Allaitement maternel : « Des femmes pensent qu’en allaitant, leurs seins tombent »

Publié le dimanche 2 octobre 2016

Le Réseau des journalistes et communicateurs pour la promotion de l’allaitement maternel exclusif (REJOCAME), en partenariat avec l’ONG « Alive & Thrive », après Kaya, était à Dori dans le cadre d’une caravane de presse. Si pour certains, l’allaitement maternel exclusif est une réalité dans le Sahel, à écouter d’autres par contre, la manière de procéder nécessite de nombreuses interrogations. Le constat est que beaucoup de femmes affirment qu’elles pratiquent l’allaitement maternel exclusif alors qu’elles donnent souvent de l’eau et/ou de la bouillie à l’enfant de moins de 6 mois.

Une mère qui a une alimentation équilibrée avant, pendant et après la grossesse donne la vie à un bébé bien portant. Aussi, est-il que, sa pratique de l’allaitement maternel exclusif (6 mois sans donner de l’eau ni bouillie à l’enfant) permettra à ce dernier de bénéficier d’un lait riche en substances nutritives et anticorps pour le protéger de nombreuses maladies.

Ces messages de sensibilisation, les populations de la région du Sahel en sont familières. Pourtant, la région détient le « maillot jaune » en matière de malnutrition au Burkina. Selon Minata Soalla/Sorgho, Sage-femme rencontrée le 30 septembre 2016 à Dori, il faudrait attribuer ce facteur à d’autres formes de phénomènes dont la mauvaise qualité de l’eau, le manque d’hygiène et d’assainissement.

« Dans la région du Sahel, l’allaitement maternel exclusif est pratiqué. Les femmes sont suivies pendant et après leurs grossesses. L’allaitement maternel est une réalité. Egalement, ici, contrairement aux rumeurs, les femmes n’ont pas l’habitude de donner du lait de vache aux enfants… De nombreux acteurs interviennent sur le terrain. Ils mettent surtout l’accent sur les sensibilisations. En tout cas, il y a beaucoup d’améliorations grâce aux conseils pratiques », dit-elle.

Minata Soalla née Sorgho, Sage-femme à Dori.

Minata Soalla née Sorgho, Sage-femme à Dori.

Cependant, le changement de comportement étant un processus souvent de longue haleine, les indicateurs sont en deçà des attentes. En effet, au Sahel, la situation demeure toujours préoccupante. Selon des données 2015 de l’UNICEF, plus d’un enfant sur dix risque sa vie.

53% des décès d’enfants interviennent sur un terrain de malnutrition. 44% des mères d’enfants de moins de 6 mois pratiquent l’allaitement maternel exclusif et seulement 10% des enfants de 6 à 23 mois ont une alimentation minimum acceptable dans la région.

Après un constat, il ressort que la pratique complète de l’allaitement maternel exclusif en particulier et de l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant en général se fait encore désirer. Mais bien d’acteurs n’entendent pas lier ce phénomène à la malnutrition persistante dans le Sahel.

« Des femmes pensent qu’en allaitant, leurs seins tombent, diminuent donc en nombre et en valeur. Mais il faut savoir que c’est un phénomène naturel. Ce n’est pas ainsi chez toutes les femmes. Il faut retenir que le lait maternel ne coûte pas. Très riche, il est facilement digestif pour l’enfant », confesse Minata Soalla/Sorgho.

Il y a donc des femmes qui « refusent » souvent d’allaiter leurs enfants. Evelyne Ouédraogo est secrétaire en formation à Dori. Elle est mère de trois enfants. Beaucoup comme elle pratiquent souvent mal l’allaitement maternel exclusif.

« A partir de quatre mois et demi (Pour l’enfant : NDLR), les femmes qui travaillent, ayant du mal à allaiter correctement leurs bébés, se retrouvent dans l’obligation de donner souvent de la bouillie à l’enfant », affirme-t-elle. Elle pose surtout le problème de la qualité de la bouillie qui laisse à désirer, selon elle.

Evelyne Ouédraogo est secrétaire en formation à Dori.

Evelyne Ouédraogo est secrétaire en formation à Dori.

Mais, Evelyne Ouédraogo semble ignorer tout de même qu’à cinq mois, l’enfant n’a pas encore l’âge requis pour consommer de la bouillie. Elle ajoute qu’à Dori, il est fréquent de voir des femmes donner de la bouillie ou de l’eau à des enfants de 4 à 5 mois souvent même à 3 mois. Elle pense en conclusion qu’il y a beaucoup d’enfants malnutris dans la région à cause de la mauvaise qualité des bouillies.

Pourtant, le véritable problème ne se situe pas à ce niveau. Les populations devront revoir leur copie quant à la notion d’allaitement maternel exclusif qui n’est autre chose que d’allaiter l’enfant jusqu’à six mois sans lui donner de l’eau, ni de la bouillie, ni de la tisane.

Noufou KINDO

Burkina24


La caravane a pris fin le 1er octobre à Dori. Pour le Coordonnateur du REJOCAME, Gaspard Bayala, le bilan de la caravane est « satisfaisant parce que ce qu’on a eu comme données nous satisfait ».

Gaspard Bayala, Coordonnateur du REJOCAME.

Gaspard Bayala, Coordonnateur du REJOCAME.

« On fait la promotion de l’allaitement maternel exclusif parce que ça y va de la santé du bébé.

Quand vous partez dans les pédiatries, il y a beaucoup de cas de malnutrition », dit-il.

Il dit remarquer que dans l’ensemble, l’allaitement maternel est pratiqué mais le problème se situe au niveau de l’allaitement maternel exclusif.

« Les gens disent qu’ils pratiquent l’allaitement maternel, mais l’exclusivité, c’est difficile. Parfois les gens disent oui on pratique, mais au fond, ils ajoutent de l’eau, etc. », constate-t-il.

« La sensibilisation doit continuer. Le vrai souci, c’est l’ignorance. Sinon véritablement, le bébé n’a besoin de l’eau que 6 mois après sa naissance », note, pour sa part, Hamado Ouédraogo, journaliste à la radio nationale.

Vidéo – Adama Thiombiano, Directeur Pays de l’ONG américaine « Alive & Thrive » : « Nous travaillons dans un domaine dont les résultats sont toujours de longue haleine ».


Noufou KINDO

Burkina 24


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