Destitutions tous azimuts de maires : Retour d’un vieux démon sous Yayi
Le maire d’Allada est destitué hier, mercredi 31 août 2016 par la majorité des membres du conseil communal. D’autres maires sont en sursis. Un phénomène qui n’est malheureusement pas nouveau au Bénin.
Mathias Djigla n’est plus maire de la commune d’Allada. En tout cas, s’il faut s’en tenir au vote de déviance de douze (12) des dix-huit (18) membres du conseil communal. La menace était dans l’air depuis quelque temps. La procédure enclenchée par les douze conseillers «anti-Djigla» a abouti hier avec l’éjection du maire en place depuis un peu plus d’un an. Sauf cataclysme, le préfet du département de l’Atlantique devra confirmer ce vote par la prise d’un arrêté, comme le prévoient les textes en vigueur. C’est vrai que les soutiens du maire déchu ne l’entendent pas de cette oreille. C’est le cas du conseiller Lucien Hinnouhou. Invité du journal télévisé du soir de Canal 3 hier, il a souligné que «le maire n’est pas destitué», contrairement à ce qui se dit. Il l’explique par le fait que le conseil communal compte 19 membres dont 13 défavorables au maire Mathias Djigla. Mais un de ces 13 conseillers est décédé. Du coup, a-t-il continué, les frondeurs n’ont pu réunir les 13 voix nécessaires pour destituer le maire. Dans tous les cas, l’arrêté préfectoral est désormais très attendu. S’il confirme la destitution, les conseillers pro-Djigla n’excluent pas de saisir la juridiction compétente pour trancher.
L’autre maire qui est en danger, c’est celui de la commune de Parakou. Souradjou Karimou pourrait ne plus être maire de Parakou d’ici les jours à venir. 19 des 25 conseillers communaux viennent de signer la procédure de sa destitution. Le maire en a pris acte à travers une déclaration lue à l’intention de ses administrés qu’il appelle d’ailleurs au calme jusqu’au terme de la procédure. Les autres foyers de tension se trouvent aux conseils communaux de Djidja et de Za-Kpota. Les choses pourraient aller dans un sens comme dans l’autre à ces niveaux.
Mesure purement politique
Seulement que cette actualité au niveau de certaines mairies du Bénin en rappelle une époque sombre. Il s’agit des années 2009 et 2010. C’était à la fin du premier mandat de l’ex président de la République, Boni Yayi. Plusieurs municipalités ont connu des destitutions de maires. On y voyait les mains du pouvoir en place en vue de contrôler ces mairies pour des rendez-vous électoraux. Le phénomène refait surface plus de six ans après. Cette fois-ci, il se manifeste en début de mandat du nouveau président de la République, Patrice Talon. Ce qu’il faut noter, c’est que la destitution d’un maire est prévue par la loi 97-09 portant organisation des communes au Bénin. Elle est encadrée par un décret qui précise la procédure de destitution. La destitution d’un maire, faut-il le reconnaître, est une mesure purement politique. Puisqu’elle part d’une crise de confiance du conseil communal vis-à-vis de son maire. A partir de cet instant, les membres du conseil communal ont presque toutes les cartes en main pour parvenir à leur fin. Le moins qu’on puisse dire est que ce vieux démon d’une autre époque ressurgit. Des maires vont en faire l’amer constat.
Athanase Dèwanou
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