Une répression intelligente
La bière nigériane Goldberg très affectionnée par les Béninois donne malheureusement de l’insomnie aux autorités béninoises. Sur plainte de la Sobébra, les autorités douanières ont décidé de faire la chasse à ce produit de l’espace Cedeao. Raison évoquée, la chute drastique des recettes de la Sobébra, la plus ancienne brasserie du Bénin vendue dans les années 90 au Groupe international Castel BGI par l’Etat béninois sous la pression du Fonds monétaire international.
Les instructions sont données et elles sont claires. Tout agent des douanes affecté dans les unités douanières frontalières au Nigeria et qui ne donnerait pas la preuve de son combat contre Goldberg pourrait bien perdre son job. Face à cette menace, il vaut mieux ne pas résister. Il faut obtempérer.
Goldberg est alors traqué partout en violation de tous les accords signés entre le Bénin et les autres pays de la Cedeao sur la libre circulation des personnes et des biens et le libre-échange. Akm au point, les disciples de Saint Mathieu écument tous les endroits. Sans mandat de perquisition, ils descendent dans des maisons, des buvettes… pour traquer le fameux breuvage Goldberg dont la popularité a éclipsé la légendaire bière « béninoise » brassée par la Sobébra.
La chasse n’est pas moins fructueuse. Les entrepôts des unités douanières de Médédjonou (dans la commune d’Adjarra), de Maria Tokpa (dans la commune de Porto-Novo), de la Brigade mobile de Porto-Novo, pour ne citer que ces entrepôts-là, débordent déjà de Goldberg. Ceci, pour le bonheur de la Sobébra. Pour faire disparaître à jamais ce produit, certains douaniers n’hésitent pas le détruire systématiquement.
Mais est-ce la solution ? Certainement pas. La courbe ne s’inverse pas. Dans l’opinion publique, le sentiment anti-bière béninoise prend de l’ampleur. Beaucoup de Béninois estiment que les arguments avancés par la Sobébra pour justifier son combat contre l’entrée de Goldberg sur le territoire béninois ne tiennent pas la route. Pour eux, la Sobébra ferait mieux de négocier avec la Société Nigériane qui brasse Goldberg pour qu’en échange, un de ces produits, pourquoi pas « La Béninoise » pénètre aussi le marché Nigérian fort de plus de 100 millions d’âmes. En tout cas, dans ce combat contre Goldberg, le gouvernement du Président Patrice Talon doit éviter de tomber dans le piège de la Sobébra. Il n’y a pas que Goldberg seul qui a fait effondrer les recettes de la Sobébra. Il y a aussi la bière Pils. Elle est brassée au Togo et entre frauduleusement aussi au Bénin. Si cette bière n’est pas traquée, c’est tout simplement parce qu’elle est brassée par une usine qui appartient tout comme la Sobébra au Groupe Castel BGI. La vérité est là.
Au Nigeria la Goldberg-gate fait grand bruit dans des milieux diplomatiques. Elle pourrait embrouiller les relations commerciales qui existent entre le Nigéria et le Bénin. Je plaide pour une répression intelligente de cette bière. Car par les temps qui courent, il ne faut pas s’attirer la colère des autorités d’Abuja. Il ne faut pas que cette traque contre un produit fabriqué au Nigeria, donc dans l’espace Cedeao entraine bêtement la fermeture des frontières bénino-nigérianes.
C’est mon cri de cœur !
Affissou Anonrin
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