Paul Thiéba : « Les animaux qu’on me remet, je n’en mange pas »

Publié le dimanche 5 juin 2016

Un décret d’application de la nouvelle loi anti-corruption a été adopté par le gouvernement burkinabè. Il fait obligation aux personnalités de déclarer les cadeaux qu’elles reçoivent si leur valeur excède 35 000 F CFA. Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a tenu à affirmer qu’il se soumet à la loi.

Ces déclarations se font en direct à la RTB Télé, le 4 juin 2016, à l’occasion de la cérémonie de lancement de la série télévisée « Stop Corruption ». Le Premier ministre Paul Kaba Thiéba est l’invité d’honneur. Luc Marius Ibriga, président de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC), est interviewé par l’animateur Big Ben.

Ce dernier met sur le tapis le sujet des cadeaux reçus par les personnalités et qui doivent être déclarés si leur valeur excède 35 000 F CFA. Le Contrôleur général d’Etat ne se fait pas prier pour expliquer les tenants et les aboutissants de ce décret d’application :

« Si on vous donne un bœuf, ça devient la propriété de l’Etat. Vous devez remettre ça et ça rentre dans les biens publics. Cela peut servir pour nourrir les prisonniers de la MACO. L’acte qui est fait peut ne pas être un acte de corruption.  Cela peut être un acte révérence. (Mais) l’autorité qui reçoit ce cadeau doit, non seulement le déclarer, mais le remettre au Trésor public.

Ce qui fait que quand l’acte est fait, et publiquement, l’ASCE et le RENLAC ont les yeux ouverts et peuvent demander au Premier ministre où  est passé le cheval, où est passé telle ou telle chose. Le fait que cette règle existe permet d’interpeller tous ceux qui reçoivent des cadeaux. Les personnes qui sont au courant peuvent nous alerter pour dire que nous sommes témoins que tel cadeau dépassant tel montant a été remis à telle personnalité ».

Lorsque, vers la fin de la cérémonie, le Premier ministre prend la parole, il précise d’abord que le gouvernement s’est donné comme défi majeur de lutter contre la corruption. « Le principe, c’est zéro tolérance pour la corruption, dit-il. Et je peux vous dire que tous les jours le Président du Faso et moi-même, nous veillons à ce que ce soit vraiment zéro tolérance. Dans le cadre des nominations des personnalités aux responsabilités d’Etat, nous faisons toujours une sorte de checking pour nous assurer de la bonne moralité des gens qui vont être promus, pour savoir s’ils n’ont pas un passé compromettant ».

Il énumère par la suite les mesures déjà prises par l’exécutif pour tenir cet engagement : l’indépendance de la justice, l’autonomisation de l’ASCE, le renforcement du dispositif législatif et règlementaire, etc.

Le chef du gouvernement termine enfin par les fameux cadeaux. Les Burkinabè ont sans doute surpris certaines images dans la presse où des animaux sont remis aux personnalités, dont le Premier ministre. Paul Kaba Thiéba a tenu à préciser qu’il se conformait à la règle citée plus haut par le contrôleur général d’Etat, et cela, avec force détails :

« La volonté politique est là, sous le leadership du Président, d’éradiquer la corruption. Chaque jour, lorsque nous allons en Conseil des ministres, nous y veillons. Dans les nominations, dans les décisions. Pas plus tard que lors de la Journée du Paysan, lorsque j’étais en tournée avec le Président à Bagré, des paysans sont venus nous remettre spontanément des animaux comme  cadeaux.

Dès que nous avons quitté les lieux, le président a dit « écoute, on envoie ça à la MACO, ça fera le bonheur des pensionnaires de la MACO ». Et c’est ce qui a été fait. Chaque fois que je vais en tournée, les animaux qu’on me remet, vous pouvez demander à ma garde rapprochée, ce sont eux qui en bénéficient. Je n’en mange pas. C’est pour dire qu’aujourd’hui, il y a un changement ».

Abdou ZOURE

Burkina24


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