« Les sankaristes au CNT ont mené une bataille de réajustement des émoluments sans taper le Tam Tam », dixit Jean Hubert Bazié, président de l'Union des révolutionnaires pour le Faso
L'Union des révolutionnaires pour le Faso, ce regroupement de partis politiques d'obédience sankariste était face à la presse ce samedi 31 janvier à Ouagadougou. Une rencontre pour évoquer avec les hommes de média, les questions « brûlantes » du moment, ceci à la veille de la rentrée politique de l'Union prévue pour le 14 février prochain.
Cette rencontre avec la presse, première après l'insurrection populaire a été l'occasion pour les conférenciers de saluer le peuple burkinabè qui s'est « libéré du joug d'un pouvoir rapace, si rapace qu'il ne voyait plus les milliers de feux de détresse qui l'avertissaient du danger imminent d'une insurrection populaire ».
Jean Hubert Bazié, l'un des trois co-présidents de l'UREFA et principal animateur du point de presse, regrette « certains ont vite fait de crier victoire et se précipitent déjà sur l'animal que tout le monde voit à terre et qui n'est que blessé en réalité ! » d'où ses mises en garde sur le fait que « les impatients gourmands risquent de payer cher leur impatience, s'ils ne comprennent pas qu'il faut le (Ndlr. L'animal) neutraliser en profitant de l'étape de la transition pour consolider les acquis de l'insurrection en termes de transparence, d'engagement encore plus affirmé en faveur de réformes courageuses… ».
Pour les responsables de l'UREFA, la transition est« une chance unique » pour une vraie rectification qui mettrait au centre de l'action politique, les préoccupations du peuple.
La contestation est un élément positif et dynamique de la société
Se prononçant sur les contestations tout azimut qui ont lieu depuis l'insurrection populaire, les animateurs ont estimé qu'elles sont un élément positif et dynamique de la société. Les syndicats par exemple participent d'une certaine manière à la paix sociale en portant à l'attention du gouvernement, un certain nombre de revendications catégorielles. Mais c'est « la manière et le moment de la faire qui conditionnent son acceptabilité » et il est du devoir et de la grandeur du gouvernement de la transition d'être à l'écoute du peuple. Sinon, ce serait la catastrophe, si le pouvoir en place avait l'attitude de Blaise Compaoré, a martelé Jean Hubert Bazié.
De l'affaire des émoluments des députés de la transition
Les trois co-présidents de l'UREFA sont tous des députés au CNT. Jean Hubert Bazié, de la convergence de l'Espoir, en tant que président du groupe des partis issus de l'ex-opposition ; Bruno Nabaloum de l'Alliance des démocrates révolutionnaires, comme vice-président du groupe et Alphonse Marie Ouédraogo de l'Union pour la renaissance démocratique, Mouvement Sankariste (URD/MS) en tant que questeur. Une question pour les journalistes de « réveiller » l'affaire des émoluments des députés. Comment les Sankariste qui ont toujours prôné la bonne gouvernance, ont-ils pu arriver aux excès dénoncés par l'opinion ?
« Les sankaristes au CNT ont mené une bataille de réajustement de ces émoluments sans taper le TamTam » a répondu Jean Hubert Bazié le président du groupe de partis de l'ancienne opposition, qui rappelle qu'avant même que le débat ne soit instauré, le président du CNT avait décidé de réduire les émoluments des députés. L'esprit de réduction des émoluments et de participation à la cause nationale ont toujours animé les députés CNTistes. Il en veut pour preuve, les 100 000f CFA que l'ensemble des députés ont décidé de façon autonome de reverser au ministère de l'action sociale dans le cadre du mois de la solidarité. Tout en précisant que les sankaristes ne réclament pas cette démarche de réduction au compte, le président de l'UREFA a précisé que bien de choses ont été revues dans le bons sens au CNT, sans que le grand public ne soit au courant.
Et le questeur, Alphonse Marie Ouédraogo de renchérir qu'elle n'a jamais été une question tranchée, celle de payer plus d'un millions à quelqu'un. A l'en croire, la réaction du public a été normale et actuellement, et pour clore le débat, le député du CNT touche précisément 749 337 CFA.
Sur les candidats militaires qui se signalent pour la prochaine élection présidentielle, l'UREFA n'est pas fondamentalement contre. Le fait d'être militaire ne saurait être un blocage, pour peu que le candidat soit patriote. « Préférez-vous un civil qui n'a pas le sens du bien public à un militaire qui se sacrifie pour son peuple ? » a demandé le président de l'union. Thomas Sankara en qui ils s'identifient est un exemple pour eux qu'on peut être un militaire et incarner des valeurs, alors qu'on peut être un civil qui se joue des institutions, un délinquant à col blanc.
Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net
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