Développement de l’Afrique : Une banque et un label « égalité des genres » comme solutions

Publié le jeudi 8 septembre 2016

Les disparités entre les genres compromettent les efforts du continent en faveur d’un développement humain et d’une croissance économique inclusifs. C’est là, la principale information qui ressort du rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), intitulé « Rapport sur le développement humain en Afrique 2016 : Accélérer les progrès en faveur de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes en Afrique ».

« Si les disparités actuelles entre les genres persistent…»

Helen Clark, directrice du PNUD a été catégorique lors du lancement du rapport le 28 août 2016 en présence du Président Uhuru Kenyatta du Kenya en marge de la sixième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD VI). « Si l’on parvient à combler les écarts entre les hommes et les femmes sur le marché du travail, dans l’éducation, dans la santé et dans d’autres domaines, alors il sera possible d’accélérer l’éradication de la pauvreté et de la faim », a-t-elle déclaré.

Elle est revenue sur sa déclaration autour de la situation lors d’un entretien accordé à l’AFP, elle a réaffirmé que « lorsqu’on n’exploite pas le plein potentiel des femmes, cela a un coût, que ce soit au niveau de la famille, de la communauté ou de la nation ». Selon les estimations, le coût total pour le continent s’élève à 95 milliards de dollars US par an en moyenne à l’Afrique subsaharienne.

Des chiffres qui continueront de grimper exactement comme cela a été le cas en 2014. Les pertes ont été évaluées à hauteur de 105 milliards de dollars US. Et « si les disparités actuelles entre les genres persistent, les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine resteront un vœu pieu et ne pourront pas se concrétiser », alerte Abdoulaye Mar Dieye, directeur du bureau régional pour l’Afrique du PNUD. « Combler cet écart entre hommes et femmes mettrait non seulement l’Afrique sur la voie d’une croissance économique à deux chiffres, mais contribuerait également de façon décisive à la réalisation de ses objectifs de développement », a-t-il ajouté.

L’égalité des sexes est passée au stade de gage pour l’avenir et est passée en priorité sur le continent. Le Rwanda est l’exemple le plus illustratif. Là, les femmes occupent des postes à responsabilités, avec 64 % de femmes députés, soit le pourcentage le plus élevé au monde.

L’égalité homme-femme : puissant levier économique                           

Le rapport indique que 61 % des Africaines travaillent mais sont « victimes d’exclusion économique, car le travail qu’elles effectuent est sous-payé, sous-rémunéré, et dépend le plus souvent du secteur informel ». C’est le cas notamment dans le secteur agricole où elles constituent environ 70 % de la main d’œuvre  du continent avec une production estimée à 90 % de toutes les denrées alimentaires. « Dans de nombreux cas, relève Helen Clark, les femmes ne peuvent pas posséder de terres ou hériter de terres, ce qui rend difficile pour elles d’emprunter de l’argent. Cela a pour conséquence qu’elles n’ont pas les moyens d’acheter les meilleures graines, les meilleurs engrais. ». Conclusion,  « même si elles travaillent très dur, les femmes produisent moins ».

Le moment de prendre conscience

L’ironie du sort relève Helen Clark, candidate à la succession de Ban Ki Moon, « c’est seulement lorsqu’on commence à parler d’argent que les gens se disent mon Dieu, il y a des conséquences si on ne fait rien ». C’est ensuite que l’on admet que « l’égalité des genres est une bonne chose en soi » et que « le développement de l’Afrique sera plus rapide si l’égalité entre hommes et femmes est atteinte », a-t-elle soutenu.

Pour remédier à ces énormes pertes, le rapport propose de créer une banque africaine d’investissement pour les femmes et la mise en place d’un label de certification « égalité des genres » pour promouvoir les principes d’égalité entre hommes et femmes sur le lieu de travail.

Oui KOETA

Burkina24

Source : pnud.org / afrique.lepoint.fr


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