Non promulgation de la loi portant statut spécial des forces de sécurité publique : Les douaniers en colère contre Boni Yayi (Une grève de 72 heures prévue pour le 9 juin)

Publié le lundi 25 mai 2015

Les travailleurs de l’administration douanière réunis au sein du Syndicat des douanes du Bénin sont fâchés contre Boni Yayi. Ils menacent de paralyser l’économie béninoise en organisant le 9 juin prochain un sit-in suivi de grève de 72 heures si le gouvernement n’apporte pas rapidement une solution aux nombreux problèmes qu’ils vivent. Ils l’ont clairement fait savoir hier jeudi 21 mai 2015 à l’issue d’une Assemblée générale extraordinaire présidée par M. Marcellin Laourou, secrétaire général du Sydob et qui a eu pour cadre la Direction générale des douanes et droits indirects.

Plusieurs points étaient inscrits à l’ordre du jour de cette Assemblée générale extraordinaire dont l’éclat a été rehaussé par la présence des inspecteurs Anatole Sossa et Akim Odjouti. Il s’agit des points relatifs : au retard qu’accuse la promulgation de la loi portant statut spécial des forces de sécurité publique et assimilées voté depuis le 2 avril 2015, au non paiement des arriérés de primes au titre des années 2012 et 2013, au recrutement d’environ 500 agents à la douane sans tenir compte des besoins réels de l’administration des douanes et enfin aux démarches menées par le Sydob par rapport au retard qu’accuse le déploiement du personnel.

« Nous n’avons peur de rien. Si nous avons accepté d’être à la tête du Sydob, c’est parce que nous avons accepté nous sacrifier…Notre patience a assez duré. Il faut maintenant passer à l’action quoi que cela va coûter à chacun de nous (…) Jusqu’à l’heure où je parle, les agents des douanes peuvent aller en grève pour exiger du gouvernement la promulgation de la loi portant statut spécial des forces de sécurité publique et assimilées. La condition pour nous arracher le droit de grève était qu’on ait notre statut particulier. Maintenant que cela n’a pas été fait, nous pouvons allez en grève et rien ne peut se passer. Etant conscients du rôle que nous jouons dans une économie comme celle du Bénin, nous appelons une fois encore les autorités compétentes à promulguer cette loi et à prendre ses décrets d’application. Si tel n’est pas le cas, nous allons déclencher une grève de 72 heures par tacite reconduction. Et si quelqu’un dit que cette grève est illégale, nous irons devant les tribunaux, nous irons devant les juridictions. Les textes sont là. Depuis 2011, nous avons gardé notre patience. Nous avons épuisé toutes les cartes de négociation. Je ne sais vraiment pas ce que les gens veulent de nous. Les députés ont joué leur partition en votant cette loi. Pourquoi depuis le 2 avril jusqu’à ce jour, on ne veut pas promulguer cette loi ? Ventre affamé n’a point d’oreille. Si vous voulez laisser les gens travailler dans des conditions dérisoires alors qu’au même moment les milliards qu’ils mobilisent se volatilisent ailleurs, ces  gens-là vont prendre leurs responsabilités », a averti Marcellin Laourou d’un ton ferme.

Il sera relayé par ses collègues du Bureau Directeur du Sydob qui sont revenus sur les points relatifs aux affectations qui sont bloquées depuis des années, au retard accusé par le paiement des diverses primes (surtout celles des années 2012 et 2013), au recrutement fantaisiste à la douane sans tenir compte des besoins réels…

Se prononçant sur cette question de recrutement, le secrétaire administratif  du Sydob a levé une équivoque. « Nous ne sommes pas contre les recrutements à la douane. Mais nous sommes contre et foncièrement contre un recrutement qui ne tient pas compte des besoins réels de l’administration douanière. Comment peut-on vouloir recruter plus de 500 agents à la douane alors qu’au même moment, on a décidé unilatéralement d’engager des réformes qui suppriment certains services et autres activités que nous menions à la douane ? », s’est interrogé le secrétaire administratif du Sydob qui dénonce des manœuvres pour provoquer plus tard un programme d’ajustement structurel à la douane

Ces propos liminaires du Secrétaire général du Sydob et de ses collègues ne sont pas tombés dans des oreilles de sourd. Ils ont été accueillis à la salle de conférence de la Direction générale des douanes et droits indirects par un tonnerre d’applaudissement des disciples de Saint-Mathieu venus de plusieurs unités. Pour eux, l’heure est grave et il urge de se mobiliser pour sauver la douane béninoise et les douaniers béninois, même au prix du sacrifice suprême.

Déclaration du Sydob

Les travailleurs de l’administration des douanes se sont réunis en Assemblée générale extraordinaire ce jeudi 21 mai 2015 à 15h30 dans la salle de conférence de la Direction générale des douanes et droits indirects, pour examiner la situation délétère qui prévaut au sein de leur administration. A l’issue des débats, les travailleurs de cette administration exigent :

1- La promulgation sans délai de la loi 2005-20 votée le 2 avril 2015 portant statut spécial des forces de sécurité publique et assimilées,

2- La sortie sans délai des mutations,

3- Le paiement sans délai des arriérés de primes de l’année 2015 et la régularité dans le paiement de toutes les primes,

4- Le paiement sans délai des arriérés de primes de 2012 et 2013,

5- La prise en compte de la redevance sur escorte de marchandises dans les primes,

6- Un recrutement qui tienne compte des besoins réels de l’administration des douanes, conformément aux conclusions contenues dans le procès verbal du 30 mars 2015 sanctionnant la séance de travail entre le Ministre de l’économie et des finances et des programmes de dénationalisation et ses collaborateurs, le Directeur général des douanes et droits indirects et ses services techniques ainsi que le Bureau Directeur du Sydob,

7- Que le recrutement envisagé se fasse après la promulgation de la nouvelle loi portant statut spécial des forces de sécurité publique et assimilées et que ce recrutement soit conforme aux dispositions de cette loi.

Ils se réservent le droit d’organiser une Assemblée générale extraordinaire le jeudi 4 juin 2015 pour évaluer le niveau de satisfaction de ces différents points de revendication.

En cas de non satisfaction totale de ces différents points de revendication, les travailleurs organiseront un sit in le mardi 9 juin 2015 suivi d’une grève d’avertissement de 72 heures.

En tout état de cause, les travailleurs de l’administration des douanes prennent à témoin l’opinion publique nationale et internationale et rendent responsables le gouvernement des déconvenues qui en découleraient.

 Fait à Cotonou le 21 mai 2015

L’Assemblée générale

 Affissou Anonrin


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