Abdou Sawadogo, Ingénieur Telecom : « Pourquoi ne pas changer la mission du RSP en un groupement d'élite au lieu de vouloir le supprimer ? »

Publié le mardi 17 février 2015

Alors je ne suis ni expert militaire, ni membre d'un parti politique burkinabé. Je lance ici une contribution intellectuelle aux regards des évènements que notre chère patrie a vécus, pour susciter la réflexion. J'ose croire que nos experts militaires sont déjà à leur planche à dessin pour aborder la question discutée dans cet article. J'avais écris cet article il y a 1 mois mais, j'ai oublié de le faire publier. Au regard des remous que le pays vient de vivre récemment, j'ai décidé de lancer la réflexion.




L'armée du Burkina a bien rempli son rôle de défense de la stabilité intérieure et extérieure du pays. Les évènements du 30 et du 31 octobre ont montré également que la déontologie militaire s'est améliorée au regard du refus de l'armée de tirer sur le peuple. On peut également noter son rôle de maintien de la paix au Darfour et en RDC etc. …


Au regard également des nouvelles formes de confits que le monde entier connaît en ce moment, notamment les prises d'otages et le terrorisme, ne serait-il pas judicieux de changer la mission du RSP qui s'apparente à une troupe d'élite ou force spéciale au lieu de le dissoudre ?


Les évènements du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis d'Amérique ont profondément bouleversé la géopolitique du monde. La plupart des pays occidentaux se sont dotés de force spéciale pour mieux répondre aux conflits complexes auxquels le monde fait face. La création de certaines forces spéciales date même de la deuxième guère mondiale, notamment le SAS (Spécial Air Service britannique).

Une force spéciale de part la formation militaire particulière qu'elle a reçue est différente d'une troupe de l'armée régulière. On ne peut pas se targuer qu'elle est supérieure à une troupe régulière, mais complémentaire. Elle est présente sur le terrain, fait des missions de renseignements pour faire avancer la mission. Elle mène des assauts pour débloquer des situations de crise à haut risque. Les derniers événements en France, en l'occurrence la tuerie des caricaturistes de Charlie Hebdo, ont montré l'assaut mené par le RAID et le GIGN Français pour libérer les otages.

Une force spéciale utilise des moyens techniques de renseignements généraux pour ses missions. La politique de mutualisation des informations stratégiques partagées par le Burkina et les pays amis, doit permettre au Burkina de se doter d'un canal de renseignement pour appuyer sa force spéciale. Cependant, il serait préférable de se doter de son propre système de renseignement à l'instar du système échelon ou du frenchelon.

Ci-dessous j'ai listé les forces spéciales présentes dans le monde et une brève description de leur modus operandi.


Les Spetsnaz : les forces spéciales russes


Les Spetsnaz se sont forgés une féroce réputation. La troupe d'élite est considérée comme l'une des meilleures forces spéciales au monde. Les normes de formation sont très sévères, et seulement deux candidats sur dix parviennent à tenir les mois d'entraînement au corps-à-corps, aux armes et à la mise en place d'une condition physique hors norme. Viennent s'ajouter dans la formation d'un Spetsnaz : la collecte de renseignements, la négociation et le sauvetage, la lutte anti-émeute et la médecine de terrain.


Les Commandos de la Marine française, GIGN (Groupe Intervention de la Gendarmerie Nationale), RAID (Police Nationale)


Les Commandos de la Marine française sont surnommés les « Bérets Verts ». Leur formation est très intense et s'étale sur 20 semaines avec : une semaine d'essai commando, six semaines de formation préparatoire, quatre semaines d'évaluation puis de nouveau, sept semaines de formation commando pour enfin finir par deux semaines de formation parachutiste. Durant ces 20 semaines, la moindre erreur peut devenir éliminatoire.


Les MARSOC (États-Unis)


L'US Marine Corps Forces Spécial Operations Command, ou MARSOC, a été créé en 2007 et est une unité de soldats d'élite utilisée dans des conflits directs et des missions de reconnaissance. Sa formation est découpée en quatre phases.

La première phase est une formation SERE (Survivre, s'évader, résister et s'échapper) dans laquelle les soldats apprennent à survivre dans le désert et sont formés à divers arts-martiaux.

Les phases deux et trois se concentrent sur l'adresse au tir, les explosifs et les compétences de reconnaissance du terrain.

Enfin, et c'est la phase la plus difficile : la quatrième étape consiste à tester les différentes connaissances acquises dans divers exercices militaires.


La Shayetet 13 (Israël)


La Shayetet 13 est l'unité de commando d'élite navale de la marine israélienne. Cette unité est considérée comme l'une des principales unités des forces spéciales et des forces de défense israéliennes (avec Sayeret Matkal et Shaldag Unit). La « S'13 » est spécialisée dans les incursions « mer-terre », la lutte contre le terrorisme, le sabotage, la collecte de renseignements maritimes, le sauvetage d'otages et l'embarquement. La formation pour la « S'13 » a un taux de réussite de seulement 5%. Pas étonnant lorsqu'on sait que toutes les épreuves nécessitent la présence d'un médecin de l'armée !

De par le passé, la « S'13 » a pris part à l'opération « Sping » de 1973, dans laquelle les forces spéciales israéliennes ont attaqué Beyrouth et tué plusieurs membres du groupe « Septembre noir » qui avait perpétré le massacre des athlètes israéliens lors des Jeux Olympiques de Munich, en 1972.


Les US Navy SEALs (États-Unis)


Le sigle SEAL signifie mer, air et terre. Pour rejoindre cette force spéciale d'élite, 2000 candidats s'engagent dans une formation très intense d'un an. La troisième semaine de cette formation de base est considérée comme la plus terrible. L'accent est mis sur le mental et le physique. Les « candidats » doivent, à plusieurs reprises, faire face à des épreuves extrêmes, comme de grandes distances de natation à effectuer au large, en plein océan ou encore des traversées sans fin en plein désert.

Les Navy SEALs sont notamment connus pour avoir été déployés lors de la guerre du Golfe, de la guerre en Irak, et plus récemment pour la traque finale d'Oussama Ben Laden.


Les SAS (Royaume-Uni)


Selon les experts, le Spécial Air Service britannique est ce qu'il se fait de mieux en termes de forces spéciales, le « best of the best ». Leur devise est « Qui ose gagne ». La formation du SAS est très similaire à celle des Navy SEALs, mais avec tout de même une différence de taille : en plus de leur formation militaire, ils suivent également une formation avec les services de renseignements britanniques, à savoir le MI5 et le MI6. C'est pourquoi les membres du SAS sont à la fois des soldats et des agents secrets.


Tout le monde s'accorde à dire que le RSP est la troupe la mieux formée et dotée des meilleures armes au Burkina. N'est-ce pas judicieux de capitaliser ces acquis en changeant juste son ordre de mission ? Cette stratégie évitera le nivellement vers le bas en rendant toute l'armée burkinabè performante à l'image des grandes armées du monde. La dissolution du RSP s'apparentera à la fermeture du PMK (Prytanée Militaire du Kadiogo) en 1985 qui, de toute façon a été recouverte en 1992 pour des besoins évidents de formation d'officiers.


Abdou Sawadogo, Ingénieur Telecom.

Montreal Canada

abdou.sawadogo@gmail.com





via leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso http://ift.tt/1A3WpUC