UN KO MORT NE

Publié le mercredi 27 janvier 2016

En désignant  le «creuset»  qui soutient le Joker de Yayi Boni pour l’élection présidentielle de février prochain,  certains ténors de la mouvance présidentielle se targuent d’avoir mis sur pied la plus grande coalition politique jamais réalisée au Bénin depuis le Renouveau démocratique;  question de préparer psychologiquement les esprits au  KO programmé,  à l’instar du scenario de 2011. En temps normal, cette  coalition qui regroupe les trois premières forces politiques du Bénin, notamment  les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE), le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) et la Renaissance du Bénin (RB)  devrait, du point de vue arithmétique,  décourager les concurrents les plus hardis. Et pourtant, à voir les choses de près, la tête froide, il s’agit plutôt d’un autre ICC électoral, n’offrant aucune garantie et que seul l’esprit de lucre, la duplicité et le mépris de l’intérêt général peuvent encore justifier.  Examinons ce  monstre de près.

Il n’y a que Belzébul  et Belzébul seul,  pour concevoir et arracher  à coups de milliards cette alliance faite de bric et de broc. Son initiateur,  spécialiste de ces genres de tractations, savait très bien que la plus grande coalition rêvée, consistant à coincer dans un pacte de solidarité  le lion, l’antilope  et le foin,  ne pouvait pas  prospérer. Mais il le fallait bien dans l’optique du programmatique KO. Elle a été conclue secrètement, au mépris de toutes les règles de transparence et des principes démocratiques régissant le fonctionnement régulier des formations politiques. Quand bien même on savait  qu’elle n’aurait aucun impact sérieux sur l’issue  du scrutin,  on y a  pourtant englouti  toute une fortune dans un pays où les ressources manquent cruellement pour offrir de l’eau potable à tous. On n’en attendait que l’effet d’annonce, oubliant que là où les forces obscures sont à l’œuvre, la passion n’est jamais bien loin, contraignant la raison à battre en retraite  et tout  finit par s’effondrer  comme un château de cartes. Au sein de la mouvance, tous ceux qui ont  dû accepter  la chose, malgré  eux,  ne portent pas le candidat imposé dans leur cœur. N’allez surtout pas  leur demander, face à l’urne, de choisir celui qui est venu leur ravir la vedette. Certains militants de la mouvance  ont  officiellement claqué la porte et sont allés courageusement vers d’autres candidats. Ils ne sont pas à négliger non plus. Enfin reste le lot de ceux qui, au sein des Fcbe, ont décidé de se barricader dans leur fief électoral en se portant candidats pour  mettre en difficulté  cette alliance. Ils sont un certain nombre et draineront aussi leur petit monde aux dépens du candidat de cette coalition.

Du côté du Parti du Renouveau Démocratique (Prd), si l’on devait, de façon libre et transparente,  dégager un candidat présidentiel à l’externe, le nom de Lionel Zinsou ne passait pas. Le  leader des Tchoko Tchoko en avait pleinement conscience. C’est ce qui justifie  la  décision unilatérale  qu’il a prise. Des millions ont dû être déboursés par la suite,   non pas pour battre campagne pour ce candidat, mais pour justifier le choix du Bureau Politique  du parti et «demander pardon aux militants», chacun   étant en définitive  libre de voter  en conscience. Une fois les euros sonnants et trébuchants  empochés, les  clauses du pacte secret n’engagent que ceux qui y croient ! Voilà la vraie nature du contrat secret dans ce camp !  Inutile  d’ajouter que la débandade résultant de la surprise créée par cette décision est telle que les militants s’en sont allés à qui mieux  mieux  dans toutes les directions, sauf là où ils sont attendus.

Quant à la troisième  composante de cette alliance,  la Renaissance du Bénin (RB), malgré les mises en garde répétées de ses parents, le  poulain Léhady  s’est malheureusement livré, pieds et mains liés à Yayi Boni. Pour son géniteur, c’est comme si on  avait « envouté son fils » ! Cette alliance a également fait voler la RB en éclats, consacrant deux camps adverses : celui  du fils rebelle mené du bout du nez par quelques acolytes  affamés et en face,  la forteresse de son père soutenu par les rois  et chefs traditionnels d’Abomey. Entre ces deux blocs  se trouve le lot de ceux qui sont découragés par ce que d’aucuns appellent les «éternelles frictions» de  la famille Soglo et qui,  de leur propre chef,  ont systématiquement rallié d’autres candidats sans attendre le mot d’ordre du parti.

De  cette «grande» coalition, il ne reste  en réalité que la portion congrue, faite des inconditionnels de Lionel Zinsou qui eux, dans le meilleur des cas, peuvent vraiment se compter du bout des doigts. A mesure que les jours s’égrènent inexorablement vers l’échéance fatidique  du 28 février,  l’on se rend à l’évidence que la mayonnaise Zinsou au sein de cette «grande» coalition  ne prend pas et  suscite plutôt indignations,  réprobations et malédictions. Voilà la situation réelle de cette coalition désirée par Yayi Boni. Objectivement, toute velléité de fraude mise à part, il n’y a pas de quoi faire un KO et encore moins espérer un positionnement  pour un second tour, à moins d’un miracle de dernière minute. De ce point de vue  reste un ultime scenario difficilement parable, dont l’entêtement diabolique des Fcbe en perte de vitesse est bien  capable : c’est la mise hors tension des réseaux Gsm et internet pour mettre à mal tout le dispositif programmé de ventilation instantanée des résultats. Il est préférable que les esprits malins qui soutiennent Yayi Boni  dans ses derniers soubresauts le lui déconseillent vivement.

Enfin,  Lionel Zinsou vient d’une famille qui a certes de l’amour propre et de la dignité : une épouse, des enfants, un père, des frères ou des sœurs  qui l’aiment effectivement. Ils pourraient encore lui prodiguer de sages conseils  et  dissuader ce «carpillon»  de s’aventurer dans les eaux profondes et  périlleuses  du Bénin infestées de prédateurs aux  dents d’acier. L’issue de cette aventure n’augure rien d’encourageant,  vu l’engrenage dans lequel il s’est empêtré, celui du reniement,  des voltes faces,  de la  félonie et de la  perversion dont la pièce maîtresse n’est autre que l’éternel manitou qui a la triste réputation de n’être  fidèle à rien! Dans cet imbroglio,  reste alors un geste sublime : Renoncer.  Oui, il en est encore temps ! En revanche, persévérer est diabolique !

                                                                                              Babatoundé C. AMINOU


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