Tractations pour la présidentielle de 2016 : Ce que Houngbédji a dit de Talon, Ajavon et les autres

Publié le jeudi 24 mars 2016

Aujourd’hui, le Parti du renouveau démocratique (Prd) est prêt à travailler avec le nouveau Chef de l’Etat, Patrice Talon. Sauf que lors de la pré-campagne, les candidats Talon, Ajavon et bien d’autres se sont approchés des responsables du Prd afin d’avoir leur soutien. Un non catégorique leur a été dit. Le 12 janvier 2016, à quelques heures de la clôture du dépôt des dossiers de candidatures, le Bénin découvre l’alliance républicaine constituée des Fcbe, de la Rb et du Prd. Quelques jours plus tard, lors d’un entretien sur la télévision nationale, Me Adrien Houngbédji, président du Prd, a expliqué le refus qu’il a dit à ses courtisans et fait comprendre que son alliance a de fortes chances de remporter les élections, surtout dès le 1er tour. Prophétie non réalisée. Retour sur les propos du président du Prd, Me Adrien Houngbédji. 

Extraits des propos de Me Houngbédji sur l’Ortb Tv

Parlons de la vie de votre parti politique. Comment se porte le Prd ?

Le Prd se porte très bien. Mais j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de fantasme chaque fois que les élections approchent, on dit qu’il y a des remous. Paul a démissionné ou Pierre a démissionné. C’est des gens qui viennent dire du n’importe quoi. Ce ne sont pas nos militants. Les vrais militants sont ceux qui appartiennent à nos structures. J’ai vu des reportages où on a tendu des micros à des gens que moi, le président du Parti, je n’ai jamais vu. C’est faux et c’est archi faux

 

Peut-être de nouveaux militants….

De nouveaux militants ? C’est un drôle de façon de devenir militant que de commencer à critiquer la décision prise par l’instance du parti.

On vous voit partout avec des populations.

Des populations à la base chez moi ! On ne peut quand même pas m’interdire de recevoir chez moi qui je veux. Je suis rentré de Paris lundi et entre mardi et aujourd’hui, j’ai reçu les structures du parti dans quatre communes déjà. Ça prouve que le parti se porte bien. Dire que ma maison a été brulée. Vous avez vu ma maison brûlée ?

Ceux qui ont parlé de maison brulée, font allusion justement au 12 janvier dernier quand on a découvert  à la télévision que le Prd, la Rb et les Fcbe sont pour candidat Zinsou. On va écouter d’ailleurs le candidat…

Non attendez ! Est-ce que c’est vrai qu’une maison a été brulée ? C’est à ça que nous allons répondre d’abord. Est-ce que c’est vrai qu’une maison a été brûlée ? Moi ma maison à Porto-Novo, c’est une maison du peuple. On entre comme on veut. Nous c’est notre tradition. On ne brule pas la maison de famille. Vous m’appelez à une heure ou à deux heures du matin pour demander si ma maison est en train d’être brûlée. C’est de l’affabulation. On a dit qu’il a des chars devant ma maison. Si vous trouvez du monde devant ma maison, ce sont les militants qui viennent pour soutenir le parti. Il y en a eu au moins dix mille en quelques heures. Si vous ne croyez pas, venez samedi. Est-ce qu’il y a quelque chose d’anormal à ce que d’un parti qui est structuré comme le nôtre puisse parler avec ses militants surtout dans une période d’intoxication ? Dès que vous ouvrez la télévision, on dit ça y est ! Le Prd a explosé. Ça y est ! Il y a démission, il y a dissension. C’est notre devoir d’appeler nos militants et de leur dire ce qui se passe. Est-ce que vous avez entendu qu’au cours des réunions que nous avons eues, le président ou les membres de la DEN ont été hués ? Au contraire, ils ont été ovationnés. Les militants ont applaudi et approuvé la décision que nous avons prise. Où est le problème ? J’ai l’impression qu’il y a du fantasme. Nous sommes là pour lutter contre le fantasme parce que nous sommes un parti structuré. Voilà ce que je peux vous répondre.

D’accord président, on retourne encore à la régie pour écouter les propos du candidat Lionel Zinsou.

(Déclaration du candidat Zinsou annonçant la coalition FCBE-PRD-RB)

C’est à l’occasion du dépôt des candidats qu’on a eu l’annonce de que les Fcbe, le Prd et la Rb sont ensemble pour soutenir le candidat Lionel Zinsou. Pourquoi avoir fait ce choix ? Et pourquoi avoir attendu le dernier moment pour le faire.

C’est une vraie question. C’est la question pour laquelle je suis venu ici. Le Prd existe depuis 25 ans, pendant lesquels nous n’avons fait que de l’opposition. Nous n’avons été au gouvernement pendant un peu moins de deux ans. Donc tout le temps, nous avons fait l’opposition et nous avons participé à tous les combats pour la démocratie, la liberté pour la bonne gouvernance. Nous avons participé à tous les combats qui portent nos valeurs. Le dernier combat auquel nous nous sommes opposés, c’est avec le président Boni Yayi. Nous avons créé le parti pour pouvoir arriver à assumer les responsabilités au sommet de l’Etat. Mais nous n’avons pas réussi. Où est-ce que nous allons continuer ? Le président Yayi Boni s’en va. Nous nous sommes opposants à Yayi Boni. Le 28 février à pareille heure, le président Yayi Boni est quasiment parti. Est-ce que nous allons continuer notre opposition vis-à-vis de celui qui va venir ? C’est là la vraie question. Et nous nous sommes dits non. On s’arrête à Yayi Boni. Ce qui arrive après Yayi Boni ne le regarde pas. Nous avons été aux élections présidentielles cinq fois. La dernière fois, nous avons eu la faiblesse de croire que nous avons gagné. Vous pouvez dire ce que vous voulez. En 2011, c’est nous qui avons gagné.

Mais c’est ce que la Cour constitutionnelle a dit 

Je vous ai dit et je dis à la Cour constitutionnelle et je le dirai jusqu’à ma mort que c’est nous qui avons gagné. J’ai le droit de le dire et je l’ai toujours dit. C’est nous qui avons gagné. La Cour constitutionnelle, institution chargée de proclamer les résultats, a dit que c’est un autre qui a gagné.  C’est son droit. La liberté de parole est sacrée. Nous nous sommes réunis et on a dit 25 ans d’opposition, est-ce que nous allons faire encore 05 autres ? 10 autres ? Nous sommes allés en Conseil national à Ifangni ; parce que les Béninois ne suivent pas. Nous sommes allés en conseil à Ifangni et nous avons dit que pour les élections de 2016, nous n’aurons pas de candidat. Puisque chaque fois, nous y allons et chaque fois nous sommes perdants. Laissons les autres présenter leurs candidats. Et le moment venu, nous allons voir parmi le panel de candidats qu’on nous présentera, celui qui va gagner et nous soutiendrons celui-là pour lui permettre de gagner. Nous l’avons dit très fort, n’est-ce pas ? Et le moment est venu et nous n’avons pas eu de candidat et nous constatons qu’il y a des candidats, des candidats et des candidats. Et nous avons choisi Lionel Zinsou.

Pourquoi ?

Nous avons choisi Lionel Zinsou pour des raisons simples. Vous avez d’un côté la mouvance qui fait 40 députés. Nous avons de l’autre côté la coalition avec 42, vous mettez le Prd de côté parce que nous n’avons pas de candidat et nous, nous sommes dits est-ce que la cohésion qui a prévalu dans la nuit du 19 au 20 mai et qui a permis de mettre en place le bureau de l’Assemblée nationale, est-ce que cette coalition existe encore ? Non ! Si elle existait, elle aurait un seul candidat. Elle a eu un candidat pour le perchoir, si elle existait encore, elle aurait eu un candidat pour les élections présidentielles. Or, qu’est-ce que nous constatons ? C’est parmi les 32 qu’il y a Ajavon, Talon, Koupaki, Eric Houndété, Bio Tchané et c’est parmi les 32 qu’il y a Gbian, Saley. C’est là la vérité. Il y a 07 candidats pour 32. Et nous, avec nos maigres voix que nous avons eues à la sueur du front, que nous votions non pas pour l’ensemble puisqu’ils ne sont pas ensemble, mais pour l’un d’eux ? Nous posons la question : est-ce que les voix du Prd plus les voix de Talon, est-ce que ça permet de faire élire un président de la République au Bénin ? Est-ce que les voix du Prd plus les voix de Ajavon, est-ce que ça permet de faire élire un président de la République au Bénin ? Non, parce que nous, nous ne représentons que 20% de l’électorat. Alors que pour arriver à être élu président, il faut avoir 50%. Monsieur Talon ne représente pas ça, Mr Ajavon ne représente pas ça, Monsieur Koupaki ne représente pas ça. Alors que nous, nous ne voulons pas gaspiller nos voix en votant pour des gens qui n’ont pas la chance d’être élus. Quand vous prenez la réalité politique aujourd’hui, les Fcbe sont 40 à l’Assemblée nationale ; ils sont cohérents, ils ont la cohésion et ils vont toujours dans le même sens. Tandis qu’à ma droite, chacun vote pratiquement comme il veut.

Les Fcbe sont cohérents mais ces derniers temps, on a vu……

Non ! non ! Moi je suis le président de l’Assemblée nationale et du haut du perchoir, je vois comment ça se passe.  La cohésion c’est là où ça se trouve. Nous n’allons pas gâter nos maigres voix pour aller voter pour quelqu’un qui n’a que cinq, six ou sept députés avec lui. Nous ne sommes pas contre Ajavon, ni contre Talon, ni contre Koupaki. Nous ne sommes contre personne. Ce sont des amis mais nous voulons participer à la gestion du pouvoir en 2016. Et pour nous, celui qui a les meilleures chances c’est  celui qui est soutenu par les Fcbe qui est la première force politique du pays.

Me Adrien Houngbédji, on a découvert à la Céna les trois logos ensemble pour soutenir Lionel Zinsou…

Mais laissez-moi vous répondre. Je suis en train de vous répondre et vous voulez fuir la question. Le choix de Lionel Zinsou et pourquoi avoir choisi ce moment, c’est ça non ?

Les téléspectateurs ont compris le choix de Zinsou mais ce qu’ils veulent comprendre, c’est l’accord que le Prd a eu avec le candidat.

Je vais vous répondre. Je n’ai pas peur de vos questions. C’est nous-mêmes qui a avons décidé que c’est à notre conseil national et au congrès que nous allons officialiser notre choix. C’est nous. Ce n’est pas ceux qui parlent là. Parce que notre Règlement intérieur et notre statut disent que lorsque nous choisissons un candidat d’alliance, c’est le conseil national qui entérine et c’est le congrès qui investit. Et c’est sur cette voie là que nous nous sommes mis en fixant la date de notre conseil national et de notre congrès d’investiture. Et puis il y a eu un fait inattendu. Le fait inattendu, c’est le problème de logo. La Céna a dit que les candidats doivent déjà venir avec leur logo. Nous nous sommes retrouvés devant une situation ce soir où il fallait trouver un logo. Les gens ont dit qu’on va mettre Fcbe. Nous avons dit jamais, nous n’avons jamais voté un logo Cauris, nos électeurs n’accepteront pas ça.  Les gens ont parlé de la Rb, on a dit non qu’on a jamais fait la Rb. La solution qu’on a trouvée en attendant, c’est de mettre le logo des trois partis qui se sont entendus. Où est le problème ?

Mais avant cela, Monsieur le président, il y a eu un accord ?

 Vous demandez ce qu’on ne demande pas. Dans quel pays, avez-vous vu publié un accord politique ?

Certains disent que c’est un accord sur lequel vous avez parlé les portefeuilles minis-tériels ?

Pensez ce que vous voulez. Dans tous les pays où il y a eu un gouvernement d’alliance, il y a toujours un accord. Est-ce qu’on met un accord sur une place publique ? Moi, ce n’est pas le premier accord que je fais. J’ai fait un accord avec le président Mathieu Kérékou.

Et ça n’a pas marché.

Kérékou ne nous a pas chassés. C’est nous qui sommes sortis. Quatre ministres du Prd sont sortis du gouvernement parce que nous n’étions plus d’accord avec la gouvernance du président Kérékou. Mais nous n’avons jamais mis sur la place publique cet accord. J’ai toujours cet accord. Alors pourquoi voulez-vous qu’à priori, alors que ce n’est même pas encore rentré en vigueur totalement, on le publie ? Vous avez jamais vu ça ?

Alors quelle garantie avez-vous par rapport à cet accord ?

Quelle garantie ils ont eue ceux qui ont signé un accord avec Boni Yayi en 2006 ? Quelle garantie ?

Votre réunion dans la nuit du 19 au 20 mai n’a pas résisté autant, qu’est-ce qui s’est passé ?

 A l’Assemblée nationale, tout va bien. On n’a aucune difficulté à faire fonctionner cette alliance. Mais là, nous sommes arrivés à l’étape des élections présidentielles. Nous avons dit que nous n’avons pas de candidat. Ça leur facilite la tâche. L’UN par exemple, ça lui a facilité la tâche. Si vous présentez un  candidat, nous allons voir et nous allons le soutenir peut-être. Est-ce que le candidat de l’UN est sorti à l’heure où nous parlons ? L’UN n’a pas de candidat. C’est pourquoi je vous ai dit, c’est parmi les 32 que Ajavon pioche ses soutiens, Talon pioche. Vous voulez que je vous cite les noms ? C’est là où Koupaki pioche, C’est là Houndété pioche, C’est là où Gbian pioche, C’est là où Issa Saley pioche. C’est dire donc que l’union sacrée n’existe plus. Et nous ? Vous voulez que après 25 ans d’opposition, nous allons porter nos voix sur l’un d’entre eux, non pas sur l’ensemble ? Enfin ! Les béninois vous regardent et vous écoutent.

Le Prd n’a pas un candidat. Lionel Zinsou est-il votre candidat ou un candidat que vous soutenez ?

C’est un candidat que nous allons investir parce que comme je vous l’ai dit tout à l’heure, notre Règlement intérieur et notre statut, il y a trois cas de figure. Premier cas de figure, nous présentons nous-mêmes notre propre candidat. Ce n’est pas le cas. Deuxième cas de figure, nous soutenons un candidat indépendant. On dit opérateur économique, on ne veut pas en entendre parler. Il reste le troisième cas de figure, candidat d’alliance de partis. Et c’est le cas de figure qu’il faut que le conseil national entérine et que le congrès investisse. Et si vous parlez d’accord entre nous, le jour où on le sortira, vous verrez ça dedans. Le samedi donc, nous allons soumettre la candidature de Lionel Zinsou à notre conseil national. Si le conseil dit non, nous ne voulons pas de Lionel Zinsou, croyez-moi, la direction exécutive nationale va en tirer les conséquences. Nous ne soutiendrons plus pour respecter nos textes.

Du coup, vous n’aurez plus de candidat, c’est ça ?

Comment ça ? Nous allons voir qui soutenir. Mais l’hypothèse que notre conseil national dise, «nous ne voulons pas du candidat Zinsou» est….. Sa candidature sera entérinée par le conseil national puisque c’est la direction exécutive nationale qui a décidé de le soutenir à l’unanimité.

Monsieur le Président, si on suit bien, vous avez décidé de ne plus faire l’opposition, vous avez décidé de choisir Lionel Zinsou comme votre candidat, par voie de conséquence pour vous, il va gagner les élections.

Si nous le soutenons et l’investissons, c’est avec de l’espoir qu’il va gagner les élections sinon à quoi ça sert de venir le soutenir et l’investir ? Nous n’avons pas dit que nous allons gagner forcément. Mais il y a toujours la glorieuse incertitude des urnes.  Mais nous disons qu’au vu de l’échiquier politique, de tous les candidats, c’est celui qui a les meilleures chances de gagner puisqu’il est soutenu par les plus grandes forces politiques du pays. On peut ne pas aimer les FCBE. Mais c’est eux les plus importants aujourd’hui. Nous, on a tout fait pour essayer de les disloquer. Ils ne veulent pas se laisser disloquer. C’est la force politique la plus importante du pays. Bon ! Nous, nous sommes la deuxième force politique. La RB est la troisième force politique. Nous estimons que la première force politique plus la deuxième force politique plus la troisième force politique, il y a des chances de faire KO. Il y a des chances. Je n’ai pas dit que c’est KO nécessairement mais il y a des chances. Les urnes peuvent en décider autrement. Nous sommes des démocrates. Nous allons nous incliner. Mais nous nous battrons pour que le candidat que nous avons choisi puisse passer.

L’honorable AHOUAN-VOEBLA a dit la dernière fois sur nos antennes que le match est pratiquement plié. Est-ce que vous allez dire la même chose que lui ?

C’est normal. C’est normal qu’il dise cela. Nous sommes en période de précampagne électorale. Vous voulez qu’il dise que notre candidat va être battu ? Vous voulez qu’il dise cela ?

Maître Adrien HOUN-GBEDJI, le PRD n’a pas de candidat en son sein. Il était hors de question qu’il soutienne un candidat indépendant. Pourquoi cette option ?

Voilà encore une vraie question. Je vais vous répondre. Pourquoi nous n’avons pas voulu d’un indépendant ? Un indépendant, qu’est-ce que c’est ? C’est un monsieur qui n’a pas de parti politique et qui dit : « Je suis Sébastien AJAVON. Je suis Patrice TALON. Votez pour moi ». Sur quelle base ?

Ils ne sont pas les seuls indépendants non ?

En tout cas, je prends les deux les plus connus. Sur quelle base un parti structuré comme le PRD irait voter pour un indépendant comme ça ? A aucun moment, ils ne se sont assis avec nous pour définir avec nous un programme de gouvernement, un projet de société. Cela veut dire : «Je vous donne de l’argent». Nous ne sommes pas à acheter. «Vous faites campagne pour moi. Et une fois que les élections seraient terminées, je vous ai déjà donné de l’argent pour faire campagne. Vous allez rester chez vous pour voir comment je vais diriger». Vous croyez que c’est satisfaisant  pour un parti comme le PRD ? Vous croyez que c’est satisfaisant  pour un parti comme le PRD ? Ce sont des Béninois. Ils ont le droit de se présenter. Mais nous, nous sommes un parti politique. Regardez ! Est-ce qu’il y a eu beaucoup d’empressement pour aller vers eux ? Comptez le nombre de partis politiques qui sont allés vers eux. Il n’y a qu’au dernier moment, le PSD qui, à défaut de mieux, s’est rallié à la candidature d’AJAVON. Quels sont les partis politiques vrais qui sont allés dans ce sens ? Il n’y en a pas…


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