Lettre ouverte au Présidium de la Fédération des associations islamiques du
Honorables Membres du présidium,
Assalamou aleykoum.
J'ai l'honneur en tant que fidèle musulman de vous faire part de mon avis sur la
direction de notre communauté conformément au principe cardinal de sincérité entre
gouvernants et gouvernés en islam. Pour cela, je me fais le porte-parole de toute cette jeunesse musulmane et de dire tout haut ce que beaucoup pensent très bas.
Les musulmans du Burkina, à la création de la FAIB en 2005, ont nourri de grands
espoirs car il s'agissait là d'un signe fort de l'union de la communauté au-delà des débats de
tendances idéologiques. Cette Fédération devrait donc parler des grandes questions
transversales à tous les musulmans comme celles de l'emploi des diplômes arabophones, la
revalorisation des medersas, la bonne organisation du hadj,...
Cependant, très vite la
désillusion s'installa. La FAIB se métamorphosa en « commission lune » pour tout juste
annoncer les fêtes de Ramadan et de Tabaski. C'est une situation ne fait que confirmer la
thèse de l'usure du pouvoir et de l'absence de vision pour le bien-être des musulmans.
Par ailleurs, cela fait bientôt cinq ans que votre mandat a expiré. Les textes de la
FAIB sont alors jetés aux oubliettes et l'astuce trouvée qui consiste à gouverner la FAIB par
une « présidence mensuelle tournante » ressemble plus à du syndicalisme qu'à de la religion.
Ce modèle de gouvernance ne facilite pas les prises de décisions et semble confirmer les
querelles de leadership à l'intérieur de la maison. Vous saviez bien que cela ne saurait avoir
droit de cité dans une communauté qui se respecte. Où se trouvent alors les intérêts des milliers voire des millions de musulmans ? A quand la date du prochain congrès ? A quand les
reformes pour porter au mieux les aspirations des musulmans du Burkina ?
Je suis convaincu que c'est bien cette absence de vision stratégique mêlée à la guerre des egos
de certains parmi vous qui n'ont pas permis à la FAIB de dégager une bonne grille de lecture
des évènements politiques au Burkina. Conséquence, l'on a été surpris ou pas, c'est selon, par
la déclaration de la FAIB soutenant l'installation du Senat, ce qui revenait à soutenir la
modification de l'article 37 de la constitution. Il a fallu que la jeunesse musulmane (AEEMB
et CERFI) nous lave de cet affront. Malgré tout vous n'aviez pas saisi cette leçon d'être du
côté du peuple.
Aujourd'hui, avec ce vent de changement qui souffle sur le Faso, je vous prie au nom de toute
cette jeunesse musulmane qui vous suit et vous observe, d'écouter la voix du peuple.
Permettez-moi, Honorables membres du présidium de vous rappeler en ces périodes
d'installation de divers comités et commissions, les conclusions du forum national de la
laïcité tenu en septembre 2012 à Ouagadougou. Tous les acteurs actuels y étaient : les
organisations de la société civile, la presse, l'ex majorité, l'ex opposition et les religieux. Oui
les religieux y étaient : les catholiques, les protestants, les musulmans et même SAKANDE
Adama qui a pourtant participé aux travaux sur la charte de transition. Tout ce public y était.
Au regard de la composition des structures de la transition déjà installées, je suis surpris que
l'on ne respecte plus nos engagements surtout quand ils impliquent des « hommes de Dieu ».
Honorables membres du présidium, la jeunesse musulmane des quatre coins du Burkina
attend des changements dans le fonctionnement de la FAIB de la même manière qu'elle a
contribué quantitativement et qualitativement à la chute du régime COMPAORE. Il me vient
à l'idée de vous donner cet exemple fort, ce jour du 31 Octobre, alors que nous quittâmes
temporairement l'Etat-major Général des Armées pour la prière du Vendredi, nous nous
sommes rendus compte que la grande mosquée de Ouagadougou craquait de monde. Le grand
Imam dans son sermon a souligné la particularité des événements que nous connaissions. Il a,
en effet fait le parallèle entre la chute de Pharaon, un vendredi de la première décade du mois
de Muharram (1er mois du calendrier lunaire) et les événements que nous vivions (qui se
déroulaient également dans les dix premiers jours de Muharram). A notre grande surprise
nous avons eu « la bonne nouvelle » de la chute de COMPAORE juste à la porte de sortie de
la mosquée.
Honorables membres du Présidium, pensez-vous que la jeunesse musulmane n'allait rien
dire sur votre gestion ?
« Plus rien ne sera comme avant » a dit le Président Michel KAFANDO au Palais des sports
lors de la cérémonie de passation de charge. En outre, il disait que « la jeunesse a les yeux
ouverts » y compris la jeunesse musulmane. Le temps des bénis oui-oui est terminé. Le temps
des participations aux colloques pour des perdiems est terminé. Le temps des accointances
avec le pouvoir est terminé. LE CONGRES DE LA FEDERATION NE SAURAIT
TARDER. La jeunesse musulmane garde l'oeil ouvert.
Après avoir participé à la chute du régime COMPAORE, je reste convaincu que seule la lutte
libère et que Allah est du côté de l'opprimé.
Tout en vous souhaitant bonne réception, veuillez agréer, Honorables membres du
Présidium, l'expression de ma considération dévouée.
Ouagadougou, le 29 novembre 2014
Sidgomdé Yusuf OUEDRAOGO
sidgomde@yahoo.fr
via leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso http://www.lefaso.net/spip.php?article62053