ces actes se posent dans le pays. Et si les Néerlandais ont été obligés de sortir de leur réserve pour s’afficher, c’est pour  montrer la voie au gouvernement qui prêche, à tout moment sa lutte contre la corruption. Conclusion, ce sont des actes qui ne permettent pas le développement du pays. La preuve, c’est que tous les deux mandats de Yayi Boni comportent des scandales ».

 Fatima Yérima, Secrétaire : « Par rapport à ce sujet, je ne sais pas si l’information est vérifiée. Parce qu’au moment où nous, citoyens sommes en train de réagir, moi personnellement, je n’ai aucune preuve. Donc si ceux qui réagissent ont des preuves, ils peuvent les présenter à la presse pour montrer qu’effectivement ces fonds ont été détournés. Et jusque là rien n’est clair. Si l’argent a été dévié, il ne peut pas couvrir certains départements comme le Mono, le Borgou etc. moi, je me suis dit c’est tout ça là que le gouvernement corrige. Parce que tout récemment dans le Mono où on a vu le Chef de l’Etat à la télévision, il disait que le peuple aura de l’eau potable, qu’il n’aura jamais soif. Maintenant, il reste le Borgou et Atacora, et si l’argent est allé dans ces départements, ça ne peut pas rester. Parce qu’il faut mettre l’argent au niveau de Cotonou avant de savoir qu’on a travaillé. Par exemple, il y a coupure d’eau régulièrement à Cotonou».

 Thomas Nonviho, Conducteur : « Pour le détournement des quatre  millions d’euros dont il s’agit, puisque nous sommes au Bénin et nous savons comment ça se passe, il faut que les coupables soient gardés à vue afin de procéder à l’audit. Deuxièmement, ceux qui sont allés se réfugier à l’hémicycle se leurrent. Normalement ils ne devaient pas aller à l’Assemblée et ils doivent être relevés de leur fonction ».

 Martin Gbèha, Hôtelier : « Ce n’est pas normale qu’un pays comme les Pays-Bas nous envoie de l’argent pour aider les populations, surtout celles qui souffrent et que ces fonds soient détournés. Si les Pays-Bas nous tournent dos, ils ont pleinement raison. Parce que ce n’est pas tolérable d’investir de l’argent pour aider un pays, et que ces fonds soient détournés par des autorités ».

 Houngbadji Jean-Cyriaque, Déclarant en douane : « C’est une honte pour notre pays. Le schéma est clair. Le pays est gouverné à sa manière et ces scandales en sont des preuves. Prions pour que d’autres pays ne viennent pas répéter la même chose ».

 Rodrigue Adoussou, Employé au Port autonome de Cotonou : « Il faut que l’audit international soit rapidement organisé pour ce dossier de détournement. La lutte contre la corruption dans notre pays est vaine. Que l’Etat béninois prenne ses responsabilités et que les coupables soient dénoncés. Le peuple a soif de la vérité ».

 Laleye Latif, Commerçant : « Pour ce dossier de détournement, je dirai tout simplement que c’est un  réseau. Et il faut oublier cette affaire, puisque le Ministre de tutelle en charge de l’énergie est allé à l’Assemblée nationale. On ne devait pas le laisser partir. C’est de la magouille, de l’espionnage, de l’escroquerie. Ce sont des gens qui n’ont pas la crainte de Dieu ».

 Femme anonyme : « Cette histoire dénote l’image de marque de notre pays. Les gens ont confiance en nous, ils veulent nous aider et les autorités de notre pays sont là pour détourner. Et puis le Ministre Kassa démissionne pour se réfugier à l’hémicycle. Il devait démissionner pour rester chez lui dans son domicile. Cette démission n’est pas appréciée par certaines personnes ».

 M’po Norbert, Enseignant : « Ces fonds sont destinés pour l’accès à l’eau dans les villages. Il s’agit de la question de l’eau qui  est une denrée alimentaire très nécessaire pour les populations. Selon la commission d’enquête dirigée par la coopération néerlandaise, les fonds auraient disparu. Si les preuves sont vérifiées, il faut que la justice s’en occupe. Et s’il s’avérait que les fonds ont été vraiment détournés, il faut punir les coupables. Les Néerlandais prennent l’argent de leur contribuable pour nous aider et nous détournons, ce n’est pas une chose normale. Mon opinion est qu’il faut aller jusqu’au bout de l’enquête ».

 Propos recueillis par Thierry Azagba (Coll)


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