Lutte contre la malnutrition dans le Sahel : Médecins du Monde/France se retire
L’ONG « Médecins Du Monde/France » (MDM-F) conduit depuis quelques années un projet d’appui à l’amélioration de la prise en charge des enfants de moins de cinq ans atteints de malnutrition sévère à Djibo, Arbinda et Gorom-Gorom. Le projet est financé par la Commission européenne à travers « ECHO ». Dans l’ensemble, selon des acteurs, populations et autorités, le projet présente un bilan de santé positif malgré quelques insuffisances. Par ailleurs, à partir du 31 décembre 2016, l’ONG compte se retirer et se focaliser sur la santé sexuelle et reproductive. MDM-F souhaite la reprise du projet par une autre ONG afin de maintenir et améliorer les acquis.
La prévalence de la malnutrition demeure élevée dans la région du Sahel corrélée à un contexte économique, socio-culturel et environnemental défavorable. La mauvaise qualité de l’eau, le manque d’hygiène et d’assainissement, la non pratique de l’allaitement maternel exclusif, le rapprochement des naissances, sont cités parmi les principales causes qui peuvent faire basculer les enfants dans la malnutrition.
Léonce Kiawara, Attaché de santé en pédiatrie à MDM-F/Djibo, fait savoir que les enfants de moins de cinq ans malnutris aigus sévères avec complication souffrent le plus souvent de paludisme grave, de déshydratation sévère, de pneumonie, de manque d’appétit, de diarrhée, d’infection respiratoire, de choc septique qui contribuent à dégrader leur état nutritionnel.
Du 28 au 30 novembre 2016, une délégation du Club des journalistes et communicateurs en nutrition et sécurité alimentaire (CJC/NSA) a visité les centres de récupération (CRENI) de MDM-F dans ses zones d’intervention. MDM-F intervient depuis 2012 à Djibo (Province du Soum) et depuis 2014 à Arbinda (Soum) et à Gorom-Gorom (Oudalan). Les infirmiers et médecins sont pris en charge à environ 99% par l’ONG.
Les CRENI mènent entres autres des activités de PEC médico nutritionnelles, accompagnent les districts sanitaires dans l’élaboration des commandes en intrants nutritionnels. A en croire, Minata Diallo, accompagnante rencontrée au CRENI d’Arbinda, le taux de fréquentation des structures sanitaires a été renforcé avec l’arrivée de MDM-F dans la zone.
Des résultats palpables sur le terrain…
Selon un rapport d’avancement du projet en date de septembre 2016, présenté par Dr Diomandé Masséni Ery Paule, Chef de projet Nutrition/Djibo, l’ONG note en moyenne 256 nouvelles admissions à Djibo, 153 à Arbinda et 525 cas de malnutrition ont été pris en charge concernant les deux localités. Il faut noter que la gratuité des soins est effective du début jusqu’à la fin des prises en charge dans les CRENI de MDM-F.
Et les accompagnants des malades bénéficient de deux repas servis par accompagnant et par jour. Les indicateurs notent un taux d’abandon de 0%. Les patients et leurs accompagnants jouissent également de kits d’accompagnement, de séances de sensibilisations en nutrition et en santé reproductive, de frais de réinsertion communautaire dès leur sortie.
« Des résultats palpables », selon le Secrétaire général du Haut-Commissariat de Djibo, Maurice Konaté qui reconnaît que la ville est victime d’aléas climatiques. « Les personnes censées capables de venir en aide aux enfants rencontrent elles-mêmes des difficultés », dit-il. Il a traduit toute la reconnaissance de la population à MDM-F qui compte cependant se retirer bientôt de ce domaine d’intervention.
Quant aux nouveaux partenaires, il souhaite qu’ils suivent l’exemple de l’ONG et que la collaboration soit encore meilleure. Sur la question du manque de personnel qualifié, le SG du Haut-Commissariat de Djibo a annoncé de « nouvelles affectations ». « Si tout se passe bien, ce problème sera résolu », a-t-il laissé entendre.
Quelques défis à relever par les nouveaux partenaires…
L’ONG, pour sa part, avant son retrait définitif de ce domaine d’intervention humanitaire, souhaite notamment la consolidation de la prestation de services dans les CRENI, la consolidation de la chaîne d’approvisionnement, de stockages et de livraison des intrants.
Il faudrait, selon des responsables de l’ONG, également travailler à rendre effective la participation des hommes pendant les séances de sensibilisations, à poursuivre la supervision conjointe des agents des CSPS, à restaurer les mères ou accompagnantes d’enfants malnutris, réparer certaines ambulances des districts sanitaires, à doter les intervenants en matériels médico techniques (hémato, balance de précision, scellées de poches de sang).
VIDÉO – Lutte contre la malnutrition dans le sahel : Qui pour remplacer l’ONG « Médecins du Monde » qui se retire ?
L’implication des autorités mérite aussi d’être fortifiée pour une meilleure intégration de la nutrition dans les activités des districts. D’aucuns pensent qu’il faut poursuivre le plaidoyer auprès des autorités sanitaires pour l’affectation de plus d’infirmiers dans les CRENI.
Il faut savoir que pour le moment, aucune ONG n’a été officiellement présentée comme « héritière » des acquis engrangés par Médecins du Monde/France ni à Djibo ni à Arbinda. Mais à Gorom-Gorom, l’ONG italienne LVIA présente au Burkina depuis 1972 semble bien partie pour remplacer MDM-F.
Noufou KINDO
Burkina 24
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