Ombres et Lumières
Le Général Mathieu Kérékou s’est éteint le mercredi 14 octobre 2015. Les hommages fusent de partout. Ne pas lui consacrer un moment de méditation est une faute. J’assume ma part de recueillement en jetant un regard d’enfant de l’école nouvelle sur les ombres (1) et lumières (2) de son parcours d’homme d’Etat. Entre ombres et lumières, l’immortel a rejoint l’infiniment grand.
- Ombres
Le Général Mathieu Kérékou a fait l’expérience d’un régime de discipline de 1972-1989. Comme tout régime de discipline, il y a eu des orientations qui ont nui aux droits de l’Homme. C’est à juste titre que des victimes se souviennent de faits et actes qui constituent une partie des ombres de son régime révolutionnaire. Ici comme ailleurs, le peuple a fait le pas du pardon. Sans une commission » Vérité et Réconciliation « , le génie béninois a trouvé la formule. Il est vrai que les ultra extrémistes de gauche, à peine 0,001% de la population continuent de réclamer le jugement du Président Mathieu Kérékou pour des faits relatifs à la révolution populaire. Ce choix compréhensible mais anachronique a un mérite de défoulement de l’esprit. Rien de grand ne se construit sans rédemption. Autres ombres du règne du Président Mathieu Kérékou, c’est la montée en puissance des » intellectuels tarés » au cours de son second mandat qualifié de » trop » par des observateurs indépendants. On peut aussi lui reprocher de n’avoir pas pu transformer son village natal, Kouarfa en Yamoussokro. Ces ombres se dissipent au contact des rayons lumineux de son action politique humaniste.
- Lumières
Le Président Mathieu Kérékou a été sensible vis-à-vis de la misère de la jeunesse. Il a crée beaucoup d’emplois. Il a été l’homme de la mis en œuvre effective de l’avènement de la presse privée. Chacun de nous peut se souvenir de cette phrase historique : » Si les journaux peuvent nourrir les jeunes, ils n’ont qu’à m’insulter tous les jours « . Mathieu Kérékou n’a jamais demandé à la Haac de fermer des journaux. Tout en nous rappelant au devoir déontologique, Mathieu Kérékou n’a jamais jugé utile de nous bannir. L’école nouvelle est le fertilisant du processus du développement révolutionnaire. Lieu de grand brassage, l’école nouvelle a eu le mérite de nous enseigner l’Eveil A et l’Eveil B. Comment ne pas évoquer les coopératives révolutionnaires, lieux d’initiatives et de promotion du savoir faire pratique ? Respectueux de la Constitution, il a une haute idée de la République et de l’Etat. Il est parvenu à faire de l’armée béninoise, une armée équilibrée et non ethnique.
Avec tant de rayons lumineux, il appartient aux communes de choisir librement les infrastructures susceptibles de conjuguer le Général Mathieu Kérékou à l’immortel. Ainsi, il aurait vaincu la mort.
Herbert-Tauyé HOUNGNIBO
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