Je peux devenir Koglweogo aussi !

Publié le jeudi 30 juin 2016

« Les sermons du vieux  Yelmigan » est une chronique satirique proposée par un « Observateur » avisé de la société burkinabè. Elle traite deux fois par mois (le 1er et le 15 du mois) sur Burkina 24 de sujets liés à la vie de la nation burkinabè. Véritable sermonneur, le Vieux Yelmigan ne prendra pas de gant pour parler à ses fils et ses filles de leurs comportements quotidiens dans la société.  Ame détestant les sermons, s’abstenir donc  de continuer la lecture !


Qu’est ce qui arrive au chef suprême des Koglweogo ? A-t-il été destitué ?

Affaire de koglweogo là, c’est dur de se positionner dèh ! Quand tu es contre on dit que c’est parce que tu vis loin des zones d’insécurité où les koglweogo ont posé des actes dignes d’intérêt. Quand tu es pour,  on t’assimile à un barbare d’un autre temps.

Cependant, il faut avoir le courage de le dire, il n’y a pas de place pour un groupe armé d’auto-défense dans un Etat de droit.

Les koglweogo ne datent pas d’aujourd’hui, je le sais. Ils sont vieux comme le Burkina, mais le problème c’est qu’aujourd’hui,  ils se sont modernisés et leurs pratiques portent souvent atteinte aux droits humains. Ils sont en train de perdre leur action citoyenne. Jamais les koglweogo d’antan n’étaient violents.

Ensuite, un groupe armé quelles  que soient ses intentions est toujours un danger pour la République.

Il suffit de jeter un coup d’œil à l’actualité bruyante de la Centrafrique. Là-bas chaque kilomètre a son groupe d’auto-défense. Eux aussi étaient nés pour défendre leur quartier contre les pillages puis après, ils sont devenus autre chose. Ils avaient des machettes et des fusils de chasse à leur naissance. Des années sont passées, ils ont des grenades et des kalachnikovs. Attention hein, avec un groupe d’auto-défense armé, la dérive est à portée de main. On l’a même vu à Fada, ils voulaient défier les militaires avec leurs fusils de chasse.

Nous avons fait le choix d’un Etat de droit, il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités et de résoudre le problème pour lequel ces groupes sont nés.

Nous attendons de l’Etat, qu’il leur ôte ce qui n’est pas de leur champ d’action pour que ces groupes, comme toute association, puissent s’épanouir dans le domaine qui est le leur. L’incarcération, les sévices corporels, le prélèvement d’impôt, les amendes sont interdits à tout groupe privé.

Simon Compaoré doit être entendu par le Parlement

Il avait fait son show devant le Parlement, défendant bec et ongle l’existence de ces groupes, il en vantait les mérites, à tel point que le Président de l’Assemblée l’a bombardé du titre de « chef suprême des koglweogo ». Quelques jours, après il se faisait consacrer président national des koglweogo du haut d’un 4X4. Alors s’il y a problème, il faut s’adresser au président national.

Intérêt politique, cynisme, incompétence ou défaut d’autorité ?

Ah moi je ne sais pas hein ! Mais quand un président local dit que ce que le président national a dit  n’engage que lui, cela pose un problème sérieux. Parlait-il au Simon Compaoré, ministre de la sécurité  et de surcroît celui-là même qui est chargé de la légalité et de la légitimité des associations ou s’adressait-il au président consacré des Koglweogo ?

Une chose est sûre, lorsque Simon défendait les koglweogo, c’était avant le 22 mai 2016 et lorsqu’il a dit qu’il va sévir sur ce groupe, les élections étaient derrière nous. Attention hein, je n’ai pas dit qu’il avait fait un calcul politicien.

Attention aux amalgames : il faut agir pendant qu’il est encore tant

Pour répondre au message de leur chef suprême qui nous indiquait qu’il allait prendre des mesures fortes, les koglweogo, ont répondu de la plus forte manière. En direct de Kombissiri, soutenu par Boukary KABORE, ils ont dit qu’ils n’allaient pas changer de méthode : quel culot dans une République ! Ils ont même appelé le ministre de la sécurité à la retenue. Ouais !

Tout groupe armé privé doit être désarmé

Ce n’est pas parce que le crapaud ne mord pas qu’il faut le mettre dans son caleçon. Les koglweogo posent des actes salutaires, mais ils dépassent leur rôle et il faut arrêter la dérive à temps. Un groupe armé, bien structuré, maniant les armes, ça peut faire rêver plus d’un et ce n’est pas Boukary le « lion » qui dira le contraire, lui militaire, politicien et aujourd’hui koglweogo.

C’est bizarre que ces groupes cherchent à se structurer. On les a vus échangeant avec des OSC qui avaient le vent en poupe pendant l’insurrection mais qui sont devenues aphones après la liquidation des acquis de Zida. Coïncidence, bonne foi ou tentative de récupération du groupe par ces OSC. D’ici là qu’on nous présente Hervé OUATTARA comme un des chefs koglweogo. Qui sait ?

Et puis si ces groupes se sentent pousser des ailes, il n’est pas exclu qu’ils s’intéressent un jour aux ressources minières, qu’il étendent le prélèvement d’impôts aux sociétés minières sous le prétexte qu’ils sécurisent la zone et nous voilà dans l’usine à merde.

Continuons de faire semblant, comme si ça n’arrivait qu’aux Maliens, Nigériens, Centrafricains ou autres Congolais.

L’Etat doit prendre ses responsabilités. Lorsqu’un bébé pleure, il ne sert à rien de lui demander de se taire, il faut plutôt chercher à résoudre son problème. Il en a obligatoire un. Alors Monsieur le chef suprême des Koglweogo,  vous qui êtes le monsieur sécurité du pays, vos koglweogo crient.

Ils disent qu’ils sont nés pour pallier la carence sécuritaire dans leur zone, alors vous avez le choix : nous prendre pour des … ou trouver les moyens pour mettre fin à l’insécurité dans les zones sensibles. Sinon, demain je deviens Koglweogo moi aussi.

Yelmighan


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