Baisse prochaine de la production mondiale du pétrole : Une bonne nouvelle pour le Naïra…et pour le Bénin ?
La crise du pétrole frappe durement les pays qui le produisent. Comme le voisin de l’Est du Bénin, les pays réunis au sein de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole, souffrent depuis quelques années de leur richesse naturelle. Bizarre ! Autant le pétrole constituait une source de grandes devises, autant, aujourd’hui, ils n’en tirent plus grandes choses. A cause de la production hors-norme enregistrée sur le marché mondial depuis maintenant un an et demi. La raison : concurrencer le boom des hydrocarbures du schiste produit par les Etats-Unis. Seulement, les pays de l’Opep sont en train de comprendre qu’il va falloir arrêter la saignée.
C’est une nouvelle qui, d’ici quelques semaines, pourrait sortir le Nigéria de la récession économique entraînée par la chute du coût du baril de pétrole. Situation qui a fait perdre au Naïra (monnaie nigériane) sa valeur. Le gouvernement du Nigéria a dû dévaluer sa monnaie afin de relancer son économie. Mais pour l’instant, les effets de cette stratégie tardent à rejaillir sur l’économie nigériane. L’économie béninoise est aussi entraînée dans cette vague de la dépréciation du Naïra. N’a-t-on souvent pas l’habitude de dire que quand le Nigéria tousse, le Bénin est automatiquement enrhumé ! La mauvaise passe du Nigéria, faut-il le rappeler, a des conséquences dévastatrices sur l’économie béninoise. Les deux pays étant très liés par les échanges commerciaux. Aujourd’hui, le port de Cotonou et ses acteurs sont fortement affectés par cette situation. La chute drastique de la filière de véhicules d’occasion, à elle seule, en est un parfait exemple. Un triste exemple pour les acteurs portuaires. Les commerçants et commerçantes du marché de Dantokpa ne sont aussi pas épargnés. Ils se plaignent tous les jours de ne plus voir les clients nigérians venir vers eux.
Il ne peut en être autrement. Le Nigérian n’a plus les moyens de venir acheter sur le marché béninois. Mais, la décision prise par les quatorze pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le mercredi 28 septembre à Alger, pourrait bientôt inverser la tendance. Ils ont «finalement parvenus à dégager un accord de principe sur la baisse de production afin de faire remonter les cours. Cette baisse – la première depuis 2008 – devrait être de l’ordre de 700 000 barils par jour, soit entre un tiers et la moitié de l’excédent de production mondiale. Les marchés ont salué cette décision inattendue : en fin d’après-midi, le cours du brut léger américain West Texas Intermediate (WTI) a clôturé en progression de 5,3 % (47,05 dollars) à New York, alors que des rumeurs insistantes faisaient état d’un accord imminent. En quatre jours, le WTI et le brent de la mer du Nord ont regagné 6 %. Et l’accord d’Alger, même fragile, pourrait leur faire repasser la barre des 50 dollars le baril, encore loin des 114 dollars atteints en juin 2014. «L’OPEP a pris une décision exceptionnelle aujourd’hui après deux ans et demi, l’OPEP a atteint un consensus pour piloter le marché », a déclaré le ministre iranien du pétrole» peut-on lire dans l’édition en ligne d’hier du journal français Le Monde.
La Banque mondiale prévient
De son côté, le site internet de Radio France internationale ajoute : «Aujourd’hui, on ne sait toujours pas qui va produire quoi. Les quotas de production pays par pays seront arrêtés dans un mois lors de la réunion de Vienne. Il faudra s’assurer ensuite que chacun respecte ces nouveaux quotas. Aujourd’hui, selon les analystes, l’accord trouvé ne change rien aux fondamentaux du marché, plombé depuis un an et demi par une offre excédentaire en pétrole. Les pays de l’Opep ont laissé depuis 2008 les vannes grandes ouvertes pour conserver des parts de marchés menacés par le boom des hydrocarbures de schiste américain.Stratégie à double tranchant. L’effondrement des cours du brut a entrainé une crise économique et sociale profonde dans les pays dont les économies reposent entièrement sur les ressources pétrolières, comme au Venezuela ou indirectement, au Nigeria».
Dans tous les cas, il y a urgence. Selon la Banque mondiale, après avoir ralenti à 3% en 2015, le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne devrait continuer de baisser à 1,6% en 2016, son niveau le plus bas depuis vingt ans. «Les difficultés économiques rencontrées par les principales économies de la région (le Nigéria et l’Afrique du sud), qui subissent toujours les contrecoups de la chute des cours des matières premières, expliquent ce ralentissement. Ces pays doivent de surcroît s’adapter à des conditions de financement moins favorables et faire face aux incertitudes pesant sur leurs politiques économiques», ajoute la Banque mondiale. Autrement, si rien n’est fait pour sortir les pays producteurs de pétrole et grands dépendants de ces matières premières, ils continueront de sombrer. Les pays qui dépendent d’eux aussi. Alors, vivement que les pays de l’Opep aillent jusqu’au bout de cette initiative.
Athanase Dèwanou
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