Administration publique : Yayi installe un désert de compétences à Talon
Le conseil des ministres du 1er juin 2016 a connu du point de la situation des effectifs des Agents permanents de l’Etat (Ape) par catégorie, de 2005 à 2015. Mais le point fait par le ministre du travail, de la fonction publique et des affaires sociales n’a rien de reluisant pour l’administration publique. Boni Yayi, le prédécesseur de l’actuel Chef de l’Etat, a créé le désert de compétence à travers ses «recrutements massifs».
Les «recrutements massifs» faits par Boni Yayi entre 2006 et 2015 (au bas mot) n’ont certainement pas apporté grande chose à l’administration publique. Les statistiques brandies par le régime du Nouveau Départ en apportent un éclairage. Pas très reluisant. En effet, le communiqué du conseil des ministres du 1er juin 2016 mentionne que l’effectif des agents de l’Etat a évolué de 40.523 en 2005 à 73.090 en 2015. Le même communiqué explique cet accroissement par le «reversement en agents contractuels de l’Etat de plus de 30.000 agents occasionnels, agents communautaires, contractuels locaux et autres bénéficiaires de mesures sociales». On tient toujours de ce communiqué du conseil des ministres que «par statut, la situation se décline comme ci-après : Agents permanents de l’Etat : 23.247 ; Agents contractuels de l’Etat : 49.516 ; Autres : 327 (…)». Ce qui attire l’attention dans ce volet dudit communiqué, c’est qu’il est mentionné que « malgré cet effectif, il existe encore des besoins en ressources humaines non satisfaits du fait que les profils de nombreux agents ayant fait l’objet de reversement à la Fonction publique ne correspondent pas toujours aux besoins de l’administration…». Il est donc demandé au ministre en charge du travail «d’évaluer les besoins urgents de recrutement dans tous les secteurs de l’administration ». Autrement, le régime défunt dit du changement a plutôt privilégié la quantité qu’à la qualité. Que peut faire un agent qui ignore tout de la santé dans un centre de santé ? Que peut faire un agent qui ignore tout de l’économie et des finances dans une recette-perception par exemple ? Ou encore au ministère de l’économie et des finances ? Ce point fait par le ministre en charge du travail remet en surface les derniers recrutements effectués par le régime Yayi. Il était dit que certains étaient tranquilles dans leur champ quand on est allé les chercher pour passer les concours. Avec les coups-de-pouce, ils ont été déclarés admis et ont pris fonction. Pour quoi faire à leur poste ? Il a fallu l’avènement du régime du Nouveau Départ pour chercher à en savoir davantage. Ces recrutements de quantité au détriment de la qualité ne donnent-ils pas raison au Chef de l’Etat, Patrice Talon, qui parlait de «désert de compétences » au Bénin, même s’il ne faisait directement pas allusion à l’administration publique ? Incontestablement, on est à même de dire que Boni Yayi a recruté pour son successeur des agents non qualifiés, incompétents à bien de postes. Un vrai «désert de compétences» que Talon est appelé à verdir.
Athanase Dèwanou
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