Grand marché de Nouna : « Depuis que le nouveau pouvoir est arrivé, ça ne marche plus »
Depuis un certain temps, l’activité commerciale tourne au grand ralenti à Nouna. Un tour au grand marché a permis de faire le constat. La clientèle se fait de plus en plus rare et les commerçants ne parviennent plus à écouler leurs marchandises. Tous pointent du doigt le nouveau pouvoir en place, ce qui n’exclut pas des facteurs spécifiques à la province de la Kossi.
Dimanche 17 avril 2016 à Nouna, il est 10h. En temps normal, c’est le moment où le marché bat son plein. Entre les différentes allées, difficile de se frayer un passage. Mais aujourd’hui, le constat est tout autre.
Devant ses étales de pagnes, de chaussures et autres, Ousmane Sidibé est déjà pris par le sommeil. Et lorsque nous le réveillons, la joie se lit dans ses yeux. La joie d’avoir enfin son premier client, mais hélas nous n’en sommes pas un. Ousmane accepte cependant de se prêter à nos questions.
Il explique que cette année est exceptionnelle pour son commerce d’où il tire sa principale revenue. « Le marché n’existe pas. Je passe parfois des journées ici sans même vendre un seul article. Je suis obligé de baisser les prix mais malgré tout, il n’y a pas d’achats », se plaint-il tout en regrettant l’époque où c’était la grande affluence devant son commerce, surtout les dimanches.
Plus loin, assise devant sa boutique de condiments et autres produits cosmétiques, Adjiratou Soumtoura attend désespérément des clients. «Je ne sais pas la cause de cette situation, mais je pense que les gens n’ont pas d’argent, c’est pour cela qu’ils ne viennent plus au marché », analyse-t-elle.
Salif Sanogo, un autre commerçant de vêtements au grand marché de Nouna a vu sa recette journalière chuter de 50 000 f CFA à 5000 FCFA entre fin 2014 et début 2016. La situation n’est pas meilleure chez Issiaka Diarra. «Nos clients sont de plus en plus rares alors que nous payons les droits de marché, les patentes et les impôts. Si ça continue ainsi, nous serons obligés d’abandonner le commerce et nous reconvertir dans l’agriculture », craint-il.
A la question de savoir la cause de cette situation, Issiaka pense comme bien d’autres que c’est l’arrivée du nouveau régime. « Depuis que le nouveau président est arrivé, ça ne marche plus », dit-il sans d’autres explications.
D’autres facteurs
Même si le contexte politique y est pour quelque chose, Bakary Sanon, expert en économie de commerce à la retraite explique que des facteurs spécifiques à la province de la Kossi ne sont pas à écarter.
« La crise politique qu’a connue le Burkina a fait fuir les investisseurs qui ont peur de revenir de si tôt », dit-il.
« Le deuxième facteur, continue-t-il, est que d’une manière générale, nous sommes en fin de période de traite ce qui provoque moins d’achat.
Et enfin, le 3e facteur qui est spécifique à la zone de Nouna. C’est que de nombreux producteurs se sont beaucoup investis dans le sésame qui n’a pas bien produit l’année dernière.
Ce qui fait que n’ayant pas eu de rotation d’achat, cela réduit de façon massive ce qu’on appelle la répartition des revenus, à savoir que lorsque qu’une personne gagne un revenu, elle est obligée de faire des paiements à une autre personne qui fera de même. Ce qui fait une masse monétaire qui circule ».
En tous les cas, les commerçants du grand marché de Nouna souhaitent qu’une solution soit trouvée afin de redresser leur secteur d’activité, l’un des grands piliers de l’économie burkinabè.
Boureima Badini La Ruche
Correspondant de Burkina24 à Nouna
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