2006-2015 : Les promesses non-tenues de Yayi

Publié le mardi 29 décembre 2015

Dans trois mois environ Boni Yayi ne sera plus le président de la République du Bénin. Il a fait ses deux mandats et ne peut plus en briguer un autre. D’ailleurs, lui-même a déjà fait ses adieux aux députés lundi dernier à l’occasion du discours sur l’état de la nation. Discours qui a pris l’allure d’un bilan de ses deux mandats. Seulement, Yayi a évité d’évoquer beaucoup de sujets dont des promesses qu’il a faites au peuple et qu’il n’a pas tenues.

En dehors des grands scandales qui ont terni l’ère du changement et de la refondation, le règne de Boni Yayi de 2006 jusqu’à ce jour aura été marqué par des promesses non-tenues. Des effets d’annonce dont les Béninois attendent les réalisations depuis des années. Au premier plan de ces promesses non-tenues, la ville capitale. A son arrivée en 2006, Boni Yayi a dit son ambition de changer de visage à la capitale politique du Bénin. A trois mois de son départ du pouvoir, Porto-Novo n’a réellement pas changé de look. Yayi aura seulement sauvé la face avec le boulevard du cinquantenaire. Vu le contexte, on est tenté de dire que c’était une obligation. A cause de cela, les Ouémènous lui en gardent vraiment dent. Ils l’ont d’ailleurs sanctionné aux dernières élections législatives, communales et locales où le pouvoir en place a tout perdu dans cette ville, voire dans tout l’Ouémé. Le 15 janvier 2009, à l’occasion de l’inauguration du passage supérieur Willy Brandt sur l’avenue Steinmetz à Cotonou, Yayi a fait annoncer par son ministre des transports d’alors, Nicaise Kotchami Fagnon, la reconstruction du pont de Porto-Novo en un an. En décembre 2015, les Portonoviens n’ont toujours pas leur pont réfectionné. Une chose est certaine, ce ne sera plus au temps de l’actuel président de la République. Porto-Novo, encore elle, attend toujours d’inaugurer le nouveau siège de l’Assemblée nationale. Yayi avait juré tenir son dernier discours sur l’état de la nation dans cet édifice. C’est raté. Il l’a fait lundi dernier à la maison des gouverneurs.Dans le vieux bâtiment. Quel péché la capitale a-t-elle pu commettre pour mériter ce sort ? La liste des promesses non-tenues de Yayi ne sont malheureusement pas exhaustives à ce niveau.

Le K.O puis c’est tout

En 2011, lors de la campagne pour la présidentielle, le Chef de l’Etat sortant a entre autres publiquement annoncé qu’une fois réélu, il trouvera de solution aux spoliés de Icc-Services. Ces spoliés ont, depuis, perdu espoir. Rien de cela ne sera effectif. Croyant à cette promesse du premier des leurs, beaucoup de ces spoliés auraient sans doute donné leurs voix à Yayi. Et bien il est réélu et pas de sous empoché. Là encore, c’est raté. Ces milliers de Béninois n’auront que leurs yeux pour pleurer. Certains sont déjà morts sans avoir rien trouvé. Si le Chef de l’Etat n’a pu les aider, qui le pourra ? Point n’est besoin de souligner que cette affaire de Icc-Services est l’un des gros scandales qu’a connu le régime du changement et de la refondation. Dernièrement, ce sont les conducteurs de taxi-moto (Zémidjans) qui ont décidé de lâcher le Chef de l’Etat. Les amis en maillot jaune de Yayi, les hommes à tout faire n’ont pas oublié la promesse de mise en place d’un fond d’un milliard qui devait permettre leur reconversion. Voyant que cette promesse n’a pas été tenue et que Yayi est à trois mois de son départ, totalement déçus, ils l’ont quitté. En ce qui concerne les artistes, le gouvernement s’est empressé de poser la première pierre de leur maison. Des indiscrétions font état de ce qu’il s’agirait encore d’une farce. Mon Dieu ! Faudrait-il encore évoquer la lutte contre la corruption sous Yayi ! C’est la catastrophe. C’est en réalité le plus gros échec du président sortant. Il aura beau marché contre ce fléau, il n’aura pas réussi à égratigner ce fléau. Bien au contraire, la corruption, selon les indications officielles, s’est amplifiée depuis 2006 au Bénin. Les donateurs américains du Programme Mca en savent quelque chose. Yayi a suscité beaucoup d’espoir en 2006 quand il prenait le pouvoir pour la première fois. Dix ans après, ce n’est plus évident. C’est le désespoir.

Jean-Marie Sèdolo


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