Polémique diplomatique

Publié le mardi 29 mars 2016

Le Président élu non encore investi de la présidentielle du 20 mars 2016, M. Patrice Talon s’est rendu en visite es qualité au Togo chez le Président, Faure Gnassingbé. La visite a vite pris l’allure d’une séance de travail officielle. La fuite médiatique organisée laisse libre cours aux commentaires. La question centrale est de savoir si le Président élu et non investi peut-il entamer un ballet diplomatique pendant la période de transition avant son investiture.

La préoccupation soulève deux notions de droit à savoir « le Président élu » et le Président investi. La notion de « Président élu » est utilisée pour désigner  le vainqueur de l’élection présidentielle qui n’a pas encore pris ses fonctions.  C’est au pays de l’oncle Sam que l’usage de cette notion est consacré. L’expression est également utilisée dans la vie politique française, mais de façon beaucoup plus rare, car la période de transition entre l’élection d’un nouveau président de la République et son entrée en fonction est beaucoup plus courte – environ une dizaine de jours.  Le  Président investi, habite déjà la fonction du fait de son serment devant la juridiction compétente. Il peut donc de ce fait, représenter son pays au-delà de ses frontières. C’est un rituel sacramental de droit qui confère au Président élu, l’Autorité du pouvoir incarné. C’est d’ailleurs, ayant perçu la force de ce cérémonial que les us et coutumes en France, établissent le lubrifiant de passage de pouvoir dans ce qu’on appelle « l’élégance républicaine ». C’est ainsi que  François Hollande, élu le dimanche 6 mai 2012 et investi le mardi 15 mai, a été invité par le président sortant Nicolas Sarkozy, alors toujours en fonction, à participer à ses côtés aux cérémonies du 8 mai 2012 en qualité de président élu.

Dans le cas d’espèce, M. Patrice Talon, Président élu et non investi s’est rendu  au Togo, sans un officiel du Ministère des Affaires Etrangères. L’image de la visite officielle du Président élu qui circule à travers le monde pose trois interrogations.

  1. Pendant la période transitoire qui court de la date de proclamation à la date d’investiture du Président élu, le 06 avril 2016, le chef de la diplomatie demeure le Président en exercice. Aucune politique extérieure ne saurait être discutée -officiellement-  pendant cette période en son absence.
  2. Les chancelleries du Bénin et du Togo ont-elles échangé sur la question ? Maintenant, trêve de polémique ! Parenthèses clauses. L’essentiel est à venir.

En somme, la querelle diplomatique  est à dégonfler. Pour y parvenir, le Président de la République devra habiter la fonction présidentielle  au regard du bloc de constitutionnalité du pays.

Herbert-Tauyé HOUNGNIBO

 


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