Un peu plus de responsabilité dans la lutte syndicale
Cela n’a pas raté. La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) dirigée par le remuant Paul Essè Iko a une fois encore donné de la voix. Comme à ses habitudes à la veille de la rentrée des classes, elle a élevé une vive protestation contre les mesures prises par le gouvernement dans le secteur de l’éducation. L’une ces mesures phares est le déchargement de 618 Directeurs d’écoles primaires publiques de leurs fonctions au motif que les résultats qu’ils ont produits à l’examen du Certificat d’études primaires (CEP) session 2016 ont été minables. Pour Paul Essè Iko et ses syndiqués, cette décision est démagogique parce qu’elle fait de ces Directeurs des boucs émissaires alors que les problèmes de l’école béninoise sont plutôt ailleurs.
» Non les Directeurs d’école ne peuvent pas être tenus pour responsables de l’échec scolaire. Nous ne devons pas accepter que les Directeurs d’école soient déchargés, car l’objectif est de faire pression sur ceux-ci pour qu’ils combattent tout mouvement de protestation dans les écoles. Nos Directeurs intimideront désormais les enseignants, argumentant que si les résultats sont mauvais, ils seront les seuls tenus pour responsables par l’Etat « , a argumenté le Secrétaire général de la CSTB dans un communiqué rendu public il y a quelques jours. Pour Paul Essè Iko, l’acte posé par le Gouvernement à travers son ministre de l’enseignement maternel et primaire est provocateur.
La conclusion qu’on pourrait amener à tirer après l’analyse de cette position de la CSTB est que le rubicond de la tricherie syndicale a été franchie par Paul Essè Iko. N’est pas Directeur d’école n’importe qui veut, mais qui peut. Et lorsque vous êtes investi de cette noble mission, vous devez en assumer l’entière responsabilité. Oui ! C’est vrai. Nos écoles manquent du minimum. Il n’y a pas d’enseignants. Les classes sont jumelées. L’effectif par classe est pléthorique. Les subventions pour faire fonctionner les écoles ne sont pas régulièrement versées et en temps réel… Ne pas le reconnaître serait faire preuve d’une malhonnêteté intellectuelle. Mais ceci ne devrait pas justifier cela.
L’école béninoise est aujourd’hui malade de ceux qui l’animent. Plusieurs Directeurs d’école ont carrément démissionné. Peu d’entre eux s’occupent véritablement de ce que font les enseignants qui sont sous leur autorité. Les cahiers de préparation des cours et les fiches sont rarement visés par ces Directeurs. Certains ont carrément peur de réprimander les enseignants qui sont sous leur ordre. Dans ces conditions, même si l’Etat met tout ce qui manque aujourd’hui à leur disposition, ces Directeurs n’obtiendront aucun résultat. Les enseignants d’aujourd’hui ne connaissent qu’une seule chose : aller en grève pour des rapines, laissant les pauvres enfants à leur triste sort. Là où le bât blesse, c’est qu’ils ont le soutien de leur hiérarchie syndicale comme c’est le cas en ce moment.
La CSTB n’aura pas gain de cause dans ce bras de fer qu’elle veut engager avec le gouvernement. Le ministre de l’enseignement primaire a bien fait de dégager ces 618 Directeurs qui ont montré qu’ils n’étaient pas à la hauteur de la mission qui leur a été confiée. La promotion dans le corps des enseignants doit désormais se faire au mérite. Il faut que Paul Essè Iko le comprenne. C’est pour le bonheur de nos enfants. Le désordre a assez duré dans l’enseignement et il faut y mettre un terme.
Je soutiens le ministre de l’enseignement primaire. Je plaide pour qu’il étende sa sanction, (si on peut l’appeler ainsi) à tous ceux-là à qui l’Etat a confié des responsabilités dans le secteur de l’éducation maternelle et primaire dans notre pays. Chacun doit mériter les primes et autres avantages liés à son poste de responsabilité. C’est de cela qu’il s’agit. Et Paul Essè Iko doit le comprendre. Les enseignants sont libres de grever. Ils sont libres de revendiquer. L’Etat est aussi libre de veiller sur les critères de performances et de prendre ses responsabilités quand ça ne va pas.
C’est ce que je crois !
Affissou Anonrin
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