Le Burkina en « laisse guidon » !

Publié le mardi 31 mai 2016

La jeunesse burkinabè avait été félicitée et ovationnée dans tout le monde entier comme ayant réussi une insurrection exceptionnelle en chassant le tenace Blaise Compaoré, vieux de 27 années de pouvoir. Et cerise sur le gâteau, cette même jeunesse a réussi l’exploit de faire barrage au coup d’Etat de l’homme le plus galonné du Burkina en termes d’actes de barbarie. Cette jeunesse s’est dressée tel un bouclier pour dire non aux propositions de Macky SALL.

Et cela leur a sans doute donné des ailes

La vague qui a balayé Blaise Compaoré et sa forteresse de 27 ans ronge doucement le Burkina. Une vague sans repère s’est levée, elle qui a pu chasser Blaise, ce n’est pas Laurent Bado avec son petit poing de karateka qui peut lui faire peur, ni l’enseignant de Koupéla ou Nagaré qui peut lui imposer quoi que ce soit. Cette vague lorsqu’elle a besoin d’une chose, il lui faut cela et que ça saute !

Mais les vagues ne se lèvent pas s’il n’y a pas de vent, alors qui sème le vent récolte des vagues !

Il est clair que si nous ne mettons pas le vent hors d’état de nuire, les vagues continueront à se former, à se lever, à lécher et à ravager tout sur leur passage et c’est notre beau Burkina, où jadis l’aîné était respecté, où le plus jeune connaissait sa place, qui en pâtira.

Mais à qui la faute ?

Dans les différents actes d’incivisme que nous vivons depuis un certain temps, il y a soit un laissé faire des aînés – « un laisse guidon » quoi  – soit que l’éducation familiale a pris l’eau, soit que la jeunesse est inconsciente, soit que l’Etat est défaillant.

Aujourd’hui, le jeune et le vieillard se retrouvent tous deux saouls dans le même maquis, draguant les mêmes petites filles. Ou encore l’homme et la femme se retrouvent tous les deux au maquis, laissant la seule « bonne de maison » s’occuper des enfants. Les jeunes sombrent très tôt dans l’alcoolisme et la drogue sans que cela n’émeuve personne.

L’autorité parentale a volé en éclat, le bâton a été oublié, il n’y a que la carotte qui domine. Dans un tel cas, il n’y a plus d’autorité, ni à la maison, ni à l’école.

Même dans les campagnes reculées, la jeunesse est éduquée au cabaret par les vieux avec une dose de « qui m’a pousse » et autre alcool frelaté. Jadis l’imam, le pasteur, le curé du village ou encore le prêtre sacrificateur étaient écoutés. Aujourd’hui, les repères sont en train d’être déplacés. Le Burkina s’effondre. La jeunesse regarde les anciens. Lorsque que le faible voit son modèle tomber dans le vice, il perd espoir. Nous n’avons pas en tant qu’aîné su lever une jeunesse consciente.

La jeunesse n’a pas tort. Que cet ancien qui croit être un modèle leur jette la première pierre.

Une perte de confiance

Nos politiciens nous ont trahis. Même celui sur qui pesait un espoir fou, on nous dit qu’il a dealé, à commencer par ses étoiles de général. Voilà qu’il a déserté mais rien ne se fait. Cette jeunesse observe aussi cette injustice.

Aujourd’hui, les magistrats eux-mêmes dénoncent des actes de corruption en leur sein. On nous annonce que 57 véhicules de l’Etat ont quitté la Présidence à la fin de la transition et ne sont pas encore de retour.

Le fonctionnaire à 13h lorsqu’il tombe dans le maquis oublie de revenir au bureau ne serait-ce même que pour éteindre la clim.

Comment arrêter ce mouvement de vague que le vent de l’injustice, de la compromission des pères et mères et de la mal gouvernance a soulevé ? Sous les secousses de cette vague d’une magnitude jamais vue au Burkina, la digue du respect de la chose publique et des valeurs morales s’est brisée, laissant affluer une vague de jeunes inconscients que les nouvelles autorités et la société toute entière n’arrivent  plus à contenir.

Le résultat est là, glaçant, effrayant, terrible, les vagues dans leur activité sempiternelle charrient une quantité de jeunes sans repère. Mais bon ! Qui devait donner à ces jeunes le repère ? Moi je ne sais pas hein !

Aujourd’hui, comme ça ne touche pas tout le monde, chacun reste dans son petit coin pour cuire sa petite soupe à petit feu pour sa petite famille.

Face à ce mouvement de vagues barbares, incrédules nous faisons mine de ne pas comprendre ce qui nous arrive. Nous nous endormons après le passage de chaque vague, oubliant qu’une vague peut en cacher une autre.

Je ne vais quand même pas jouer à l’avocat du diable et penser avec Maître VERGES que chaque jeune qui pose un acte d’incivisme est un poseur de question ? Mais je vous laisse avec votre conscience.

Il faut avoir le courage de situer les responsabilités dans cette affaire. C’est à ce prix que nous trouverons la solution. Evitons de laisser notre jeunesse sombrer dans la liberté aveugle, tel l’occident aujourd’hui.

Yelmighan


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