CAUNAB : une association-testament
« Partis politiques, unité nationale et développement national équilibré : quels défis à relever ? » C’est le thème autour duquel Convergence d’ Actions pour l’Unité Nationale(CAUNAB) veut organiser une » Rencontre nationale citoyenne d’échanges » le dimanche 4 Septembre 2016, à Cotonou. Cela fait un peu plus de deux ans que cette association se signale sur le terrain par des manifestations qui se focalisent sur la thématique de la construction de l’unité nationale. Pourquoi cet intérêt ? Et pourquoi maintenant ? Les essais de réponses à ces questionnements pourraient être trouvés dans l’itinéraire des initiateurs et dirigeants de CAUNAB, sans qu’il soit nécessaire de se focaliser sur les personnes elles-mêmes.
A l’indépendance du pays en Août 1960, la plupart des dirigeants actuels de CAUNAB étaient, soit de jeunes cadres en fin de formation dans les universités françaises ou fraichement de retour au pays pour prendre rang parmi la première génération des fonctionnaires postindépendance, soit des élèves des premiers lycées et collèges concentrés dans la capitale Porto-Novo, la métropole Cotonou , et dans une moindre mesure dansdes centres urbains comme Abomey , Ouidah , Parakou .
Le contexte de l’époque était à une certaine euphorie au niveau des citoyens, et en particulier les cadres et les jeunesétaient conscients de la nécessité pour eux d’œuvrer pour faire de leur pays un Etat phare dans une Afrique désormais engagée dans la course au progrès en comptant sur les capacités de ses fils et filles.
Au niveau de la jeunesse, l’Union Générale des Elèves et Etudiants du Dahomey (UGEED) était l’unique cadre de mobilisation et d’action. Sa création remonte aux années 1950 , dans le sillage de la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France( FEANF) au sein de laquelle plusieurs étudiants dahoméens ont occupé des grands postes de responsabilité , avant de revenir au pays continuer le travail de conscientisation des populations, surtout des jeunes des villes et des campagnes . Ce travail se fera à travers de nombreuses Associations régionales de scolaires (ARS), dont certaines vont être de véritables poils à gratter aussi par le pouvoir central que par les responsables de l’administration territoriale. De fait, l’UGEED agissait dans toutes les régions, à travers ses structures tant parmi les scolaires que parmi les mouvements de jeunes dont ses adhérents assuraient l’encadrement politique.
Mais, en 1967 l’UGEED connait une crise avec la création du Front d’Action Commun des Elèves et Etudiants du Nord(FACEEN). Comme son appellation l’indique, les initiateurs du Front sont tous ressortissants de la partie septentrionale du pays. Ils présentaient leur action comme la réaction aux frustrations nées de la non prise en compte des revendications spécifiques aux élèves et étudiants originaires du nord dont la majorité devaient venir faire ou poursuivre leur scolarité au sud. Pour réfuter l’accusation de régionalisme formulée à leur encontre, les dirigeants du FACCEN ont toujours répondu que l’organisation était ouverte aux scolaires originaires du sud dont les parents étaient en activité dans la partie septentrionale ou s’y étaient établis à la fin de leur carrière administrative. Dans beaucoup d’établissements du sud , en particulier les lycées et collèges publics , on assistera désormais à une cohabitation plus ou moins harmonieuse entre les deux organisations , surtout lors des mouvements revendicatifs liés à l’ amélioration des conditions de vie et de travail . Dans l’ensemble on n’eut pas à déplorer des oppositions ou des frictions ayant conduit à des débordements déplorables.
Consensus en dépit des divergences
Au total , on peut donc souligner que , malgré les divergences survenues dans la formulation des stratégies de lutte en mettre en œuvre pour faire aboutir leurs revendications , l’ UGEED et le FACCEN ont réussi à instaurer un climat de consensus entre leurs membres, jusqu’à ce que intervienne en Octobre 1972 le processus révolutionnaire qui va créer une nouvelle ligne de fracture -cette fois-ci idéologique- non seulement au sein des deux organisations, mais surtout entre les membres influents de chacune d’elles. La lutte politique contre le régime qui se met en place après le coup d’Etat du 26 Octobre 1972- surtout après l’option officielle pour l’idéologie marxiste-léniniste et la création du Parti de la Révolution populaire du Bénin – rapprochera des militants de l’UGEED et du FACEEN ;ils se retrouveront en Décembre 1977 pour créer le Parti Communiste du Dahomey qui devient après la conférence nationale de Février 1990 le Parti Communiste du Bénin (PCB).
Ce rapprochement se réalise pour ainsi dire en réaction contre l’engagement de certains cadres intellectuels et jeunes aux côtés des militaires auteurs du coup d’Etat d’Octobre 1972 ; il s’agit des membres de la Ligue Nationale de la Jeunesse Patriotique (LNJP).
La LNJP a été créée en 1968 par d’ anciens militants – et pas des moindres- de l’UGEED qui estimaient nécessaire la présence sur le terrain d’un parti à l’idéologie totalement opposée à celle des formations des années 1940-1960 dont les leaders monopolisaient la vie politique.En fait, la polémique qui a entouré la naissance de la Ligue- terme par lequel on finira par désigner le nouveau parti- a été révélatrice des positions divergentes qui traversaient les mouvements et organisations de cadres et de jeunes dans la décennie postindépendance au sujet de la forme à donner aux luttes des forces démocratiques. Ainsi la dernière irruption de l’armée nationale dans les débats politiques en Octobre 1972, et pour près de deux décennies, n’a pas aidé à rapprocher les positions.
C’est ainsi qu’au sortir de la Conférence nationale en Février 1990, loin d’assister à un regroupement des forces pour donner naissance à des structures de mobilisation et d’éducation fiables des populations, on verra plutôt une dispersion des énergies dans des regroupements dont le fonctionnement repose beaucoup plus sur l’attirance pour les gratifications matérielles que sur l’enthousiasme pour les idéaux et les grands principes politiques. Les pionniers, ceux que l’on peut qualifier sans exagération de penseurs du Mouvement démocratique au Dahomey-Bénin des décennies 1960-1970,ne sont pas parvenus à mettre sur pied des organisations ou mouvements représentatifs de l’identité nationale. C’est la très triste et inquiétante réalité qui s’observe encore sur le terrain après cinquante six années d’accession à la souveraineté nationale et internationale. CAUNAB se présente aujourd’hui commela réaction des acteurs de premier plan de ces périodes de l’histoire du Bénin .Témoins privilégiés ou acteurs sur le terrain, ils ont contribué à influer sur le cours des événements, par les postes de responsabilité occupés tant dans leur trajectoire professionnel que politique.C’est pourquoi, ils se sentent interpellés par les développements des événements sur tous les plans, et plus particulièrement les élections de ces dernières années qui se sont déroulées dans un climat qui montre, à bien des égards, la fragilité de l’expérience démocratique béninoise.
Les risques de basculement d’un pays sont facilement perceptibles lors des processus électoraux à travers les rapports entre les composantes de la population. L’état de ces rapports dépend, dans une large mesure, de l’action de la classe politique en matière d’encadrement et d’éducation des militants à la base. Et plus de deux décennies après l’engagementde leur pays dans la voie de la démocratie, les Béninois ont des raisons de s’interroger sur la pérennité de l’expérience démocratique en cour dans leur pays.
UN DEVOIR MORAL
L’une des clés pour assurer cette pérennité est dans la volonté de faire naitre et entretenir le sentiment d’appartenance à une même communauté dont il faut nécessairement maintenirl’unité, quelles que soient les sensibilités et visions dans la recherche des voies et moyens pour résoudre les problèmes. Dans cette optique, l’itinéraire des membres de CAUNAB leur impose le devoir moral de lancer et de maintenir la réflexion sur les entraves réelles à la construction de l’unité nationale.En effet, pour la plupart d’eux la confrontation des idées est un exercice qui a marqué non seulement leur jeunesse, mais aussi leur implication dans la vie politique. Les contractions, parfois vigoureuses, qui ont marqué leurs positions à des moments donnés sur l’analyse de la situation du pays n’ont pas érigé des barrières définitivement infranchissables entre eux.
La création de ce creuset de réflexion et d’échanges sur une problématique majeure de tous les pays africains -la construction de l’unité nationale- montre que les antagonismes du parcours militant ne leur ont pas fait perdre de vue la nécessité delutter contre cette peur irrationnelle de l’autre , parce qu’il n’appartient pas à la même aire culturelle ou votre vision politique . Et qui peut oser nier que la vie politique au Bénin aujourd’hui s’organise de plus en plus autour de prétendues solidarités ethniques et communautaristes qui font fi des réelles aspirations des populations au développement. Des intellectuels n’hésitent plus à se proclamer porte-paroles exclusifs de leur région d’origine au moment d’une élection, en faisant de leurs collègues venus d’autres localités en qualité de serviteurs de l’Etat des étrangers à qui il faut dénier le droit d’intervenir dans les débats. Dans ces circonstances, CAUNAB apparait alors comme un instrument pour resserrer les rangs des militants avertis, et qui veulent entrainer avec eux des forces encore insuffisamment préparées pour éviter les écueils d’un combat à mener sur la durée, celui de la réflexion citoyenne sur la nécessité de préserver le sentiment du vivre ensemble dans toutes les circonstances.
» Aucun Béninois ne nait avec la haine d’un autre Béninois. Nos concitoyens apprennent à haïr, apprenons-leur à aimer et nous le pouvons. » Cette affirmation contenue dans le document de présentation de CAUNAB sonne comme une profession de foi, un crédo qu’il faut traduire dans les faits.Aujourd’hui, au regard du parcours de ses initiateurs, l’Association » Convergence d’Actions pour l’Unité nationale » se présente comme un testament dont les rédacteurs ont été des animateurs de la vie nationale à des moments cruciaux de l’histoire. Mais maintenant, il ne s’agit plus de se perdre dans des théories plus ou moins sophistiquées, mais de trouver enfin des solutions à des problèmes concrets. Et celui dont il sera question lors du forum du 4 Septembre en est un, à savoir comment faire des partis politiques de réels instruments de promotion de l’unité nationale et de développement équilibré du pays ?
Noël ALLAGBADA Conscient que l’éducation est le seul moyen de garantir un avenir meilleur à la jeunesse, l’ancien président de l’Assemblée nationale le député Idji Kolawolé, entend jouer sa partition afin que les choses se passent dans de bonnes conditions dans ledit secteur. Pour ce faire, il donnera une conférence de presse demain, mardi 30 août 2016, à l’hôtel Azalaï de la Plage. Mais avant de s’adresser aux hommes des médias, Idji Kolawolé tient à rencontrer les ministres de tous les ordres de l’enseignement et avoir un tête-à-tête franc avec eux. Pour cela, il a déjà rencontré, le mardi dernier, Odile Atanasso, ministre de l’Enseignement supérieur. Le tête-à-tête a duré près de deux heures d’horloge. Le vendredi dernier, 26 août, il a rencontré le ministre de l’Enseignement secondaire. Ce jour, lundi 29 août, ce sera le tour de celui des Enseignements maternel et primaire. Au cours de cette conférence de presse de demain, le député Idji Kolawolé se prononcera sur la nouvelle carte universitaire et bien d’autres sujets. Il n’oubliera pas de dire un mot sur la situation délétère à l’université d’Abomey-Calavi, où l’année académique est déclarée annulée à la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines, avec plusieurs arrestations dans le rang des responsables d’étudiants.
Source extérieure
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