Entretien avec Abdel Rahman Ouorou Bare (Secrétaire général de Lion handisport) : « Les autorités ne doivent pas nous oublier »
En prélude à une journée sportive et récréative organisée par l’Association Lion Handisport, Abdel Rahman Ouorou Bare, le Secrétaire général, au cours d’un entretien, a levé un coin de voile sur les manifestations. Ce samedi donc, le stade de l’Amitié Mathieu Kérékou va vibrer avec les personnes handicapées qui promettent jouer leur partition dans la construction de notre nation.
Présentez-vous s’il vous plait
Je suis Abdel Rahman Ouorou Bare. Je suis juriste de formation, consultant et secrétaire général de Lion handisport
Est-ce qu’on peut savoir davantage sur cette association ?
Lion handisport, c’est l’une des premières associations de personnes handicapées au Bénin, créée depuis le 13 juin 1993 par un groupe de personne handicapés, convaincues que, par la pratique du sport pour personne handicapées et des activités de loisirs, nous pouvons gagner notre part dans la société. Nous pouvons avoir notre place au soleil, histoire d’apporter notre pierre à édification de ce pays qui nous est cher à tous.
Votre association entend organiser quelque chose dans les jours à venir dites-nous de quoi il s’agit ?
Nous allons, samedi 10 septembre, à partir de 15 heures au stade Mathieu Kérékou, organiser un match de basket-ball, agrémenté d’un mini concert. Tout cela organisé par des personnes handicapées, des artistes handicapés. En fait, notre association a gagné un projet piloté par le tandem Raphal (Résau des associations des personnes handicapées de l’Atlantique et du Littoral) et Handicap international et l’Union européenne pour mettre en exergues les potentialités et capacités artistiques et culturelles des personnes handicapées. Le projet vise à sensibiliser les populations sur ces possibilités à savoir que par la culture et les loisirs, les personnes handicapées peuvent jouer leur partition dans la construction de notre nation. Mais aussi, nous allons sensibiliser sur les droits à participation sociale des personnes handicapées.
Autre cette activité, qu’est-ce que l’association entend faire pour continuer la lutte ?
Nous faisons autant que nous pouvons. Dans notre association, nous pratiquons toutes les disciplines sportives mais adaptées à la personne handicapée. Nous faisons la natation, l’athlétisme, le lancer de poids, le javelot, le tennis de table en roulants, et le basket-ball qui est notre sport phare. Il est important pour nous de faire en sorte et de montrer à la population que le handicape n’est pas une fatalité. La personne qui doit faire d’abord le sport est celle qui est handicapée pour le réveil musculaire et nerveux puis ensuite pour s’épanouir. Lorsque vous jouez et vous mettez un panier, l’ovation ne change pas comme si c’était un Messi qui a marqué un but. Quand on va à des championnats au Nigéria ou un peu partout, et quand on prend la coupe, elle ne sent pas handicap. L’euphorie, l’enthousiasme, c’est toujours le même. Ça veut dire que, ce qui fait la différence est le handicap. Nous faisons en sorte de dépasser cette situation et montrer nos capacités sportives et culturelles pour que nos concitoyens sachent dorénavant que le handicap n’est pas une fatalité mais c’est une opportunité.
Que promettez-vous au public qui fera le déplacement du stade Mathieu Kérékou ?
Un bon match de basket-ball, en plus une bonne série de concert. Le peuple peut massivement se déplacement car il ne va pas le regretter. Nous les appelons de venir parce que, quel que soit le lieu où nous jouons le basket-ball, c’est toujours attractif. Venir voir les personnes handicapées dans les fauteuils roulants, guidées le fauteuil et manier la balle et marquer les paniers, c’est très beau. C’est extraordinaire. Il faut que les gens viennent voir et surtout ceux qui cachent les enfants handicapés. Il faut qu’on sorte ces enfants. Beaucoup de ces enfants continuent d’être des enfants de l’arrière-cour. Et dès que vous taper à la porte, on les cache. Que ces parents les sortent pour qu’ils s’épanouissent, venir montrer leurs capacités culturelles et sportives et qu’ils puissent s’intégrer dans la société qui tout le temps, nous a discriminé. Nous ne baisons par les bras. C’est notre manière à nous, à ne pas baisser les bras.
Pour cette initiative, aviez-vous aussi le soutien de votre Fédération de tutelle et celui du Ministère des sports ?
Aucun soutien de vient de ces deux structures. Le seul sponsor sur ce projet est handicap international, l’union européenne et Raphal. Je profite d’ailleurs de votre micro pour leur dire merci pour cet accompagnement. Pour les autorités, nous les invitons à nous accompagner. Nous nous entrainons dernière le ministère des sport, il serait heureux d’accueillir le ministre, qu’il nous fasse une visite inopinée comme ces autres collègues ont eu à le faire. Nous l’invitons d’ores et déjà à passer nous voir, de nous encourager et nous profiterons à lui faire part de nos doléances notamment les fauteuils roulants et les matériels. Le paralympique a commencé au Brésil. Le Bénin n’a pu envoyer qu’un seul athlète contrairement à d’autres nations. Donc, je voudrais que les autorités ne nous oublient pas. Voilà le message que nous pouvons les adresser. Merci aussi pour l’accompagnement de la presse qui ne cesse de nous soutenir à leur façon. Je vous remercie.
Réalisé par Abdul Sanni Fataï (Coll.)
via La Presse du Jour http://ift.tt/2cvdII0