Au camp Naaba Koom II, avec Kafando et ses « boys »

Publié le mercredi 30 septembre 2015

Après l’assaut des Forces armées sur le camp Naaba Koom II, précédemment occupé par les éléments dits « irréductibles » de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), c’était au tour d’une « escouade » de journalistes de monter au front du camp. Les caméras et les appareils photos ont crépité à la place des armes.

Rendez-vous 17h au ministère de la Défense nationale et des anciens combattants. De l’immense cour où trône le bâtiment, entouré d’herbes et d’arbres luxuriants, trois minibus emmènent les journalistes en direction du camp Naaba Koom II, situé quelques mètres plus loin à l’est.

Les « boys » de Kafando

Les militaires de l'armée burkinabè au carré d'armes du Camp Naaba Koom

Des militaires de l’armée burkinabè au carré d’armes du Camp Naaba Koom

Les tours de garde du camp apparaissent. Les journalistes espéraient bien voir l’intérieur. Mais c’est seulement l’une des entrées, dont la grille gît au sol (voir photo Une), des postes de contrôles vides de leurs occupants, des blindés et des soldats sur le qui-vive,  que les caméras et les appareils pourront effleurer. Pas de trace d’un militaire du RSP. L’environnement du camp Naaba Koom ? « C’est la brousse ici hein ! » Cette exclamation d’un confrère résume la description.

Le reste, c’est dans la pénombre de 18h que les chasseurs d’infos verront le carré d’armes de la caserne, avec trois colonnes de militaires.

Le Chef de l’Etat, Michel Kafando, rejoindra les journalistes quelques instants plus tard. L’air décontracté, il leur apprendra être venu faire connaissance des lieux, qu’il n’a jamais foulé depuis qu’il est président. « (…) Même si le RSP était censé protéger ma personne, en tant que Président du Faso, c’est la première fois que je découvre ce camp« , dit-il.

Le capitaine Blaise Compaoré trônait toujours dans le couloir de la salle de réunion du RSP © Burkina24

Le capitaine Blaise Compaoré trônait toujours dans le couloir de la salle de réunion du RSP © Burkina24

Michel Kafando ajoutera ensuite qu’il est venu féliciter la hiérarchie de l’armée à qui il a exprimé son admiration et adressé ses félicitations. Le Chef suprême des armées précise qu’il a aussi rencontré les « boys ». Entendez pas là les jeunes officiers et soldats qui ont le « boulot », mais que les journalistes ne verront pas, le service de communication les ayant d’ailleurs prévenus plus tôt qu’ils n’auront pas cette chance !

Pas de victimes

N’empêche, Kafando a expliqué qu’il leur a adressé ses félicitations à « ces futurs responsables » de l’armée burkinabè qui « ont compris très tôt qu’ils doivent voler au secours de la nation ». « Ils ont quitté la tranquillité qu’ils avaient pour venir ici pour l’amour de la patrie», ajoute-t-il.

Enfin, Michel Kafando lâche une information pour le moins surprenante. L’assaut sur le camp Naaba Koom n’a fait aucune victime. Et il insiste pour tous ceux qui douteraient, en ces termes :

« Le travail fait par l’armée nationale ne s’est soldé par aucune victime. J’ai entendu des gens dire qu’il y a eu tellement de morts. J’ai entendu même le Général Diendéré dire qu’avec les obus, il y a eu certainement beaucoup de victimes. A la comptabilité que moi-même j’ai vérifiée, nous avons eu cette prouesse de conquérir ce camp sans aucune victime. Je tiens à le souligner pour couper court aux rumeurs. La vérité est là ».

Comment cela-t-il est possible, alors que des obus ont été tirés sur le camp depuis la caserne Sangoulé Lamizana ? Un officier informera plus tard que, grâce à une connaissance cartographique du camp Naaba Koom, les tirs d’obus n’ont pas ciblé la « zone de vie » du camp. « Nous n’avons pas cherché à tuer des gens », dit-il.

Michel Kafando s'adressant aux journalistes © Burkina24

Michel Kafando s’adressant aux journalistes © Burkina24

Ces tirs ont en réalité été concentrés sur des zones bien précises pour « obliger les soldats restés dans les bâtiments à sortir ». Ensuite, les blindés au sol ont canonné des postes d’armes.

Les soldats de l’ex-RSP qui se trouvaient se seraient rendus ensuite aux troupes au sol. Mais les opérations de ratissage continuent pour débusquer d’éventuels soldats « puisque la caserne est très vaste », ajoute un autre officier. Y a-t-il eu des prisonniers ? Il faudra attendre la fin de l’opération.

Les journalistes à côté de l'un des blindés présents au camp © Burkina24

Les journalistes à côté de l’un des blindés présents au camp © Burkina24

Pour revenir à Michel Kafando, il a assuré qu’il était nécessaire de consolider la nouvelle armée du Burkina. « Je crois qu’une page est tournée, nous allons maintenant travailler à consolider cette armée nationale, à faire en sorte qu’elle devienne une armée (…) plus professionnelle, plus engagée au service de la république, au service du peuple burkinabè », dit-il.

Tirs de… pluie !

Après cet échange dans le carré d’armes, Michel Kafando a rejoint la salle de réunion de la caserne (dans le couloir d’entrée, un immense portrait du capitaine Blaise Compaoré tenant une loupe fait face à une colonne d’images des différents chefs de corps du RSP) où il a fait son adresse à la nation.

Des douilles de balles au camp Naaba Koom © Burkina24

Des douilles de balles au camp Naaba Koom © Burkina24

Après un retour au ministère de la défense, l’assaut du camp Naaba Komm a pris fin par les puissants grondements d’une pluie surprise qui  ont fait tressaillir plus d’un !

Abdou ZOURE avec Stella NANA

Photos : Boukari OUEDRAOGO

Burkina24


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