Trouble à Manigri : Les faits selon les responsables de l’Alliance Abt

Publié le mardi 30 juin 2015

La situation de trouble qui a prévalu à Manigri, commune de Bassila les vendredi 26 et samedi 27 juin 2015 continue de focaliser les attentions. Hier lundi 29 juin 2015, des responsables de l’Alliance Abt ont donné rendez-vous aux hommes des médias pour restituer les faits.

Chacran Boniface, natif de Manigri et Directeur des opérations de l’Alliance Abt était l’un des témoins oculaires des incidents qui ont émaillé la fin de la campagne pour les élections communales et locales dans la commune de Bassila. Selon le récit des faits qu’il a brossé, la provocation est venue du camp d’en-face. « Le vendredi 26 juin 2015 coïncidait avec la fin de la campagne pour les élections municipales, communales et locales. C’est un jour assez cher. L’Alliance pour un Bénin triomphant (Abt) a programmé deux meetings dans un village qui est séparé par une rivière. Un meeting devrait avoir lieu à l’entrée du village et un autre de l’autre côté à la fin du village. Les meetings devraient commencer à partir de 16 heures. Nos militants s’étaient amassés à l’entrée de la ville pour que nous puissions faire le déplacement vers le village où devrait se tenir le premier meeting. Le point de départ était le premier côté de la rivière (le bas-côté). La seule issue qui nous permet d’aller d’un point A au point B est une seule route que les militants Fcbe ont bloqué. Nous avons mobilisé une vingtaine de véhicules. Nous en étions là à nous organiser pour faire ce déplacement lorsque subitement nous avons aperçu des véhicules qui venaient de Bassila. Quelques instants plus tard, l’hélicoptère du Chef des Fcbe s’est posé à l’école-centre du village où nous devrions tenir notre meeting. C’est en ce moment qu’on a compris que le Chef du parti Fcbe devrait aussi tenir un meeting. Personne ne nous a informés de l’arrivée du Chef de l’Etat dans notre village. Nous étions évidement surpris que cela se passe de cette manière. Mais étant donné que nos véhicules étaient positionnés, nous avons décidé d’aller dans le second village où nous devrions faire l’autre meeting. Tout se passait bien. Jusqu’à une cinquantaine de mètres, on s’est rendu compte que l’unique issue que nous devrions emprunter était barrée. On a alors demandé qu’on nous aide à frayer un passage pour que tranquillement notre caravane puisse continuer son chemin. Les forces de l’ordre qui étaient là se sont opposées à notre requête. Nous n’avons plus d’autre issue. Ou nous passons ou nous restons surplace. A ce niveau, il y a eu beaucoup de bruits. Le Chef de l’Alliance Fcbe était en train de tenir son meeting en ce moment. Les militants qui étaient avec nous s’impatientaient. Il y a eu quelques difficultés entre les forces de l’ordre et les premières personnes qui étaient surplace…Submergés par les bruits venant de partout, les responsables des Fcbe ont décidé de frayer un passage pour notre délégation. La voie a été libérée. Nous avons pu nous déplacer et nous avons pu tenir notre meeting. Tout s’est bien passé. Nous en étions là lorsque le Chef de l’Etat est parti. A la fin du meeting, nous sommes revenus à notre siège pour partager quelques réflexions avant de débuter une autre réunion qui devrait avoir lieu au siège. Et c’est à cette occasion que nous avons appris que le Chef de l’Etat a tenu des propos à l’endroit du député Abt que nous avons jugés inacceptables…Au-delà des injures, il y a eu des menaces venant de la part du Chef de l’Etat…Ces menaces visaient à la fois le députés et ses ainés. Nous étions dépassés, complètement déçus et démoralisés parce que pour nous, ces propos ne pouvaient pas venir d’un Président de la République, Chef de l’Etat. De la part d’un homme politique, on accepterait. Si ce n’était pas le Président de la République et si c’était un leader quelconque, je pense qu’il aurait du mal à partir des lieux parce qu’il aurait été traité de la manière dont il nous a traités…Nous avons beaucoup de respect pour le Chef de l’Etat…On s’est alors posé beaucoup de questions par rapport à ce que notre Chef à eu à dire. En partant, le Chef de l’Etat a promis envoyer des militaires. Effectivement le samedi 27 juin, une horde de militaires a envahi toute la commune de Bassila y compris Manigri… Dans notre analyse, et c’est cela qui est le plus important, nous avons estimé que ces forces ont été envoyées à dessein pour nous perturber, pour nous empêcher de pouvoir gagner ces élections. A la vue de ces militaires, beaucoup de nos militants ne sont pas sortis pour accomplir leur devoir civique. Mieux, une stratégie a été mise en place. Certains de nos militants ont été appréhendés et déposés à la gendarmerie sous prétexte qu’ils ne sont pas des Béninois. Ces personnes qu’on a arrêtées sont dans le village depuis une vingtaine d’année et ont voté pour les législatives du 26 avril 2015. Malgré tout, les élections ont eu lieu sans incident majeur. Nous sommes sortis victorieux dans l’arrondissement de Manigri parce que nous sommes les premiers par rapport à l’Alliance Fcbe. Dans notre commune, il y a deux grandes Alliances (Fcbe et Abt). Nous avons distancé Fcbe de 164 points. Ce résultat est connu de tous. Au niveau de la commune, nous avons également distancé Fcbe. Logiquement, si les résultats qui sont sortis des urnes restent intacts pour aller à la Cena, on peut considérer que la commune de Bassila est tombée dans l’escarcelle de l’Alliance Abt. Nous tenons à le dire de façon solennelle. Nous savons que le pays entier nous aide à faire en sorte que notre suffrage à Bassila soit sécurisé… Je dois signaler au passage que certains de militants ont été poignardés et sont en ce moment à l’hôpital». Voilà ce qu’a dit M. Boniface Chacran.

Non au braquage électoral

Au cours du point de presse, Mme Sakinatou Bello, porte parole de l’Alliance Abt est montée au créneau pour dénoncer le braquage électoral que pourrait faire le camp Fcbe. «…Il est important que force reste à la loi. Nous sommes dans un Etat de droit. Dans un Etat de droit, nul n’est au-dessus de la loi, encore moins le Chef de l’Etat. Il est le premier à se soumettre aux lois de la République et à faire en sorte que ces lois soient respectées par les populations… La démocratie, ce n’est pas allé violenter verbalement et physiquement les populations…Notre député n’est pas un vendu. Notre député est plutôt resté fidèle à sa famille politique qui a suivi les consignes de l’Alliance Abt pour l’élection du Président de l’Assemblée Nationale. Nous ne voyons pas pourquoi le Chef de l’Etat doit s’en prendre à lui publiquement. Nous ne comprenons pas pourquoi doit-on menacer les populations de Manigri en disant qu’elles seront privées d’eau, d’électricité, d’écoles, de routes…si elles ne votent pas pour la liste Fcbe. La démocratie n’est pas synonyme d’imposer un choix aux populations. La démocratie, c’est laisser les populations faire elles-mêmes leur choix de façon libre. C’est à cette démocratie que nous aspirons à l’Alliance Abt. Nous espérons que le Chef de l’Etat qui n’est pas le Chef de l’Etat-Fcbe, mais des dix millions des Béninois doit pouvoir apprendre à se mettre au-dessus de la mêlée pour le temps qui lui reste à passer à la Marina. Ce qui s’est passé à Manigri n’est pas digne. Nous espérons qu’à l’avenir, nous n’aurions plus à déplorer ces genres de situations…Nous appelons les amis d’en-face à revenir à la raison. Les élections, c’est un moment de partage d’idées, de convivialité. On n’a pas besoin d’une milice Fcbe. On n’a pas besoin d’un braquage électoral. Il faut laisser les populations faire librement leur choix », a dit Mme Bello qui, au nom de l’Alliance Abt, a réitéré ses compassions à tous les militants blessés. « Nous remercions les militants Abt qui ont le courage de sortir pour exprimer leur vote malgré la présence massive des forces de l’ordre à Manigri », a-t-elle conclu en appelant à la vigilance au niveau de la Cena et de la Cour Suprême.     

 Affissou Anonrin

 


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