5 questions à  Yawovi Adem SIEKRO, Chef Bureau Lomé du Comité International de la Croix-Rouge : «Le CICR s’efforce de prévenir la souffrance des populations»

Publié le mercredi 26 octobre 2016

Le samedi 22 octobre 2016, la Croix-Rouge Béninoise a tenu  son assemblée  générale élective à Porto-Novo.  En marge  de cette assemblée, nous avons interrogé Monsieur Yawovi Adem SIEKRO, chef de bureau du CICR à Lomé. Notre invité  est revenu sur la mission du CICR, les actions de prévention de la délégation régionale d’Abidjan, le rôle du CICR dans la libération  de quelques lycéennes de Chibok et les nouvelles perspectives pour la société nationale de la Croix-Rouge du Bénin.

Adem SIEKRO, à quoi sert le CICR en ces temps de paix, comme nous l’observons au niveau de la sous-région ouest-africaine ?

Le Comité International de la Croix-Rouge est une organisation humanitaire qui a pour mission d’apporter protection et assistance aux victimes de conflits armés et d’autres situations de violence. Le CICR s’efforce, vous vous en doutez, de prévenir la souffrance des populations par la promotion et le renforcement du droit et des principes humanitaires.

Dans un souci d’efficacité, le CICR est structuré de manière à couvrir toutes les régions du monde. Ainsi la délégation régionale d’Abidjan dont dépend le bureau de Lomé couvre 5 pays : la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Burkina Faso, le Bénin et bien sûr le Togo. Cette région étant relativement calme, ce sont essentiellement des activités de prévention et d’appui aux sociétés nationales qui y sont menées.

In concreto, quelles actions mène la délégation régionale?

Au titre des actions que nous menons au niveau de la délégation régionale, on peut citer l’assistance aux déplacés et aux réfugiés dans les crises qui ont secoué ou qui continuent de secouer les pays comme le Mali, le Niger ou le Nigéria.Ainsi, les populations installées dans les provinces de l’Oudalan et du Soum, dans le Sahel burkinabé ou celles dans les Etats de Kano et de Bornu au Nigéria. La crise post électorale en Côte-d’Ivoire a fait naître des besoins importants  en matière humanitaire. Heureusement, les choses se sont nettement améliorées mais, le CICR continue de mener ses activités dans l’Ouest du pays pour soutenir les populations qui reviennent notamment du Libéria. Les délégués du CICR visitent des détenus en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Burkina Faso et au Togo, puisque nous avons aussi mandat de par les Conventions de Genève, de visiter les personnes détenues en relation avec un conflit armé ou une situation de violence afin de nous assurer qu’elles sont détenues dans des conditions qui préservent leur dignité. Les observations du CICR à la suite de ces visites sont adressées de façon confidentielle aux autorités. Beaucoup d’actions sont menées comme par exemple, le soutien aux sociétés nationales à travers la fourniture de matériel, la formation, les conseils, et les moyens financiers.  Nous organisons aussi des concours de plaidoirie dans le cadre de la promotion du Droit International Humanitaire

On entend dire que le CICR a joué un rôle  essentiel dans la libération de 21 filles  du Lycée Chibok ? Quel a été ce rôle ?

Le CICR est une organisation neutre. C’est pourquoi nous ne sommes pas impliqués dans les négociations politiques qui ont conduit à la libération des lycéennes de Chibok. Notre rôle a été celui d’un intermédiaire neutre à qui les deux parties en présence ont fait confiance ; nous avons donc apporté la logistique pour transporter les filles du lieu de leur libération vers leurs familles. Et nous sommes prêts à jouer le même rôle, si d’autres négociations aboutissent à la libération des autres filles et que les parties nous le demandent.

La Croix-Rouge du Bénin a retrouvé son unité depuis le samedi dernier. Peut–on dire que la médiation de la délégation  d’Abidjan a porté ses fruits ?

Il faut plutôt dire que c’est tout le Mouvement international de la Croix-Rouge qui est venu en soutien à la Croix-Rouge Béninoise, puisqu’en plus du CICR, la Fédération internationale des Sociétés de Croix-Rouge et de Croissant Rouge (FICR) aussi était présente aux côtés de la CRB. C’est une bonne nouvelle qu’une société nationale retrouve sa cohésion, son unité. Un travail patient et méthodique a été entrepris par les membres de la société nationale. Ce qui a abouti à  l’assemblée générale conformément à la loi. On se réjouit  de ce retour à la quiétude et on souhaite vivement qu’ensemble, les membres de cette société nationale recommencent par travailler pour le bien des personnes vulnérables au Bénin.

Quel est votre message à l’endroit de la communauté de la Croix-Rouge du Bénin ?

Je voudrais d’abord féliciter tous les membres et volontaires qui ont bien accepté de faire preuve de patience et d’esprit de collaboration afin d’arriver à doter la société nationale d’organes désormais représentatifs. C’est aussi l’occasion pour moi d’exhorter les uns et les autres à poursuivre dans la même lancée afin que les Béninoises et les Béninois qui ont besoin de leurs actions puissent être fiers d’eux. Je vous remercie.

Réalisé par Herbert Tauyé


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