Bénin : changement climatique : Les thermomètres explosent, la panique gagne les rangs
31 voir 39 degrés à l’ombre ! Ce sont les températures enregistrées hier au Bénin. De Cotonou à Malanville en passant par Allada, Bohicon, Parakou, Kandi, Banikoara…pour ne citer que ces villes-là, le mercure est monté dans tous les thermomètres, jetant une grande panique au sein de la population, surtout par ces temps de délestage.
Le phénomène dure déjà plusieurs semaines et rend anxieux les paysans qui ont déjà apprêté leurs champs pour la culture du maïs et autre produits de subsistance. Dans les grandes villes, ce n’est pas non plus la joie. Dormir (en journée comme la nuit) est un calvaire surtout pas ces temps de délestage sauvage.
A en croire certains spécialistes, la situation pourrait durer longtemps encore. Une alerte donnée hier lundi 25 avril 2016 par les réseaux sociaux vient confirmer d’ailleurs l’avertissement des spécialistes des questions climatiques. Selon cette alerte, « Avec la vague de chaleur que connaît actuellement le continent africain, la température va augmenter jusqu’à 40° ». Ce phénomène qui n’est pas nouveau, poursuit l’alerte serait dû à la position du soleil par rapport à l’équateur, la ligne de marque entre l’hémisphère Nord l’hémisphère Sud du globe terrestre. Déjà, le mois de mars 2016 avait été identifié par des météorologues comme le mois le plus chaud jamais enregistré. Selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique qui fait des relevés de température depuis 1880, « La température moyenne mondiale à la surface de la planète en mars 2016 a été la plus élevée pour un mois de mars dans les annales des statistiques sur la température mondiale … ». Avec cet enfer vécu au mois de mars, beaucoup avaient cru que le mois d’avril serait clément. Erreur ! Le réchauffement se poursuit sur la planète terre et se fait ressentir au Bénin, petit pays de l’Afrique occidentale coincé entre le Nigéria et le Togo et menacé par l’océan Atlantique qui avance à grands pas.
Ils payent pour leurs péchés
« Normalement, nous sommes en saison des pluies… Et pourtant il ne pleut pas. Si le système climatique n’était pas déréglé par le fait des hommes qui surexploitent la planète terre, on devrait avoir de façon régulière la pluie. Mais hélas ! Les gaz à effet de serre ont perforé la couche d’ozone qui nous protège des rayons ultras violets ». Ce sont là les raisons évoquées par notre confrère Didier Madafimè, spécialiste des questions environnementales à la Radio nationale du Bénin (Ortb) pour justifier cette augmentation disproportionnée de la température. « Ceux qui banalisent le climat en auront pour leur compte… », a-t-il averti par ailleurs.
Pour M. Madafimè, « le cas du Bénin en matière de montée exponentielle des températures ne peut pas être isolé des nombreux comportements déviants (la déforestation en premier) qu’affichent les Béninois vis-à-vis de leur cadre de vie et de la planète terre ».
Au Bénin en effet, la déforestation est un phénomène qui va grandissant, plombant ainsi les gros efforts qui ont été faits jusque-là par les bailleurs de fonds. Selon un rapport international rendu public en 2009 par World Resources Institute et Greenpeace, le Bénin a été classé 4è des Nations à fort taux de déforestation. Le rapport mentionne que 31 % du couvert végétal du Bénin ont été détruits.
La tendance n’est malheureusement pas encore à la baisse. Dans le Nord-Bénin par exemple, la pénurie en bois est un fait. Des opérateurs économiques en complicité avec des agents et hauts cadres des eaux forêts ont vandalisé les forêts. Leurs gros clients viennent de la Chine. Des grumes entières chargées dans des containers prennent régulièrement la route de la Chine via le Port autonome de Cotonou. A ce drame écologique s’ajoute l’abattage précoce de certaines essences forestières pour faire du charbon de bois. C’est le cas dans les communes de Djidja, de Zogbodomey, de Toffo et de Kétou, pour ne citer que ces communes-là. Outre les forêts ordinaires, certaines forêts classées voire sacrées sont prises d’assaut.
Malheureusement, l’ambitieux projet «10 millions d’arbres, 10 millions d’âmes » initié par le Président Boni Yayi a déjà montré ses limites après seulement moins de deux ans de vie. Plusieurs autres projets initiés par le gouvernement et soutenus par les bailleurs de fonds dans le cadre du reboisement de nos forêts et galeries n’ont pas comblé les attentes.
Dans les grandes villes du Bénin, les niches écologiques n’existent pas sauf à Porto-Novo où le Jardin des plantes et de la Nature (JPN) géré par l’Ecole du Patrimoine africain (Epa) sauve l’honneur.
Le constat est bien triste. Et c’est d’ailleurs ne pouvant pas laisser perdurer l’hécatombe que le gouvernement du Président Patrice Talon a décidé de prendre ses responsabilités. Le ministre en charge du cadre de vie a été en effet instruit au cours du conseil des ministres du 11 avril 2016 aux fins de prendre des mesures conservatoires contre l’exploitation des forêts et l’attribution des agréments d’exploitation. Où en sommes-nous dans le respect de ces instructions ? Bien malin qui pourra répondre à cette question. En attendant, continuons par nous soumettre aux vicissitudes des changements climatiques jusqu’au jour où on prendra véritablement conscience.
Affissou Anonrin
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