Après la victoire de Talon : Simon Sovissi propose des réformes politiques urgentes attendues par le peuple
Après 25 années d’expériences de démocratie politique, le peuple béninois a compris les limites des textes qui régissent leur vie politique. Le code électoral mérite d’être relu afin de résoudre un certain nombre de problèmes qu’il soulève. Ainsi, l’enseignant du secondaire monsieur Sovissi Simon fait 07 propositions pour la bonne marche de la démocratie béninoise.
1- L’échelonnement des élections constitue un problème épineux qu’il nous faut solutionner pour laisser davantage de temps au travail productif. Ces échéances électorales mobilisent toutes les couches sociales ainsi que d’énormes moyens matériels et financiers de l’État et de tous les acteurs surtout politiques. Dès avril 2016, le Président élu doit ramener la durée de tous les mandats à 5 ans. Fixer toutes les échéances des mandats en cours (les mandats locaux, municipaux, communaux, législatifs et présidentiels) en 2021. Toutes les élections se tiendront le même jour.
- La balkanisation politique du pays. Les 24 circonscriptions électorales aux élections législatives ont abouti à une trop grande division politique du pays et sous-tendent la flopée de partis politiques. Il faudra les transformer en une seule circonscription électorale nationale. L’intérêt d’une telle réforme est d’inciter la classe politique à de grands regroupements politiques. Les partis politiques devront soumettre une liste nationale de tous les sièges à pourvoir à l’Assemblée Nationale. Un minimum de score comme aux locales (10% des suffrages exprimés) sera exigé pour participer à l’attribution de sièges aux listes en compétition. Une telle réforme aura pour conséquence, la présence de moins de 10 partis représentés à l’Assemblée.
- L’exclusion des béninois de l’étranger du débat politique national. Pour remédier à cette insuffisance, il faut créer 2 circonscriptions électorales pour les béninois de l’étranger. Une pour ceux de l’Afrique et une pour ceux du reste du monde : Europe, Amérique Asie et Océanie. Ces nouvelles circonscriptions électorales permettront aux béninois de l’étranger de contribuer utilement au débat politique national.
Cette réforme pourrait induire une augmentation du nombre de sièges à l’Assemblée Nationale.
- Le grand nombre de candidats aux élections présidentielles. Les candidats présidents de la république devront être présentés par un parti représenté à l’Assemblée Nationale. Cette mesure permettra de réduire considérablement le nombre de candidats à la magistrature suprême.
- L’absence de règles pour le financement public des partis politiques. Avec la maîtrise du nombre de partis politiques un financement public aux partis pourra être mis en place. Il sera au prorata du nombre d’élus obtenu par chaque parti selon le type de mandat. On distinguera trois types de mandats :
mandats locaux (conseillers de village et de quartier de ville) ;
les mandats communaux et municipaux (les conseillers communaux et municipaux) ;
mandats nationaux (Députés à l’Assemblée Nationale, Président de la République)
- L’absence de débat contradictoire obligatoire dans le processus électoral. Le code électoral n’impose pas aux candidats de disposer d’un projet de société ; moins encore, de le rendre publique. L’absence d’une telle procédure a conduit à une trop grande influence, de l’argent dans la vie politique. Vu le succès enregistré par le premier débat contradictoire entre les candidats au second tour des présidentielles de 2016 de notre histoire politique, ce débat contradictoire mérite d’être élargi à tout candidat à un mandat exécutif. Les candidats Maires ainsi que les Chefs de village et de quartier de ville devront donc être soumis au même exercice.
- L’exclusion du peuple dans le choix de ses dirigeants au niveau décentralisé. Lors des élections locales, communales et municipales, le peuple vote sans connaître le candidat Maire ou Chef de village/quartier de ville. Pour un parallélisme de forme entre les pouvoirs exécutifs, il faudra élire le Maire ou le Chef de village avec leurs conseils et non les conseils qui les élisent en leur sein.
D’autres réformes indispensables mais qui nécessitent la révision de la constitution devront être engagés avant la fin de l’année. Il s’agit de celles relatives à la constitutionnalité de l’opposition et un meilleur encadrement du pouvoir du Chef de l’État voire la limitation à un mandat présidentiel.
Ces réformes constitueront des boucliers durables pour notre système et pour notre pays. Les béninois y croient et sont impatients. Le chef de l’État s’il le faisait, inscrirait ainsi son nom dans les pages glorieuses de l’histoire de notre pays, de l’Afrique voire de l’humanité.
Bienvenu Ehou (Mono Couffo )
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