Burkinabè de l'étranger : Non à l'annulation de notre droit de vote !
S'il est de coutume d'affirmer que l'histoire ne se répète pas, il en va tout autrement de ce qui est du droit de vote des burkinabè de l'étranger.
La Diaspora burkinabè de France a, depuis de nombreuses années, mis la question de sa participation aux élections nationales au premier plan de ses préoccupations. A de multiples occasions, elle a porté devant les autorités burkinabè, dans un élan unanime, cette exigence pour accéder enfin à une citoyenneté pleine et entière. Les autorités burkinabè, sous l'ère Compaoré, avaient fini par adopter le principe d'organiser et rendre effectif ce vote.
Mais ce droit de vote a fait l'objet de nombreuses volte-face. Malgré la mise en place des CENI d'ambassade en 2009, dans des conditions d'organisation assez lamentables, une décision unilatérale du régime de Blaise Compaoré invoquant des difficultés d'ordre organisationnel et financier avait privé de vote en 2012 les burkinabè de l'étranger. Par la suite, aucune disposition n'avait été prise pour les informer de manière diligente de cette mise sous séquestre de son droit, de même qu'aucune disposition ne fut envisagée pour les prévenir, dans le futur, d'éventuelles difficultés d'ordre organisationnel et financier.
Dans le cadre de la préparation du scrutin de 2015 et à la suite de la 13° conférence des ambassadeurs et conseils généraux en mars 2014, la question du droit de vote de la diaspora a été remise à l'ordre du jour. Et tout comme en 2009, la mobilisation des burkinabè de la diaspora, lors de la mise en place en été 2014 de la CENI d'Ambassade et de la CENI de Consulat, avait été à la hauteur de l'enjeu de cette question.
Enfin, à la suite des événements d'octobre 2014, la Charte de la Transition (art.22) a réaffirmé ce droit et assuré les burkinabè de la diaspora de leur participation aux prochaines élections, conformément aux dispositions de la Constitution et du code électoral.
En portant à la connaissance du public sa décision de ne pas faire suite à ce droit et en confirmant l'impossibilité - encore une fois - que la Diaspora burkinabè puisse jouir de l'exercice concret de sa citoyenneté, les autorités de la Transition posent un acte contraire à l'idéal démocratique.
Au vu de ces revirements réguliers, le Collectif Contre la Confiscation de la Démocratie au Burkina Faso, réunie en session plénière le 1er mars 2015 à Paris, a pris la décision de signifier par la présente déclaration sa totale désapprobation d'une telle mesure : elle vient nier, encore une fois, l'appartenance des burkinabè de l'étranger à la nation, en remettant en cause un principe de base d'une démocratie. Outre son caractère unilatéral, cette décision crée au sein de la diaspora une frustration, renforcée par l'idée qu'elle sert de variable d'ajustement électoral.
Si l'on considère que l'une des finalités du processus de Transition est la préparation d'élections démocratiques et transparentes en octobre 2015, en rupture avec les pratiques de l'ancien régime, il nous semble qu'une telle mesure est contraire à la direction consensuelle donnée aux autorités de la Transition comme feuille de route à travers sa Charte. Tenir à l'écart la diaspora burkinabè, un pan non négligeable de notre peuple, est en contradiction avec cette finalité. Cette contradiction nous amène à poser aux autorités actuelles les questions suivantes :
– Les burkinabè de la diaspora sont-ils des citoyens comme ceux de l'intérieur ou sont-ils déchus de la jouissance (totale ou partielle) de leur citoyenneté parce que des circonstances particulières les tiennent loin de leur pays ?
– Les principes démocratiques seront-ils pleinement respectés, comme la feuille de route de gestion de la transition vous y engage, si sous le prétexte de circonstances particulières qui n'ont pas été clairement définies, une partie de notre peuple se trouve privé d'expression démocratique ?
– Des dispositions essentielles inscrites dans la constitution et réaffirmés dans la Charte de la transition vous semble-t-il pouvoir être écartées sans qu'aucune concertation préalable n'ait été menée pour en définir les conditions ?
Notre Collectif interpelle les autorités de la Transition afin qu'elles mettent en place les conditions d'accès à un tel droit. Elles feraient la démonstration d'un courage politique, en parfait accord avec le rôle que leur a assigné la Charte de la transition et en rupture avec les anciennes pratiques pseudo-démocratiques de l'ancien régime. Ces dispositions exigent par conséquent l'annulation de la décision prise.
Solidaire des luttes de notre peuple pour l'avènement de la démocratie au Burkina Faso, nous disons :
Non à la remise en cause de notre droit de vote !
Vive la lutte du peuple burkinabè pour la démocratie !
Fait à Paris le 23 Mars 2015
Le Collectif Contre la Confiscation de la Démocratie au Burkina Faso
Ont signé : UNIR PS-France (Union pour la Renaissance - Parti Sankariste)
UPC France (Union pour la Progrès et le Changement – Section de France)
PCOF (Parti Communiste des Ouvriers de France)
AEBF (Association des Etudiants Burkinabè en France)
AEBG (Association des Etudiants Bukinabè de Grenoble- Balai Citoyen Paris
Balai Citoyen Paris
CCDB (Comité Culturel pour la Démocratie au Benin)
CIJK (Comité International Joseph Ki-Zerbo)
Comores Mouvement Socialiste
Groupe de Femmes –Egalité
LPP (La Plateforme Panafricaine)
La Ligue Panafricaine UMOJA
MBDHP-SF (Mouvement Burkinabè des Droits de l'Homme et des Peuples –Section de France)
Pour L'Emergence Africaine, Mouvement pour la Réflexion, la Démocratie et le Développement Durable en Afrique
UGBOF (Union des Burkinabè du Grand Ouest de la France)
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