Abdoul Schraf Ouédraogo: Peul et Mauritanien
D’habitude, le nom de famille Ouédraogo est automatiquement attribué au Mossi du Burkina. Mais, ce n’est pas le cas de Abdoul Schraf Ouédraogo. Il est peul et est originaire de la Mauritanie.
« En fait, mon arrière-grand-père vient du Burkina. Il a émigré en Mauritanie avec une dizaine de cousins. Mais lorsqu’il est arrivé en Mauritanie, les autres ont changé de nom de famille pour s’adapter aux noms locaux comme Diop ou Cissé. Mon grand-père était le seul qui a refusé de changer son nom ».
C’est ainsi que Abdoul Schraf Ouédraogo explique ses origines et sa nationalité mauritanienne. Ce « pur produit de la société peul», comme il le dit lui-même, est fier d’avoir pu garder le nom de famille d’origine de son grand-père. Ce dernier serait originaire de la province du Yatenga.
« Les gens sont surpris de savoir que je suis peul et mauritanien. La famille Ouédraogo est très connue en Mauritanie parce que nous nous ne sommes jamais inféodés au pouvoir mais au contraire nous sommes très impliqués dans la société civile ou dans l’opposition», insiste-t-il.
Il estime qu’il a toujours le sang burkinabè qui coule en lui parce que sa famille a une réputation d’intégrité en Mauritanie. En effet, Abdoul Schraf Ouédraogo est le frère de Sy Lalla Aicha Ouédraogo, une activiste mauritanienne militante dans les mouvements mauritaniens des droits de l’homme. Elle a déjà eu des soucis avec les autorités administratives qui voulaient lui faire changer de nom parce que Ouédraogo ne serait pas mauritanien. Elle ne s’est pas laissée faire.
Ouédraogo pas Mauritanien ? Et après ?
Mme Sy Lalla Aicha Ouédraogo est une Mauritanienne que l’on peut qualifier de célèbre en Mauritanie. Il s’agit d’une activiste de la société civile et en particulier des droits humains dont les déclarations, le plus souvent tonitruantes, meublent la presse indépendante depuis des années.
Il n’y a pas longtemps, elle se présente dans un bureau d’enregistrement pour se faire recenser. Problème. Le nom de son père « Ouédraogo » ne serait pas mauritanien. Les recenseurs lui suggèrent d’en trouver un autre dans son arbre généalogique qui sonnerait plus mauritanien. Niet!
Mme Sy Lalla Aicha n’a pas du tout l’intention de tronquer le nom de son père et moins d’accepter l’orthographe arabe que l’on veut faire subir à son prénom à elle. Elle s’appelle « Lalla » et non « Lallatou ».
Elle s’en plaint lors d’une réunion au ministre de l’Intérieur et de la décentralisation. L’Administrateur-Directeur Général de l’Agence nationale du registre de la population et la sécurisation des documents, le fameux M’Rabih Rabou Ould El Hadrami qui était présent lui rétorque que « Ouédraogo » est un nom burkinabè. Et après ?
Certes, le père de Mme Lalla Sy est d’origine voltaïque, mais, il a, depuis, acquis la nationalité mauritanienne. Et ce n’est pas une exception. Sauf, peut-être, pour ceux qui veulent coûte que coûte compliquer la vie à l’autre. Alors là, c’est une autre histoire! (source)
« Mon grand-père vient de Lilkana (ndlr village situé dans le département de Zogoré dans la province du Yatenga). Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de retourner sur la terre de mes ancêtres. C’est un projet que j’ai. Je suis Mauritanien mais je suis citoyen canadien. Je suis un peu éloigné de l’Afrique mais je retournerai un jour », assure Schraf Ouédraogo.
Son côté peul, il le détient de sa mère. « Mon père est un vétérinaire. Sans avoir beaucoup de moyens et habitant dans une zone rurale, il a kidnappé certains de mes cousins pour les envoyer à l’école. Cela fait environ 15 à 20 personnes, y compris des maures et des arabes, qui sont allés à l’école et qui sont devenus des personnalités très importantes en Mauritanie », explique Ouédraogo.
D’après lui, la plupart de ces derniers qui occupent des postes importants n’ont jamais choisi le camp du gouvernement pour profiter de certains avantages : « c’est pourquoi je dis que nous avons gardé ce côté burkinabè d’intégrité. C’est aussi pourquoi on n’a jamais eu besoin de changer notre nom de famille parce qu’on a aussi su s’intégrer ».
Ce n’est que récemment que la famille Ouédraogo a pu connaître ses véritables origines. Selon ses explications, sa sœur ainée est déjà allée au Burkina mais n’avait pas tout l’état civil de son arrière-grand-père et ne savait pas de quel village il était originaire.
C’est ainsi qu’il y a une dizaine d’années, la famille a mené des recherches pour retrouver ses origines. Abdoul Ouédraogo attend le bon moment pour se rendre dans son village car ses cinq enfants résident au Canada.
Certains d’entre eux jouent au hockey. Il faudrait donc attendre les vacances pour se rendre à Lilkana dans le Yatenga.
Boukari OUEDRAOGO
Burkina24
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