Jules Kodjo, président de FBF+ : « Tout le monde est complice du mal-être du football béninois »
Séjournant en France depuis plusieurs décennies, Jules Sourou Kodjo est un observateur très averti du football béninois. Précurseur de la formation des jeunes à la base au Bénin, il est le président-fondateur du centre de préformation de l’Association France Bénin Football Plus (FBF+). Très ulcéré par la gestion calamiteuse du sport roi dans notre pays, l’ancien sociétaire de l’Etoile sportive de Porto-Novo fait des propositions judicieuses pour redonner vie au football au Bénin.
Bonjour M. Jules Kodjo. Comment allez-vous ?
Je vais bien et surtout que le soleil est revenu, on ne se plaint pas.
Chantre de la protection et de la promotion des jeunes footballeurs africains, vous avez pris part à un conclave de la Fifa il y a quelques semaines. Que peut-on retenir grosso modo ?
En effet, j’ai été associé à la seconde session de réflexion de Football Global organisée sous la houlette du Centre International d’étude du sport FIFA (CIES) en Suisse. Une grande partie des experts du football mondial était présente sous la direction du Dr Raffaele Poli et ses collaborateurs. Tous les responsables des pays présents avaient apporté leur vision du Football Global et un rapport global sera publié incessamment. C’était un honneur à « France Benin Football Plus » à travers son président que je suis pour sa vision du football global.
Qu’il vous souvienne qu’en 2006, j’ai été invité à participer à la Conférence internationale sur l’avenir du Jeune Footballeur Africain aux côtés de Aimé Jacquet et Salif Keïta. J’avais planché sur « la difficulté de formation du jeune footballeur africain ». En conclusion de mes travaux, j’avais proposé la professionnalisation du football africain. Les sorciers blancs – ils étaient nombreux dans la salle – m’avaient traité de rêveur. J’ai alors remis le dossier à Aimé Jacquet qui a reconnu la pertinence et le bien-fondé de mes travaux. Deux ans après, la FIFA a promulgué le professionnalisme à toutes les associations africaines, au risque de leur couper les subventions. Et c’est bien tout le contraire de mes travaux qui stigmatisaient le professionnalisme sans Formation. Le résultat est criant : l’Europe demeure le plus grand centre de formation du football africain… Et le rêve de notre jeunesse est de PARTIR…
Ancien footballeur international béninois vivant depuis plusieurs décennies en France, quelques appréciations faites-vous de la crise qui secoue le football de votre pays d’origine ?
Cela fait des années que ça dure et c’est notre jeunesse qui paie les pots cassés. Tout le monde est complice de ce mal qui perdure.
Un congrès factice de la FBF s’est tenu à Cotonou et M. Moucha-rafou Anjorin est élu à nouveau à la tête de l’institution dans des conditions rocambolesques. Votre appréciation ?
J’ai suivi de très près l’évolution des débats qui nous a amené à cette élection. Je n’ai pas de parti pris. Juste un observateur qui de temps à autre donne son avis. J’ai ma vision d’un Président de la Fédération.
Que dire alors de la complicité passive ou active inquiétante des instances internationales ?
J’ai justement évoqué ce sujet lors de mon intervention en Suisse. Je laisse le soin au rapporteur d’apprécier. Cependant, je pourrais dire que depuis une trentaine d’années, il n’y a eu que trois personnes qui ont pris les destinées du football en main. Je crois qu’il est temps de revoir la copie et de confier le destin du football à un homme dont je définis le profil plus bas (Ndlr : voir le portrait-robot en encadré). La maison «Football» est un Vase Clos», et il faut vraiment aimer le football pour y pénétrer. Autrement, il est très ouvert pour le commerce en tout genre…
« Aujourd’hui, le plus grand centre de formation du football africain, c’est l’Europe. Mais paradoxalement, le Supermarché du football européen, c’est l’Afrique ».
Malgré les nombreux soubresauts dans le football béninois, les Ecureuils restent toujours en course pour la qualification à la Can, Gabon 2017. N’est-ce pas l’arbre qui cache souvent la forêt ?
Les Ecureuils comme j’ai eu à le dire il n’y a pas si longtemps, c’est l’arbre qui cache effectivement la forêt. Le peuple, comme partout ailleurs, n’attend que le résultat. Idem pour les responsables. Mais, il est important pour les responsables d’avoir de la vision et beaucoup de courage pour éduquer le peuple. Car, le haut niveau est un travail de longue haleine. Aujourd’hui, le plus grand centre de formation du football africain, c’est l’Europe. Mais paradoxalement, le Supermarché du football européen, c’est l’Afrique.
Que faire alors pour revenir sur le chemin vertueux du travail à la base, gage de la pérennité et du succès ?
Vous avez tout dit, le travail à la base. La patience…
Quel regard portez-vous sur les prestations du jeune David Kiki, pur produit de France Bénin Football Plus (FBF+) que vous présidez, et qui fait aujourd’hui ses preuves au sein de la sélection nationale A du Bénin ?
David Kiki est comme un diamant brut. Il ira très loin. Car, il a une grande marge de progression. Tout ce que je lui recommande souvent, c’est de garder la tête sur les épaules et de continuer de travailler. Il aura beaucoup de nouveaux amis et des conseillers. Il lui suffit de tourner la tête et de voir d’où il vient… C’est le gage de la réussite. Il est tout simplement la fierté de France Benin Football Plus, et nous sommes là pour l’éclairer.
Les errements et la gestion calamiteuse du football au Bénin semblent émousser votre ardeur dans le domaine de l’encadrement de la jeunesse béninoise.
C’est un fait, mais je continue de croire en la jeunesse béninoise. Par conséquent, je prépare actuellement un Projet-pilote pour un nouveau départ dans la rupture.
Qui est en fait Jules Kodjo ?
Je crois que vous me connaissez assez ainsi que pas mal de Béninois… Et pour ceux qui n’étaient pas à l’origine, je rappellerai que ce sont des passionnés de football de France et du Benin qui se sont réunis autour de Jules Kodjo, votre serviteur, pour aider les jeunes du Benin à assouvir leur passion et devenir des Citoyens à part entière dans leur pays.
En effet en 1989, les joueurs du Club Olympique de Sèvres auquel j’appartenais en tant que joueur, entraineur-joueur, et entraineur des jeunes par la suite, ont décidé d’organiser mon jubilé au Benin. Et ce fut le premier de l’histoire du football béninois. La fête était belle. Les jeunes, à la fin du match de mon jubilé, nous ont rejoints à l’hôtel pour des autographes, et tous voulaient venir en France. Car pour eux déjà, c’est en France que réside le vrai football professionnel et les meilleurs centres de formation. Vous comprenez notre embarras d’autant plus qu’en France, la loi Pasqua venait d’être adoptée. (Reconduite à la frontière). Serge Mésonés qui faisait partie de la délégation, ancien capitaine de l’Aj Auxerre, aujourd’hui décédé, nous proposa de réfléchir à un moyen de venir en aide à ces jeunes. C’est ainsi qu’est née FRANCE BENIN FOOTBALL PLUS « Notre Patrimoine Commun », comme le disent les jeunes. L’Accord de siège a été signé le 05 juin 1997 avec l’Etat béninois au Ministère des Affaires Etrangères.
Mais il faut rappeler qu’auparavant, j’avais joué dans l’une des meilleures équipes du Benin, «l’Etoile Sportive de Porto-Novo». J’ai également évolué dans les « GAZAPA » au Lycée Béhanzin de la même ville, ainsi que dans les Forces Armées Dahoméennes (FAD), aujourd’hui Forces Armées Béninoises (FAB) où j’étais Sous-officier de Réserve à la 1ère Compagnie au Camp Ghézo. On était sous le commandement du Capitaine d’alors, feu Général Mathieu Kérékou. J’ai fait une apparition en équipe nationale, et j’ai décliné toutes les autres convocations. Car, ce n’était pas mon meilleur souvenir de footballeur… Même en sélection nationale.
Réalisé par
Pascal Hounkpatin
Onze devoirs-types du
Président de la Fédération
1° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Je ne serai pas Député et je ne détiendrai aucun mandat politique
2° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Aucun membre du bureau fédéral ne détiendra un mandat politique
3° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Je ne serai pas Agent de joueurs et aucun membre du bureau ni du Staff technique National ne sera Agent de joueurs de même que les entraineurs nationaux.
4° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Je ne serai pas Président de Club de même que les membres du bureau.
5° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Le Staff technique National résidera au Bénin et œuvrera avec le Directeur technique national
6° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Je demanderai au Staff technique national, un bon mixage des joueurs locaux et expatriés tout en préservant l’esprit de la Gagne pour un Bénin créateur
7° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Toutes les equipes de Ligue 1 et Ligue 2 doivent présenter en ouverture de rideau pour tous leurs matchs de championnat une équipe de jeunes de U12
8° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Je vais revoir le découpage du championnat afin qu’aucune équipe ne parcourt plus d’une Heure de route pour se rendre sur le terrain de son adversaire.
9° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Pendant mon mandat de quatre (04) ans, renouvelable une seule fois, le championnat sera réservé uniquement aux Béninois pour donner une bonne formation à notre jeunesse et leur permettre de faire de la compétition. Après mes deux mandats que je souhaite vivement pour finir ma réforme, tout le monde pourra venir jouer dans notre football, aussi bien les Européens, les Brésiliens, Tous… Car, notre football sera attractif compétitif et attrayant pour les Partenaires.
10° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Mon seul objectif sera de SERVIR LE FOOTBALL et NON me servir du FOOTBALL et je ferai du football, un facteur de Développement.
11° MOI PRESIDENT DE LA FEDEATION BENINOISE DE FOOTBALL…
Je ne résiderai pas en dehors du Territoire National « Le BENIN ».
JE COMPTE SUR VOUS POUR ME FAIRE CONFIANCE POUR UN FOOTBALL COMPETITIF.
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