Lettre ouverte au Présidium de la Fédération des associations islamiques du

Publié le dimanche 30 novembre 2014


Honorables Membres du présidium,

Assalamou aleykoum.


J'ai l'honneur en tant que fidèle musulman de vous faire part de mon avis sur la

direction de notre communauté conformément au principe cardinal de sincérité entre

gouvernants et gouvernés en islam. Pour cela, je me fais le porte-parole de toute cette jeunesse musulmane et de dire tout haut ce que beaucoup pensent très bas.




Les musulmans du Burkina, à la création de la FAIB en 2005, ont nourri de grands

espoirs car il s'agissait là d'un signe fort de l'union de la communauté au-delà des débats de

tendances idéologiques. Cette Fédération devrait donc parler des grandes questions

transversales à tous les musulmans comme celles de l'emploi des diplômes arabophones, la

revalorisation des medersas, la bonne organisation du hadj,...


Cependant, très vite la

désillusion s'installa. La FAIB se métamorphosa en « commission lune » pour tout juste

annoncer les fêtes de Ramadan et de Tabaski. C'est une situation ne fait que confirmer la

thèse de l'usure du pouvoir et de l'absence de vision pour le bien-être des musulmans.


Par ailleurs, cela fait bientôt cinq ans que votre mandat a expiré. Les textes de la

FAIB sont alors jetés aux oubliettes et l'astuce trouvée qui consiste à gouverner la FAIB par

une « présidence mensuelle tournante » ressemble plus à du syndicalisme qu'à de la religion.

Ce modèle de gouvernance ne facilite pas les prises de décisions et semble confirmer les

querelles de leadership à l'intérieur de la maison. Vous saviez bien que cela ne saurait avoir

droit de cité dans une communauté qui se respecte. Où se trouvent alors les intérêts des milliers voire des millions de musulmans ? A quand la date du prochain congrès ? A quand les

reformes pour porter au mieux les aspirations des musulmans du Burkina ?


Je suis convaincu que c'est bien cette absence de vision stratégique mêlée à la guerre des egos

de certains parmi vous qui n'ont pas permis à la FAIB de dégager une bonne grille de lecture

des évènements politiques au Burkina. Conséquence, l'on a été surpris ou pas, c'est selon, par

la déclaration de la FAIB soutenant l'installation du Senat, ce qui revenait à soutenir la

modification de l'article 37 de la constitution. Il a fallu que la jeunesse musulmane (AEEMB

et CERFI) nous lave de cet affront. Malgré tout vous n'aviez pas saisi cette leçon d'être du

côté du peuple.


Aujourd'hui, avec ce vent de changement qui souffle sur le Faso, je vous prie au nom de toute

cette jeunesse musulmane qui vous suit et vous observe, d'écouter la voix du peuple.

Permettez-moi, Honorables membres du présidium de vous rappeler en ces périodes

d'installation de divers comités et commissions, les conclusions du forum national de la

laïcité tenu en septembre 2012 à Ouagadougou. Tous les acteurs actuels y étaient : les

organisations de la société civile, la presse, l'ex majorité, l'ex opposition et les religieux. Oui

les religieux y étaient : les catholiques, les protestants, les musulmans et même SAKANDE

Adama qui a pourtant participé aux travaux sur la charte de transition. Tout ce public y était.

Au regard de la composition des structures de la transition déjà installées, je suis surpris que

l'on ne respecte plus nos engagements surtout quand ils impliquent des « hommes de Dieu ».


Honorables membres du présidium, la jeunesse musulmane des quatre coins du Burkina

attend des changements dans le fonctionnement de la FAIB de la même manière qu'elle a

contribué quantitativement et qualitativement à la chute du régime COMPAORE. Il me vient

à l'idée de vous donner cet exemple fort, ce jour du 31 Octobre, alors que nous quittâmes

temporairement l'Etat-major Général des Armées pour la prière du Vendredi, nous nous

sommes rendus compte que la grande mosquée de Ouagadougou craquait de monde. Le grand

Imam dans son sermon a souligné la particularité des événements que nous connaissions. Il a,

en effet fait le parallèle entre la chute de Pharaon, un vendredi de la première décade du mois

de Muharram (1er mois du calendrier lunaire) et les événements que nous vivions (qui se

déroulaient également dans les dix premiers jours de Muharram). A notre grande surprise

nous avons eu « la bonne nouvelle » de la chute de COMPAORE juste à la porte de sortie de

la mosquée.


Honorables membres du Présidium, pensez-vous que la jeunesse musulmane n'allait rien

dire sur votre gestion ?

« Plus rien ne sera comme avant » a dit le Président Michel KAFANDO au Palais des sports

lors de la cérémonie de passation de charge. En outre, il disait que « la jeunesse a les yeux

ouverts » y compris la jeunesse musulmane. Le temps des bénis oui-oui est terminé. Le temps

des participations aux colloques pour des perdiems est terminé. Le temps des accointances

avec le pouvoir est terminé. LE CONGRES DE LA FEDERATION NE SAURAIT

TARDER. La jeunesse musulmane garde l'oeil ouvert.


Après avoir participé à la chute du régime COMPAORE, je reste convaincu que seule la lutte

libère et que Allah est du côté de l'opprimé.


Tout en vous souhaitant bonne réception, veuillez agréer, Honorables membres du

Présidium, l'expression de ma considération dévouée.


Ouagadougou, le 29 novembre 2014


Sidgomdé Yusuf OUEDRAOGO

sidgomde@yahoo.fr





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