Une concertation nationale
La situation qui prévaut au Nigéria ne doit plus être prise à la légère par les autorités béninoises. L’heure est suffisamment grave. Dans les jours qui vont suivre, la Sobébra touchée par une baisse incommensurable de ses recettes à cause de l’invasion des bières étrangères, notamment la Goldberg brassée au Nigéria, va procéder à un licenciement massif de son personnel. Des pères et mères de famille seront mis en chômage technique. Ceci, en cette veille de la rentrée des classes.
Ce n’est pas tout. D’autres sociétés vont lui emboîter les pas. Il s’agit notamment des sociétés cimentières et bien entendu de certaines huileries. Elles ont aussi subi les conséquences de la crise qui prévaut au Nigéria quand bien même elles ne se plaignent pas à haute voix.
Selon certains spécialistes, la situation pourrait toucher aussi des banques qui ont mis suffisamment de l’argent à la disposition des importateurs qui font le commerce de l’huile, du riz, de véhicules d’occasion…avec le Nigéria. Bien entendu, l’Etat béninois ne sera pas épargné. Ses caisses déjà asséchées par la chute des recettes douanières et des impôts pourraient complètement virer au rouge avec à la clé des difficultés de trésorerie jamais connues. Et si rien n’est fait, bonjour l’explosion sociale.
Il y a donc urgence. Et c’est justement pour cela que je plaide pour la convocation rapide d’une concertation nationale sur cette situation dont on ne perçoit pas encore les conséquences. Cette concertation doit être inclusive et franche. Toutes les compétences seront les bienvenues. Ce ne sera pas l’occasion pour faire des procès d’intention, mais l’opportunité pour faire des propositions scientifiques et directes. Le Président Nicéphore D. Soglo a déjà donné le ton dans une déclaration qu’il a rendue publique sur l’urgence d’une rencontre entre les chefs d’Etat des pays de la zone franc. Se penchant aussi sur la question dans une discussion informelle, l’honorable Antoine Idji Kolawolé, Président du Groupe parlementaire Union fait la Nation est aussi allé dans ce sens. Il s’est demandé si le Bénin est toujours dans la zone F Cfa ou la zone Naïra, lorsqu’on est convaincu que l’essentiel de nos échanges commerciaux se font avec le Nigéria. Pour ceux qui ne le savent pas, plus de 75% de notre activité commerciale se font avec le Nigéria
Il n’y a donc pas à traîner les pas surtout que cette crise ne sera pas conjoncturelle. Elle va s’étaler dans le temps. Trois ans, selon les prévisions du Président de la Banque africaine pour le développement (BAD). Il a été on ne peut plus clair : » le ralentissement des économies africaines y compris le Nigéria devrait durer encore trois ans « . Si on ne fait rien maintenant, ce sera donc trop tard demain.
C’est mon cri de cœur !
Affissou Anonrin
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