Médiateur non grata

Publié le lundi 7 décembre 2015

Bujumbura a évité l’intrusion de Cotonou dans la crise au Burundi. En effet, le Président Boni Yayi du Bénin n’est pas perçu comme le bon médiateur pour être porteur d’une solution respectable dans la crise. Et pour cause, son échec cuisant dans la crise burkinabé lui colle à la peau comme un passif lourd (1). Ce qui met en berne la diplomatie béninoise (2) sur le continent.

  1. Un passif lourd.

Au compteur du médiateur béninois, on n’a pas souvenance de quelque exploit si ce n’est le cas du coup d’Etat ambigu du Général Diemdéré. Là encore, le Président du Bénin, Boni Yayi et son homologue sénégalais, Macky Sall, ont tenté une médiation sale. Le peuple Burkinabé a rejeté les bons offices à eux assignés par la Cedeao. En effet, aux premières heures du coup de force, les médiateurs ont proposé l’armistice aux nouveaux autocrates. Ce qui laisse à penser que la médiation est complaisante. Le Président Boni Yayi ne se soucie de son image réelle à l’international. En effet, il est perçu comme quelqu’un qui ne respecte pas les décisions de justice dans son pays. Dès lors, quel crédit doit-on porter à quelqu’un qui bafoue les lois de son pays ? Aucun. Avec un vent de panafricanisme résolu dans la région, le Président n’a pas pris conscience qu’on le soupçonne d’être une marionnette de la France-Afrique.

Boni Yayi lui aussi avait cherché en vain un troisième mandat sous le couvert d’introduction de la cour des comptes dans la constitution de son pays. Par conséquent, il n’a rien à dire de sérieux à son homologue burundais. Le Président de la République du Bénin met ainsi en situation difficile, la diplomatie béninoise.

  1. Une diplomatie en berne

La diplomatie et le bavardage intempestif ne font pas bon ménage. A quoi sert-il de choisir un médiateur qui ne résiste pas au micro et aux caméras ? A rien. La diplomatie béninoise est peu charismatique. En prétextant d’un agenda chargé, le Président du Burundi a décliné avec élégance l’intrusion du Président béninois sollicité en complément d’effectif. Le langage diplomatique approprié est celui-ci :  » NkosazanaDlamini-Zuma l’a sollicité en complément des initiatives en cours « . Le Président Boni Yayimet à mal la diplomatie de son pays. Il agace de plus en plus ses pairs. En s’invitant sans carte dans les crises complexes de la région, il donne l’impression à l’opinion publique africaine que les affaires présidentielles internes de son pays ne l’occupent pas assez. Et pourtant…

La diplomatie de crise, au cœur de laquelle se trouve la médiation nécessite de la circonspection, de la connaissance des enjeux et de l’histoire. Il nous semble que sur ce sujet précis, les diplomates béninois n’ont pas été suivis. Comme à l’accoutumée.

Herbert-Tauyé Houngnibo


via La Presse du Jour http://ift.tt/1OeH9XX
Categories: ,