Un affermage au visage humain
Affermage des hôpitaux de zone de Covè, de Djidja et de Djougou. Le sujet enflamme la toile et alimente les débats dans plusieurs milieux. Valentin Djènontin, ancien Directeur général adjoint du Centre national hospitalier et universitaire Hubert C. Maga de Cotonou voit à travers cette décision du gouvernement une » calamité « .
» Je ne suis pas contre que l’on confie la gestion à des privés. Mais celui qui reçoit la gestion de ces hôpitaux, a l’obligation de faire le retour sur investissement (…) La dotation aux amortissements, ce sont des charges qui doivent être incorporées au prix de revient, autrement dit au prix de prestation. Donc ce sont les clients, les usagers qui sont appelés alors à payer (…) Si l’Etat ne peut pas faire de bénéfice, le privé à qui on a confié ces hôpitaux va chercher une marge à côté du retour sur investissement ( …). Au lieu d’assister à un service public pour alléger les souffrances des populations, nous allons assister pratiquement à des cliniques (…) « , a confié l’ancien ministre de la justice de Boni Yayi à nos confrères de Canal 3.
Poursuivant ses propos, Valentin Djènontin a dit que » l’obligation pour l’opérateur privé de recruter un personnel pointu devrait renchérir le coût de la prestation « . Il suggère donc que le mode de gestion de ces hôpitaux tienne compte de la philosophie sociale qui gouverne leur construction. Il urge, a-t-il dit de garantir la qualité des soins, la continuité du service public et en même temps un coût social abordable pour nos populations qui sont en grange majorité démunies.
Tout comme l’ancien ministre Djènontin, l’honorable AssanSeibou a aussi donné de la voix dans une tribune qui a fait le tour des réseaux sociaux. » Je trouve un vif intérêt à la question d’affermage en débat. Je remercie donc ceux qui l’ont inscrite. Le sujet est d’autant plus important pour les membres de ce forum que l’hôpital de zone de Djougou est concerné à cette étape du processus.
Je partage et remercie ceux qui ont levé l’équivoque pour montrer que l’affermage n’est pas une privatisation mais un peu plus qu’une gérance libre en ce sens qu’elle admet tout investissement d’envergure sans souffrir de préalable ou astreintes handicapantes pour l’opérateur économique « , a écrit l’ancien député pour planter le décor.
Dans une démonstration qui tranche avec toute hypocrisie et se référant aux aspirations profondes des populations face aux insuffisances de l’existant, l’honorable AssanSeiboua applaudi la chance qu’offre cette opportunité d’affermage, de voir émerger un centre de référence même s’il sera privé. Pour l’honorable Seibou, la question du coût des prestations sur laquelle les gens font la fixation est un point important du compromis sur lequel l’Etat peut envisager, en tant que propriétaire, des mesures qui favorisent le fermier de façon à lui permettre de fixer des coûts abordables pour le citoyen.
Outre ces deux positions, plusieurs autres points de vue ont été exprimés à la faveur de la liberté d’expression garantie par la Constitution du 11 décembre 1990. Et lorsqu’on fait une lecture croisée, la convergence vers la préservation du volet social est constante. Qu’ils s’appellent Valentin Djènontin, AssanSeibou et autres, tous militent pour que dans la fixation des prix des prestations, on pense aux pauvres populations des localités où sont installés ces hôpitaux.
Je joints ma voix aux leurs pour plaider la même cause. Mais hélas ! La vérité est là car en prenant la décision de confier ces hôpitaux aux privés, le Président Talon et ses ministres ont leur raison que le commun des Béninois ne connait malheureusement pas. Pour ma part d’ailleurs, l’affermage dans le secteur de la santé est trop osé. Si ce n’est que pour régler les problèmes de mauvaise gestion, d’inconscience professionnelle, de vente clandestine de médicats…qui ont cours dans nos hôpitaux, on peut bien faire autrement. Maintenant qu’il constitue la panacée pour Talon, il faut qu’il ait un visage humain !
C’est mon cri de cœur !
AffissouAnonrin
via La Presse du Jour http://ift.tt/2dVnwwl