Grève de l'unité d'action syndicale : Une marche de protestation en vue si rien n'est fait
Les centrales syndicales et les syndicats autonomes du Burkina Faso sont en grève depuis ce 17 février et ce pour deux jours. Raison de cet arrêt de travail, leur plate forme revendicative qui n'aurait pas reçu de réponses satisfaisantes de la part du gouvernement.
Pour ce premier jour de grève, c'est à l'entraide ouvrière de Ouagadougou que les grévistes se sont donné rendez- vous. Ruelles et couloirs bondés de monde, murs et arbres drapés de fanions et autres banderoles aux couleurs des nombreuses structures syndicales,… bureaux, écoles et autres maternités auront été les principaux orphelins du jour. Leurs animateurs habituels ayant répondu à l'appel leurs syndicats.
Un seul message a été dit aux militants et sympathisants venus nombreux, le compte rendu de la rencontre avec le premier ministre le 13 février dernier sur la plate forme revendicative des six centrales syndicales et seize syndicats autonomes. Et c'est l'un des rapporteurs, Yamba Georges Kouanda de l'USTB qui s'en est chargé. Sa lecture point par point des réponses du gouvernement :
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Sur la question de la baisse (d'au moins 150F) des prix des hydrocarbures, le gouvernement envisage des baisses successives. Ainsi, il propose de maintenir les prix actuels jusqu'en fin février début mars et envisager une réduction de 25 à 50 FCFA sur le litre de carburant à condition que le prix du baril continue à baisser sur le marché international. Or, pour nous, une simple révision de la structure des prix des hydrocarbures suffit à réduire sensiblement et de façon durable les prix. A propos du gaz, le premier ministre a annoncé la disponibilité actuelle du gaz. Il a indiqué d'un deuxième centre de remplissage est en construction à la SONABHY et qu'une licence a été accordée à SODIGAZ pour la construction d'un centre de remplissage qui devrait être opérationnel en avril 2015.
A propos de la révision des lois 013 et 028 (loi portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique, de la grille salariale des agents publics de l'Etat, et loi portant code du travail, ndlr), le gouvernement assure qu'un comité travail sur la loi 013. Des orientations seront données sur par le gouvernement pour lever des points de blocage y relatifs. En tout état de cause, la relecture de la loi 013 se fera au cours de l'année 2015. Pour ce qui est de la loi 028, selon le gouvernement, une étude est en cours dont les propositions d'amendement seront examinées de concert avec le BIT et les organisations syndicales.
Sur la relecture de l'arrêté conjoint n°2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédures de traitement et modalités de liquidation de la retenue salariale pour fait de grève, le gouvernement marque son accord de principe et indique que celle- ci sera réalisée avec l'implication de toutes les parties prenantes.
Concernant l'engagement de poursuites judiciaires contre les auteurs /commanditaires de crimes de sang avant et pendant l'insurrection, le gouvernement évoque les nominations opérées récemment au niveau de la justice, la tenue prochaine des Etats Généraux de la justice et les investigations en cours dans les différents ministères pour affirmer que les résultats dans le traitement des dossiers de justice se feront sentir bientôt. Concernant les crimes économiques, l'ASCE a été instruite pour mener des investigations dans tous les ministères dont les résultats seront bientôt connus.
Concernant la reprise des travailleurs licenciés de sociétés comme la SMB ou la Brakina, le gouvernement, en évoquant uniquement le premier cas, a dit que la société mère basée à Londres a maintenu les licenciements et que le seul recours qui reste est la voie judiciaire.
A propos de travailleurs ayant perdu leurs emplois suite à la destruction de leurs entreprises lors de l'insurrection des 30 et 31 octobre 2015, le gouvernement envisage d'une part un soutien aux travailleurs pour leur permettre de faire face à leurs besoins essentiels et d'autre part un soutien aux entreprises concernées pour leur permettre de reprendre leurs activités.
Relativement au check off, le gouvernement envisage la poursuite de la concertation avec les organisations syndicales et le patronat.
Concernant la suppression de l'IUTS sur les primes et indemnités, après avoir demandé et obtenu l'explication de ce point, le gouvernement s'engage à rendre effectif l'arrêté y relatif. »
De toutes les réponses du gouvernement, les responsables syndicaux regrettent que certains points comme les licenciements à la Brakina et les élections professionnelles n'aient pas été évoqués. Et de noter dans l'ensemble que les préoccupations n'ont pas été sérieusement examinées. D'où le maintien de ce mot d'ordre de grève des 17 et 18 février. Ce qui aurait été signifié par correspondance au premier ministre.
Revenant sur la revendication principale qui est la baisse du prix du carburant, Paul Kaboré le Président du mois des organisations syndicales y verra « une fuite en avant ». La situation Burkinabè pour lui est d'autant plus incompréhensible qu'au Sénégal et en Cote d'Ivoire, le prix a baissé respectivement de 120 et de 125 fcfa. C'est pourquoi il a appelé ses camarades à rester prêts. « S'ils ne répondent pas, nous allons, avec la CCVC (coalition contre la vie chère, ndlr), faire une marche de protestation pour réclamer notre dû » conclut le président du mois.
Samuel Somda
Lefaso.net
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