Ebola : L'exemple du Nigeria en matière de lutte contre le virus

Publié le dimanche 30 novembre 2014


“Les maladies ne sont pas éternelles, elles naissent, se développent et disparaissent”, affirmait un grand auteur microbiologiste du moyen âge. Mais à quand la disparition de la fièvre Ebola après tout ce long cheminement ? Quels sont les obstacles qui empêchent d'endiguer cette épidémie vielle d'un an et ayant tué autant de gens ? L'information des populations est-elle suffisante ?




En tout cas depuis un terrain Ebola où j'écris ce document, donc bien avisé de la situation, je ne peux m'empêcher à travers ce deuxième écrit de renforcer ma contribution à cette lutte. La situation sur la fièvre à virus Ebola est toujours inquiétante si on n'y pas garde. Les frontières sont poreuses et la psychose gagne facilement du terrain.


Nous devions tous aller à l'école du Nigeria pour apprendre à lutter contre Ebola

Le Nigeria est un modèle à suivre dans la lutte pour le contrôle de cette terrible maladie. Malgré sa plus grande population (170 millions) d'Afrique et parfois son manque d'organisation ce pays a été reconnu comme exemple en matière de lutte contre Ebola. Il a réussi à stopper sa propagation après l'arrivée dans le pays du premier malade atteint de la fièvre hémorragique.


Au 1er septembre 2014, 20 Nigérians en tout ont contracté la maladie, huit sont morts ; près de 900 personnes ayant été en contact direct ou indirect avec le premier ont été suivis pendant 21 jours.


Le premier cas de fièvre hémorragique au Nigeria a été celui de Patrick Sawyer, un consultant Libérien-américain, en provenance du Liberia, le 20 juillet dernier. L'homme avait, contre l'avis du corps médical, quitté l'hôpital du Liberia où il était confiné, selon le centre de contrôle et de prévention des maladies d'Atlanta. Sévèrement malade à son arrivée à l'aéroport de Lagos, la mégalopole de 21 millions d'habitants, il a très vite été transféré vers un centre hospitalier. Le personnel médical refuse alors de le laisser partir, malgré les demandes de l'ambassade du Liberia.


Le personnel médical du First Consultant Medical Center a payé cher son abnégation : 11 membres de son personnel ont contracté la maladie, la plupart au cours des premières 48 heures après son admission. Quatre d'entre eux sont décédés. Rapidement, un réseau d'enquêteurs a été chargé de rechercher les personnes susceptibles d'avoir été contaminées. Parallèlement, un décret présidentiel a autorisé la surveillance des téléphones portables.


Une équipe d'enquêteurs a été mise sur pied pour pister les personnes susceptibles d'avoir été contaminées. L'enquête a permis de déterminer que le voyageur avait été en contact avec 72 personnes dans l'avion, à l'aéroport et à l'hôpital.


Les Nigérians "étaient très organisés. Ils ont mis les moyens pour surveiller chaque cas et retrouver toutes les personnes avec lesquelles les malades avaient été en contact. Toutes les maisons ont été immédiatement désinfectées".


Une remarquable coordination a été mise en place entre les autorités locales et fédérales. Le personnel de centaines de cliniques ont été formés pour repérer les patients susceptibles d'avoir contracté la fièvre hémorragique et comment les isoler du reste de l'établissement en attendant la mise en place de pavillons de confinement. Un modèle d'organisation salué par l'OMS et le CDC d'Atlanta.


Est-il souhaitable que les voisins des pays touchés prennent des précautions ?


Dans mon premier article en date du 15 octobre, j'avais décris largement les mesures à prendre. Mais comme on aime à le dire « trop de viande ne gâte pas la sauce ». Je rappelle en passant que les muqueuses sont les principales voies d'accès du virus à l'organisme. Ce sont les yeux, les oreilles, le nez, la bouche et les lésions cutanées.

J'ai récemment salué le comportement des ministres d'un pays frère voisin face à leur président quand celui-ci revenait d'une tournée à l'extérieur. Sa main tendue n'a pas rencontré celle du premier ministre et au président de se rappeler qu'il avait oublié qu'on ne se saluait plus. Il n'y a pas Ebola dans ce pays. Mais vous l'aurez compris, le bon exemple vient d'en haut.


Un témoin de la lutte contre la maladie a dit : « La lutte contre Ebola nécessite avant tout l'inversion de la pyramide de la culture ». Oui je crois qu'il a raison dans un tel contexte. On peut éviter la poignée de main. On peut abréger les rites funéraires. On peut ne pas se présenter à l'enterrement. Pas de déplacement du corps pour prière. Utilisation sa sac mortuaire. Bref.


La prise de mesures au niveau des frontières avec les pays touchés n'est pas tard même s'il n'y a pas de cas sur notre territoire. Les centres de santé doivent déjà commencer à utiliser des bacs de chlore pour le lavage des mains. Examiner toujours les malades avec des gants et ne jamais se toucher le corps avec une main ganté est primordial.


Sensibiliser la population de son aire sanitaire de s'abstenir à toucher aux autres passagers dans les moyens de transport surtout aux frontières. Je puis témoigner que les transports ont contribué dans la grande majorité à la propagation de la maladie.

Je ne saurai terminer cet article sans rendre hommage à tous les fils et filles qui ont donné de leur vie suite à l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre espérant un lendemain meilleur dans notre pays d'hommes intègres. Puisse Dieu dans sa miséricorde infinie leur accorder une résurrection au dernier jour. Amen !!!

Du courage à tous les agents de santé !


"La réponse efficace du Nigéria montre que l'on peut contrôler la maladie par une intervention rapide et ciblée", se félicite le Dr Tom Frieden.

Pour plus d'infos, ouvrez le lien : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/comment-le-nigeria-a-reussi-a-stopper-la-propagation-d-ebola_1612825.html#282I39tjmOlsuo2O.99


GNIANE Nabarou François

Technicien du génie sanitaire

Master II en gestion des catastrophes Option 'Territoire-environnement-santé'

E-mail : nabgn@yahoo.fr





via leFaso.net, l'actualité au Burkina Faso http://www.lefaso.net/spip.php?article62054