Oumarou Zougmoré : « Je suis animé par l’esprit de faire découvrir les valeurs culturelles du Burkina »
Oumarou Zougmoré est étudiant burkinabè vivant à Taïwan. Nanti d’un Master en International Business Administration (MIBA) à l’Université de Culture Chinoise à Taïwan, il continue de fortifier sa besace d’une formation en Traduction-interprétariat. C’est justement ce qui lui vaudra de participer régulièrement à une série de TV Show dans cet État souverain d’Asie de l’Est et être lauréat de plusieurs concours linguistiques en langue chinoise dont le plus récent est le concours « Plusieurs Langues, Un Monde » organisé par le système des Nations Unies.
Burkina24 (B24): De Ouagadougou à Taïwan, racontez-nous, les circonstances qui vous ont emmené à opter pour Taïwan où vous vivez présentement ?
Oumarou Zougmoré (Z.O.): Il faut dire que mon parcours scolaire et académique est un peu atypique. Puisque après l’université de Koudougou dans mon Burkina Faso natal où j’ai obtenu mon diplôme universitaire en Finance-Comptabilité, j’ai opté de poursuivre des études linguistiques en langue et culture chinoise à l’Université Catholique de Fujen ici en Taiwan.
Après, j’ai décidé de faire un Master en International Business Administration pour mieux cerner l’économie taïwanaise en particulier et de l’Asie de l’Est en général, et aussi pour mieux comprendre le fonctionnement des multinationales.
B24: En tant qu’étudiant, quels ont été les premiers défis face auxquels vous avez été confrontés une fois à Taïwan, loin de votre famille ?
Z.O.: Tout d’abord, le premier défia été celui de la langue. La langue hinoise, le mandarin, est une langue fascinante avec 5 tons. Au cours de l’apprentissage, peu d’apprenants vous diront que c’est une langue facile à appréhender car le chinois n’est pas une langue monotone. Cependant, plus vous l’apprendrez plus vous trouverez une logique impressionnante et un sens profond sur les caractères (lettres chinoises) et la grammaire.
Le deuxième défi a été celui du climat. Ici à Taiwan, il pleut quasiment toutes les 4 saisons. Par conséquent, le parapluie devient un objet indispensable quand vous mettez le nez dehors.
Enfin, le défi de l’alimentation. Il m’a fallu du temps pour m’habituer aux cuisines chinoises. Bien que saines, j’ai dû conjuguer un bout de temps avec les « fast foods » et conserves.
B24: Vous avez été récemment lauréat d’un concours d’écriture d’essai sur le multi-culturisme et le multilinguisme dénommé « Plusieurs langues un monde», en anglais, « Many Languages One World ». Avant de nous dire de quoi il s’agit concrètement, expliquez-nous les motivations qui vous ont animé, en y participant.
Z.O.: En fait, étant polyglotte, je suis animé par l’esprit de faire découvrir aux autres nations les valeurs culturelles de l’Afrique en général, et celles du Burkina Faso particulièrement. Le concours « Many Languages One World » est une compétition de renommée internationale permettant à des jeunes étudiants de soumettre une dissertation dans l’une des six langues officielles des Nations Unies, qui devait être différente de la langue maternelle ou de la langue principale d’enseignement.
L’objectif est de permettre au candidat de partager avec le monde entier ses idées sur l’importance du Multi culturisme et multilinguisme, en rédigeant un essai traitant de la citoyenneté mondiale, de la compréhension culturelle et du rôle joué par le multilinguisme dans la promotion de celles-ci. Cette année, plus de 9 000 étudiants de 165 pays ont participé à la phase initiale. Au finish, 60 étudiants ont été retenus. Moi, je participais avec un essai en Chinois.
B24: Que retenez-vous de cette expérience?
Z.O.: Oliver Wendell Holmes le disait : « Un esprit qui est tendu par une nouvelle expérience ne peut jamais revenir à ses anciennes dimensions.» En effet, Cette expérience est une expérience unique dans la vie d’un étudiant. Ces quelques jours de séance de travaux, avec plus d’une soixantaine de camarades sur les objectifs de plans de développement durable agenda 2030 de l’ONU, m’ont permis d’appréhender un tant soit peu la culture, l’histoire, les habitudes des ressortissants de 36 pays, tout genre confondu. Quand vous vous dites multilingue et vous rencontrez des polyglottes, il n’y a rien de plus motivant. En fait, chacun parle au moins 5 langues dont au moins 3 langues officielles de l’ONU.
Cette expérience m’a aussi permis de comprendre une fois de plus que « nul ne peut contester l’importance d’une langue » sinon que notre parenté à plaisanterie n’existerait pas. Une langue est un outil majeur qui facilite le rapprochement des peuples.
B24: Après ce sacre honorant le Burkina Faso au « Many Languages, One World » à New York aux Etats-Unis, quels sont vos projets à ce jour ?
Z.O.: Je suis un étudiant polyvalent. Je suis plus axé sur la recherche culturelle, linguistique et marketing. En plus ma thèse porte sur l’énergie pétrolière.
Bien qu’il existe plus d’une grande différence entre le monde asiatique et celui africain, les besoins de nos populations restent les mêmes, les besoins en eau potable, énergie, l’éducation. Je rêve d’ailleurs pouvoir mettre ces expériences acquissent pour assoupir les besoins de notre population.
B24: De loin depuis Taïwan où vous étudiez, quel est le regard que vous portez sur la vie socio-politique du Burkina Faso depuis que le Président Roch Marc Kaboré est aux affaires ?
Z.O.: Dans un premier temps, je salue les efforts consentis par le gouvernement du Président Roch Kaboré en ce qui concerne la valorisation du capital humain. En tant que jeune et vu les circonstances de la constitution de ce gouvernement, les membres du gouvernement à travers leur discours montrent qu’ils ont compris les difficultés auxquelles faisait et fait face encore notre vaillante et brave jeunesse.
Deuxièmement, notre économie est une économie transitoire. Le gouvernement par les efforts de collaborer avec les partenaires extérieurs, nous permet non seulement de repenser à l’industrialisation et de renforcer la production locale, mais aussi permettre la création d’une valeur ajoutée sur les produits locaux.
Par ailleurs, le gouvernement doit continuer à jouer son rôle de proximité. Avec ces dernières catastrophes naturelles dont certaines villes ont été victimes, ces situations nous interpellent tous sur la nécessité de revoir notre système d’urbanisation et d’assainissement.
Enfin, l’un des problèmes cruciaux à résoudre est de combattre l’ambivalence, le laxisme et apporter une justice sociale. Egalement, il faudra renforcer et réadapter les plans de développement durable conçus pour réduire les souffrances de nos populations des villes et campagnes. Le problème de la santé et la sécurité, la formation professionnelle, l’urbanisme et l’assainissement, le transport, l’énergie et l’eau restent toujours critique.
B24: Un mot pour terminer
Z.O.: Merci à Burkina 24 pour la belle initiative d’accompagner la jeunesse burkinabè ! Nous avons beaucoup de défis à relever certes, mais avec l’éveil des consciences, l’espoir renaît. Restons unis, disciplinés et ayons l’esprit patriotique, car tout pays se construit sur ces valeurs sociales.
Interview réalisée par Kouamé L.-Ph. Arnaud KOUAKOU
Burkina24
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