Présidentielle du 28 février 2016 : Halte à ces alliés d’hier qui veulent embraser le Bénin !

Publié le lundi 4 janvier 2016

La tension monte. C’est désormais la lune de fiel entre Rachidi Gbadamassi, député Fcbe à l’Assemblée Nationale et Boni Yayi, Président de la République du Bénin. Au cœur de la guéguerre, le choix de Lionel Zinsou pour la présidentielle du 28 février 2016. Par communiqués et déclarations croisés, ces alliés politiques d’hier et ennemis d’aujourd’hui veulent mettre le feu à la Nation béninoise. La menace est très sérieuse.

Tout a commencé par une déclaration faite par l’honorable Gbadamassi le samedi 2 janvier 2016 à Pèrèrè. Dans ses propos, le député de la 8è circonscription électorale a contesté ouvertement la candidature de Lionel Zinsou, porte étendard des Forces cauris pour un Bénin émergent à la présidentielle du 28 février 2016. « … Pour la paix sociale et pour la sécurité de nos frontières, nous ne devons pas voter pour le candidat Zinsou car Zinsou, Président de la République du Bénin est une menace pour la sécurité, la paix sociale. Nous ne serons pas en sécurité. C’est la mauvaise gestion politique sur le plan internationale qui fait qu’il y a partout des attentats… », a déclaré Rachidi Gbadamassi qui a par ailleurs mis en garde ses alliés des Forces cauris pour un Bénin émergent contre toute intimidation de sa base politique.

Répliquant à ces propos du député, le Gouvernement par l’entremise de son Secrétaire général a rendu public un communiqué de presse. Dans ce communiqué (lire l’intégralité ci-dessous), le Gouvernement a de façon formelle condamné les déclarations faites par Rachidi Gbadamassi. Pour M. Alassani Tigri, Secrétaire général du Gouvernement, « les propos de l’honorable Gbadamassi illustrent cette bassesse d’esprit et n’honorent guère notre peuple au sein duquel ils sèment la psychose de l’insécurité dans notre pays pourtant réputé pour sa paix légendaire ». « Rien et pas même l’appât financier ne saurait justifier ces propos indignes », estime le Gouvernement.

On n’allait pas crier au scandale si le Gouvernement dans sa réplique s’arrêtait à ces observations-là. Mais non content d’avoir volontairement amplifié les propos de l’honorable Gbadamassi, le Gouvernement du Dr Boni Yayi a de façon ouverte proféré des menaces à tous les Béninois qui tiennent des propos similaires à ceux tenus par le député de la 8è circonscription électorale. Il sera appliqué à ces Béninois, a dit le Gouvernement, la rigueur de la loi. Voilà qui vient donc jeter de l’huile sur le feu.

 L’urgence d’unsapeur pompier

 La situation malheureusement ne semble émouvoir personne. Mis à part l’honorable Lazare Sèhouéto qui de façon courageuse à mis à nu la maladresse du Gouvernement (lire ci-dessous ses conseils à Yayi et à Lionel Zinsou), personne n’a osé hausser le ton pour demander que s’arrête cette passe d’arme entre le Président Boni Yayi et le député Rachidi Gbadamassi. Tout le monde attend et regarde en spectateur joyeux cette guerre de tranchée que se livrent des alliés politiques d’hier.

Dans cette affaire, la faute n’incombe pas à Gbadamassi, mais à Boni Yayi. Qui a fabriqué Gbadamassi ? Qui a fait de lui ce qu’il est ? C’est bien le Chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi. Lorsqu’on invite dans sa cour un joueur de tam-tam, on ne doit pas se plaindre du bruit que fait son tambour. Rachidi Gbadamassi l’a dit. Il est un homme du système et il connait comment le système fonctionne. Il a même poussé loin son courage en mettant en garde ceux qui oseront s’en prendre à lui et à ses militants. Cela veut dire beaucoup de choses. Le pire est en tout cas à craindre. Rachidi Gbadamassi qui a désormais le dos au mur et le soutien de sa base ne fera pas de cadeau à ses alliés d’hier. Il va pousser loin le bouchon. Il sera intraitable, annoncent déjà des gens proches de son entourage. « Si Yayi bat ouvertement campagne avec les moyens de l’Etat pour le candidat Lionel Zinsou, nous allons dire plus que Candide Azannaï a dit en 2015 », menace-t-on déjà dans l’entourage du député de la 8è circonscription électorale.

A l’allure où vont donc les choses, on ne doit pas laisser Rachidi Gbadamassi et Boni Yayi brûler le Bénin. On doit tout de suite les arrêter dans leur élan. La balle est donc dans le camp des institutions de la République chargées de faire respecter les règles démocratiques en vigueur dans notre pays. Elles ne doivent pas se dérober. Elles doivent prendre leur responsabilité. Car ce n’est pas pour la première fois que le Bénin organise une élection présidentielle. Les autorités morales et la société civile ne doivent pas non plus se dérober. On sait quand ça commence, mais jamais quand ça fini.

Communiqué du Gouvernement

Notre pays le Bénin devra conformément aux dispositions constitutionnelles et au Code électoral procéder le 28 février 2016 à l’élection présidentielle, consacrant ainsi l’alternance au sommet de l’Etat à l’instar des démocraties modernes.

Le Président de la République, les présidents des institutions de la République et bon nombre de nos concitoyens ont émis le vœu que cette consultation électorale soit un moment de liesse populaire où notre Peuple fera son choix entre ses filles et fils candidats à la magistrature. Il s’agit là d’un pacte républicain conclu par le Peuple béninois et la classe politique responsable pour préserver la paix et la stabilité de notre patrie commune le Bénin.

Malheureusement, depuis un moment et particulièrement aujourd’hui, certains politiciens s’inscrivent contre ce consensus par des propos irresponsables et de surcroit frisant le racisme et l’exclusion. Ainsi des propos injurieux sont tenus contre une personnalité à laquelle on tente de dénier la nationalité béninoise. Sa candidature serait de nature à susciter la colère de Boko Haram contre notre pays.

D’autres propos présentent la candidature de cette personnalité comme étant un projet de recolonisation de notre pays. Enfin, sommet de la bêtise humaine, la couleur de sa peau la disqualifierait dans la course à la présidentielle.

Les propos de l’honorable GBADAMASSI illustrent cette bassesse d’esprit et n’honorent guère notre Peuple au sein duquel ils sèment la psychose de l’insécurité dans notre pays pourtant réputé pour sa paix légendaire. Rien et pas même l’appât financier ne saurait justifier ces propos indignes.

Ces propos font honte à notre Peuple connu de par le monde et l’histoire pour son ouverture d’esprit et sa tolérance légendaire. De telles affirmations sont contraires à la démocratie et aux droits de l’homme. Elles sont de nature à susciter la haine contre notre pays et à le jeter en pâture à la colère terroriste.

Ces propos veulent de toute évidence opposer le Bénin à la France avec laquelle notre pays et son Peuple entretiennent des relations de coopération harmonieuse. Ils ont eu pour effet l’interpellation de notre Chancellerie à Paris pour des précisions en raison de leur caractère profondément irresponsable.

Ces assertions sont inadmissibles et n’éduquent en rien notre Peuple. Elles sont inqualifiables parce qu’elles font appellent aux bas instincts de la haine, du racisme, de la peur et de l’intolérance.

Notre compatriote indexé par ces propos est un citoyen béninois à part entière. Il est franco béninois à l’instar de bon nombre de nos concitoyens et dont certains ont assumé des responsabilités au plus niveau de l’Etat sans démériter, tels que les Présidents Hubert MAGA, Nicéphore SOGLO, Dossou Robert, etc. Aucune loi de la République ne l’exclut de la course à la présidence.

Dans ces conditions, le gouvernement en appelle à une campagne électorale civilisée, digne de notre histoire et de notre démocratie visant à choisir l’homme et le meilleur projet de société à même de préserver la paix, la cohésion nationale et d’assurer le développement de notre pays.

En tout état de cause, les compatriotes qui tiennent ces propos empreints de racisme, de haine, d’intolérance et de peur sortent de toute évidence du projet démocratique de la Conférence Nationale des Forces Vives de février 1990 et s’exposent aux rigueurs des lois de la République.

 Fait à Cotonou, le 03 janvier 2016

 Alassani Tigri

Le Secrétaire Général du Gouvernement

Les Conseils de Sèhouéto à Yayi et à Zinsou

Mr le Président de la République, Mr le Premier Ministre !

Quand un citoyen, fût-il député, tient des propos que par soi-même, on juge irresponsables, on ne les amplifie pas, à travers un communiqué officiel. Quand un citoyen tient des propos attentatoires à la loi et à la morale et sont d’une gravité exceptionnelle, on confie le cas au Procureur de la République et la Justice s’en occupe et tranche. Quand on constate qu’un malade a une température élevée, ce n’est pas en brisant le thermomètre qu’on baisse la fièvre. Notre maladie ici, c’est que les citoyens sont inquiets par rapport à Boko-Haram. Ce ne sont pas les propos de Gbadamassi qui ont produit l’inquiétude. Elle existait. Au-delà de la candidature ou de l’élection d’un Lionel Zinsou. Dites nous ce que vous faites, – le cadre institutionnel existe pour donner les informations les plus ‘’secrètes’’ -, quelles dispositions vous prenez et qui pourraient nous rassurer. La France informe régulièrement ses citoyens vivant au Bénin de la situation sécuritaire relative à Boko-Haram. Qui s’occupe des béninois vivant au Bénin ? Occupez-vous des citoyens et non de Gbadamassi que vous avez formaté à votre goût, les dix dernières années. Occupez-vous de nous, s’il vous plait, Messieurs, nous sommes inquiets !!!

Lazare Sèhouéto,

Ancien député de l’opposition

Réalisé par Affissou Anonrin


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