Publié le vendredi 23 septembre 2016

Olabissi Segun  de son nom d’artiste Segun Ola est connu dans le domaine de la musique à cause de la passion qu’il nourrit pour cet art. Dans cette interview à lui accordée par notre journal, il nous parle ici de ce qu’est la musique pour lui et comment il en est arrivé à la musique.

Comment es-tu arrivé à la musique ?

Au fait, la musique m’a vraiment sauvé la vie. A l’âge de 8 ans, je suis parti du Nigéria ;  mon pays natal et je me suis retrouvé dans la rue avec beaucoup d’amis et c’est dans la rue que j’ai rencontré des artistes qui m’ont initié dans l’art à travers la musique. Donc on interprétait les chansons d’autres artistes à notre manière. Et c’est de là que j’ai eu l’inspiration et j’ai commencé à travailler avec les musiciens, les hommes de théâtre et les magiciens etc.

Parlez-nous un peu de votre parcours ?

J’ai quitté très tôt mes parents à l’âge de 8ans. Je suis né dans une famille polygame. Les disputes entre coépouses sont fréquentes. Ma mère ne vivait plus sur le même toit que mon père.  Ce qui a compliqué mon existence. Je n’avais pas la tendresse maternelle dont pouvait jouir un enfant de mon rang.

Quelles sont les réalisations à mettre à votre actif ?

Là, je suis à mon 2ème album. Le premier s’appelle « Alawo-dudu ». Cet album est sorti en 2006, donc il y a 10 ans. C’était le premier qui est sorti en live au Ccf. Cet album m’a permis de faire le tour depuis 10 ans en  Afrique et de l’Europe. Le 2ème qui s’appelle « Life School » vient de sortir au Bénin il y a deux semaines seulement.

Quelles sont tes sources d’inspirations ?

Mes sources d’inspirations c’est l’Afrique. Parfois je gare ma voiture et je marche. L’artiste que  je suis j’adore le « marché ». Je vais dans le marché et j’observe tout. La vie est en quelque sorte pour moi un cinéma. Dans la rue il y a des scènes de vie, il y a les femmes qui jouent, les femmes qui parlent, les bruits. C’est que l’inspiration est partout même autour de nous. Même au volant je vois des choses qui m’inspirent. Des fois, c’est sous la douche, en mangeant, en regardant autre chose que les gens ne voient pas. L’inspiration artistique c’est quelque chose qui est très forte. Le plus important pour moi c’est l’Afrique, le Bénin, le Nigéria. Parfois je quitte Cotonou pour ailleurs afin de  sentir la nature. Le silence aussi en est pour quelque chose. Dans le calme on trouve l’inspiration. Il y a quelque chose dans les villages qu’on n’a pas à Cotonou. Quand je me repose l’esprit aussi travaille intellectuellement. L’inspiration est vraiment partout.

Depuis 25 ans que tu es à Cotonou, qu’est-ce que tu as pu tirer  comme inspirations ?

Depuis que j’ai mis pied à Cotonou, je l’ai aimé.  Cotonou est pour moi un lieu d’opportunité. Apprendre à parler le Français et autres choses d’intéressantes. Cotonou est Cosmopolitique et en même temps un carrefour où on peut aller dans d’autres pays comme Ghana, Togo, Libéria, Nigéria. C’est un carrefour qui m’a permis à connaître les gens. J’ai appris beaucoup de choses du Bénin en particulier de Cotonou. Quand je quitte Nigéria pour Cotonou arrivé à Sèmè Kraké je pousse un ouf de soulagement. C’est pour dire que je me sens chez moi, à la maison. Ce qui m’a le plus touché au Bénin, c’est le seul pays où il n’y a pas problème de « Religion ». Cela montre déjà qu’on peut vivre ensemble sans problème. C’est une grande leçon pour le monde.

Est-ce que tu as chanté quelque chose sur la religion du Bénin ?

« Only jah knows ». C’est le titre de la chanson qui parle de Dieu. Pour moi, le nom de Dieu est important. Cette chanson cherche à dénoncer les personnes mal intentionnées qui utilisent le nom de Dieu pour tromper les gens. Elle dénonce l’hypocrisie des gens qui font de mauvaises actions en se rendant à l’église ou à la mosquée en pensant obtenir la rédemption. Cette chanson dénonce en quelque sorte les gens qui utilisent le nom de Dieu pour arnaquer les pauvres. On voit des pasteurs ou des imams qui roulent mais au même moment leurs fidèles souffrent le martyr. Au regard de cela je me pose la question de savoir si les pasteurs, Imams et autres pensent à leurs fidèles.

Qu’est ce  qui fait la particularité de ton travail ?

Je mets de l’amour dans le travail. Le travail  que je fais, je le fais pour moi-même d’abord avant de penser  aux autres. Je ne vis pas dans le luxe, mais je suis heureux du travail que je fais. Je ne cherche pas  que de l’argent. Quand on fait un travail, il faut le faire pour soi-même d’abord. Il ne faut jamais vendre ce que toi-même tu ne peux pas manger. Je fais tout pour que mon travail soit propre. C’est cela qui fait la particularité de mon travail.

Tes relations avec les artistes nigérians et béninois ?

Un artiste doit travailler avec les autres artistes.  Partager, se voir et chanter même pour le plaisir. Moi je suis dans cette démarche. J’étais avec les artistes nigérians la dernière fois  au théâtre national. Au théâtre national, il y a les musiciens, les guitaristes. Il y a un endroit au Nigéria ou les artistes se voient. Chaque fois que je me rends à Lagos je vais les voir, on discute, on fait un peu de tout. Au Bénin, je suis tout le temps avec Gangbé Brass Band, Zeynab, Don Metok. Il n’y a pas que les musiciens ; il y a aussi les hommes de théâtre et les plasticiens. C’est-à-dire qu’on est tous ensemble. C’est pour cela dans l’album, il y a un morceau intitulé « Ranmilowo ».  Cela veut dire simplement « S’il te plaît aide- moi parce que sans toi je ne peux rien faire dans la vie ».

Beaucoup disent que la musique ne nourrit pas son homme mais depuis 25 ans que Segun Ola est dedans est-ce que tu as pu réaliser ?

Ce n’est pas toujours facile mais la musique nourrit son homme. Quand tu es riche dans ton esprit c’est que tu es riche. A part la musique je fais du « cirque ». La musique aussi fait partie de l’art de la rue. Depuis 2008, j’ai créé la première compagnie du « cirque » et en même temps nous avons un projet où on travaille avec les enfants de la rue. On essaie de les détourner de la rue. Il ne faut pas dire que je fais la musique pour gagner de l’argent. L’art en général, est une question d’amour.

Tes ambitions à court et à moyen terme dans la musique et le Cirque

Dans la musique je viens de sortir un album qui a été enregistré dans plusieurs pays d’Afrique et d’Europe. La prochaine étape du projet, c’est de faire le lancement dans chaque pays où le morceau est enregistré en Afrique comme en Europe. Il faut que cet album touche le monde. Il faut que cela tourne à part les lieux d’enregistrement. Pour la compagnie du cirque c’est de former beaucoup d’enfants à part les enfants de rue formés aussi les enfants dans les écoles pourquoi pas avec le soutien du gouvernement. Mon objectif est d’amener le cirque à l’école.

Un mot à l’endroit de tes fans pour mettre un terme à cet entretien

Je remercie mes fans qui aiment le travail que Segun Ola fait, de rester avec nous, de continuer à nous soutenir ; de faire la chanson à côté de ceux qui ne connaissent pas Segun Ola.

Propos recueillis par Boniface Kabla


via La Presse du Jour http://ift.tt/2dmjKKv
Categories: ,