Journée d'hommage national aux martyrs : « un tripatouillage de l'histoire », selon l'ASEO

Publié le dimanche 7 décembre 2014

« Depuis le jeudi 4 décembre 2014 particulièrement, nous assistons à des perturbations dans les établissements d'enseignement secondaire, notamment à Ouagadougou, sans que nous ne soyons saisis ni au niveau des établissements ou de la Direction régionale, ni au niveau de l'administration centrale des raisons de ces mouvements ». C'est certainement fort de ce constat que les autorités du ministère des enseignements secondaire et supérieur ont tenu une rencontre de concertation avec les associations des scolaires du Burkina dans la soirée de samedi, 6 décembre 2104 dans l'enceinte du ministère.




C'est le secrétaire général du ministère, Bila Dipama, entouré de ses proches collaborateurs qui a présidé la rencontre. En face de lui, des responsables de l'association des élèves du secondaire de Ouagadougou (AESO), et de la Fédération scolaire et estudiantine du Burkina Faso (FES/BF). Le principal message livré par le ministère consiste en une « invite » aux élèves à « faire du mois de décembre un mois scolaire ».


Selon le secrétaire général du ministère, ce mois de l'année (décembre) était, antérieurement, parsemé de troubles liés aux dossiers non élucidés de disparitions, notamment du journaliste Norbert ZONGO et de l'élève Flavien Nébié. Face à la situation, M. Dipama confie avoir, au cours d'une rencontre tenue en novembre 2013, lancé un appel à « revoir » la façon de commémorer ces dates sans porter atteinte aux activités. Cette année, avec la « nouvelle donne », les autorités du département disent avoir pensé que la situation de troubles allait prendre fin et que « chacun réviserait sa position », surtout que, convainc-t-il, des mesures sont déjà annoncées par les autorités de la transition. Malheureusement, déplore-t-il, des mouvements de grèves sont observées dans les établissements. C'est pourquoi, a-t-il invité ses interlocuteurs à s'inscrire dans le travail d'apaisement général, en évitant de favoriser le désordre. Il en veut pour illustration à cet appel, le décret du 4 décembre 2014 portant création de la Commission de la réconciliation nationale et des réformes, composée de cinq sous-commissions dont la sous-commission vérité, justice et réconciliation nationale. « Nous sommes dans un contexte particulier de notre histoire.

La Transition a pour vocation de bâtir un Etat de droit, de justice, de démocratie, un Etat responsable où règne l'ordre. Il est donc incompréhensible que les élèves qui sont une partie de la jeunesse, donc les bâtisseurs de demain, puissent continuer à semer le désordre. Les préoccupations qui sous-tendent, selon eux, leur mouvement peuvent être communiquées par des voies régulières aux premières autorités de la Transition », a lancé le secrétaire général, Bila Dipama.


La date du 13 décembre 2104, une « coïncidence » mal perçue par l'AESO


En ce qui concerne le non-respect de la procédure d'enclenchement de la grève reproché aux organisations concernées, Prosper Kinda de la FES/BF reconnaît que sa structure n'a pas respecté toute la procédure légale. Mais, fait-il observer que cela est lié à des précédents avec le ministère qui ne « jouait pas franc-jeu ». Aussi, précise-t-il que la FES/BF n'a rien contre qui que ce soit et ne défend aucun autre intérêt que celui des élèves et étudiants. Elle souhaite donc un traitement diligent de sa plateforme déposée auprès de l'autorité. En ce qui concerne son mot d'ordre de grève, le représentant de la FES/BF a « clairement » indiqué la fin pour ce samedi, 6 décembre 2014. Pour cela, M. Kinda a affirmé que toutes les dispositions seront prises pour informer les membres de la reprise des cours et décline, de ce fait, tout trouble qui pourrait donc survenir.


« Ils nous ont appelés pour conscientiser sur le mois de décembre. Nous avons pris acte et nous allons rendre compte à notre base et c'est à elle de décider », a, pour sa part, résumé Dramane Sankara, représentant de l'AESO avant d'annoncer : « Nous avons prévu une marche-meeting pour commémorer le 6 décembre. Nous avons vu qu'il y a eu un sabotage en ce qui concerne le 6 décembre. Mais nous disons que ce n'est pas pour autant que nous n'allons pas commémorer notre journée du 6 décembre, même s'il faut la reporter à une date ultérieure ». Tout en s'abstenant d'indexer les « auteurs » de ce sabotage, M. Sankara garde aussi secrète pour le moment, la date de cette commémoration. En outre, le représentant de l'AESO estime également que « la journée du 13 décembre 2014 est aussi un sabotage ; parce que, quoi qu'on dise, le 13 décembre est une journée très bien connue. C'est la journée de la commémoration de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo. Elle est commémorée chaque année par le Collectif, dont l'AESO est membre. Si cette année, la journée du 13 décembre sera une journée d'hommage aux martyrs, nous trouvons que c'est pour tripatouiller l'histoire ; faire oublier au peuple burkinabè, l'histoire de Norbert Zongo. Nous pensons que cela est un sabotage ».

Du côté des autorités du ministère, l'on se veut malgré tout optimiste. Pour son secrétaire général donc, cette rencontre était importante en ce qu'elle permet de recadrer l'orientation. Pour ce qui est de la réceptivité du message par ses interlocuteurs, M. Dipama confie tout simplement : « Des organisations des scolaires présentes, il y en a qui se sont exprimées très clairement en indiquant que c'est fini, ils reprennent le chemin de l'école. Et je pense que les structures qui ne se sont pas clairement prononcées vont prendre le temps de réfléchir et elles choisiront, certainement, le bon chemin, c'est-à-dire, se former ».


Oumar L. OUEDRAOGO

Lefaso.net





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