Situation nationale : Lettre de l'association BURKINCRATIE au Premier ministre
MONSIEUR LE PREMIER MINISTRE
Permettez- moi au nom de l'association BURKINCRATIE de vous transmettre en même temps que nos vœux de développement et de croissance pour 2015, les impressions du peuple burkinabè sur les évènements présents et ses aspirations profondes pour un Burkina meilleur, sans tâche ni ride, mais beau avec des joues d'intégrité, un sourire de patriotisme, un front garni de citoyenneté. Ce peuple si beau et si fier qui a œuvré contre vents et marée, corruption et autocratie, pauvreté et lois liberticides a tenu un affront suicidaire et définitif aux velléités délétères d'une présidence en quête d'aristocratie.
Après cette entrée en scène, nous voudrions attirer votre attention sur les attentes d'un peuple qui a bravé la mort pour accéder au statut de liberté. Pourquoi ne nous adresserions-nous pas au Président KAFANDO, serait–on tenté de questionner.
Une réponse magnanime soutiendrait le fait que vous êtes simplement la cheville-ouvrière de ce gouvernement et qu'ayant assumé dans un moment d'une délicatesse particulière la Présidence de notre pays, et ce, après un exercice d'un pouvoir déliquescent de 27 ans, vous saurez vous laisser conter par un fils du pays, les soubresauts qui pourraient se dessiner à l'ombre des jours à venir.
Il est vrai que des contestations sont faites sur tous les fronts, que des rumeurs vous désignent comme ne travaillant qu'avec des hommes acquis à votre cause, ou que vous seriez toujours sous les influences de l'ancien régime ; que des manifestants réclamant le départ du ministre Dieguimdé auraient été inquiétés. Bref. Mais revenons à nos préoccupations.
1- DE LA LECTURE DES CONTESTATIONS
Les différentes contestations observées sont la preuve qu'un changement s'est produit de façon générale, et cela est salutaire. A analyser minutieusement la situation, d'aucuns soutiennent une naissance d'anarchie, d'une faiblesse du gouvernement. De notre point de vue, quatre lectures devraient être retenues :
A-la participation du peuple à sa propre gouvernance : le peuple a un droit de regard sur les personnes qui le gouvernent. N'a-t-on pas dit que chaque peuple a le gouvernement qu'il mérite. Or, ce peuple digne et intègre réclame des dirigeants à son image. Ces revendications sont a priori normales et bienvenues. Cependant, le holà pourrait être lancé dans des cas de revendications intestines et multiples. Ce fut par exemple le cas des producteurs de coton, où l'ancien président décrié par un groupe de personnes a été soutenu par tous les représentants provinciaux. L'Etat peut légiférer en la matière en soutenant que toute grève, ou tout mouvement de protestation contre une personnalité doit être porté devant l'ASCE (Autorité supérieure de contrôle d'Etat, ndlr) pour enquête avec des preuves incriminant la personnalité visée. A force de couper toutes les branches d'un cocotier, on finit par tuer l'arbre lui-même. Il faut également souligner le fait que la démocratie est d'abord un exercice avant de se spécialiser comme une pratique. Le temps et la formation des leaders syndicaux se présentent comme de meilleurs alliés.
B- la preuve d'un gouvernement à l'écoute du peuple : lorsque le Président Zida était aux commandes, il a maintes fois scandé que le pouvoir appartenait au peuple et que tous les problèmes, décisions, seraient pris à la Place de la Révolution. Par ce biais, il consentait d'agir sur les réactions du peuple. Seulement, à force de se rétracter, il donne des perceptions de faiblesses ; l'Etat, dès lors, devra veiller à faire des appels de candidature dont l'acceptation est soumise à une enquête minutieuse. Si par exemple une nomination est contestée avec des preuves flagrantes comme celle du ministre présent, l'intéressé devrait prendre sur lui la responsabilité de démissionner en homme intègre. Pour peu, le ministre Bougouma avait rendu sa démission. Et cette démission a permis à Bougouma de revenir dans le gouvernement. Or, rien en ce temps-là ne menaçait le régime des Compaoré. Un ministre allemand de MERKEL avait choisi de démissionner parce qu'il avait copié la thèse de quelqu'un d'autre. Ce fut avec force regret qu'elle avait accepté sa démission. Ce retrait renforça la qualité du gouvernement allemand d'alors. Que dire de ce chercheur asiatique qui s'était donné la mort parce qu'il avait trafiqué les résultats de ses recherches. Que dire encore de NIXON ? Que chacun fasse, dès lors, son mea culpa, prenne ses responsabilités, sans autres formes de procès. Ce serait d'ailleurs une contribution positive à la révolution populaire.
C-Adoption de mesures sociales pour soulager le peuple lors du discours présidentielle de fin d'année : tous les Burkinabè qui seront rivés sur le poste téléviseur le 31 décembre seront fort déçus de constater que rien n'a véritablement changé et que nous sommes passés d'une situation désagréable à une situation des plus désagréables, que « cinquante ne valent pas mieux que vingt-cinq ». Si c'est le cas, nous serons obligés de crier à une révolution confisquée. Or, votre credo a toujours été d'être au service du peuple. Nous y croyons toujours.
D-Avoir le sens de la burkincratie : les personnes incriminées dans toute contestation dont les faits sont avérés devraient, dans le souci de ne pas noyer elles-mêmes le gouvernement qui leur a fait confiance, rendre le tablier. Ce serait une situation burkincratique. On ne coupe pas la branche sur laquelle on est assis. Ce serait ainsi leur contribution à l'essor de l'intégrité.
2 .DES ATTENTES DES BURKINABE ET DES PROPOSITIONS DE BURKINCRATIE .
la redistribution et le partage des richesses du pays ;
des mesures sociales concrètes : lorsque le capitaine Compaoré prit le pouvoir après le coup d'état de 1987, la première mesure sociale qu'il fit a été la réhabilitation des enseignants dégagés, alors qu'il était comptable de cette décision. Monsieur le Premier ministre, il est malaisé de le dire, mais le larron fait aussi l'histoire.
Le prix inchangé du carburant (dont le coût du baril a chuté de moitié) et la liste des taxes sans fin réduisent le pouvoir d'achat et allègent de beaucoup le panier de la ménagère. Ce que l'Etat donne de la main gauche, il le reprend avec la main droite. Nous croulons sous le poids des taxes. Et leur montant élevé favorise la corruption. Comme taxes, nous avons la taxe sur le carburant, l'électricité, la taxe de démolition, de construction, la TVA, l'IUTS, la taxe de résidence, les impôts…..Vous pouvez continuer la liste ;
la diminution du train de vie de l'Etat. Geste simple qui se révèlerait comme un message salvateur pour rétablir une confiance absolue entre le peuple et ses gouvernants. Des mesures pour une Présidence normale seraient alors la cerise sur le gâteau ;
promouvoir les produits locaux pour fortifier l'économie : développement endogène, résorbage du chômage. Pour ce faire, des techniciens peuvent être appelés à la rescousse pour avoir des idées (Dassablaga Seydou Ouédraogo, Zéphirin Diabré, professeur Laurent BADO …) ;
étudier les changements de Direction générale et respecter les procédures en la matière. Procéder d'abord à des audits pour situer le niveau de défaillance avant d'agir. Prioriser les procédures judiciaires ;
promouvoir l'intégrité au niveau des dirigeants. Ce qui revient naturellement d'autoriser la démission du ministre des infrastructures qui n'a fait que, par sa conférence de presse, rembrunir l'horizon déjà sombre des accusations faiblement mensongères qui pesaient sur lui ; contribuant ainsi à jeter le discrédit sur un gouvernement technocrate pourtant applaudi dès les premières heures ;
Monsieur le Premier ministre, cette analyse n'engage que l'association et ne saurait se positionner comme parole d'évangile mais plutôt parole de sagesse, d'intégrité et de patriotisme.
Avant de clore notre propos, permettez-moi de relever à votre attention que le peuple croit toujours en vous.
Sur ces notes, Excellence Monsieur le Premier ministre, recevez nos salutations distinguées.
TOUS POUR UN BURKINA POSITIF !
DIEU BENISSE LE BURKINA FASO
NANA /OUEDRAOGO Hélène
PRESIDENTE DE L'ASSOCIATION BURKINCRATIE
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